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L'Académie du Rhône s'attend à une rentrée sans "difficulté", inquiétude du côté des professeurs

Métier qui ne fait plus rêver, pénurie de professeurs... À moins de 24 heures de la rentrée des classes ce 1er septembre, la situation est déjà tendue au sein de l'Éducation nationale, qui estime pourtant qu'aucune difficulté n'est à prévoir dans le Rhône.

Titulariser des professeurs contractuels. C'est la solution proposée par le gouvernement pour répondre à la pénurie d'enseignants à laquelle vont probablement devoir faire face certains élèves français pour cette nouvelle année scolaire qui va débuter ce jeudi 1er septembre.

Une mesure d'urgence mal accueillie du côté des enseignants titulaires qui dénoncent une formation express. "On se dit qu'ils vont arriver devant nos élèves en éducation prioritaire, donc des élèves qui sont un peu turbulents et difficiles à gérer et sans aucune formation, sans aucune préparation", estime Amiel Gerin, professeur d'histoire-géographie au collège Les Iris de Villeurbanne sur BFM Lyon.

"On craint que ces personnels-là ne restent pas et que l'on se retrouve avec ce qu'il s'est passé ces dernières années. C'est-à-dire des contractuels qui viennent et qui, au bout de deux, trois semaines, abandonnent parce qu'ils n'en peuvent plus, à raison, et ne sont pas remplacés. Ou alors sont remplacés par d'autres contractuels qui a leur tour démissionnent très rapidement", s'alarme le professeur.

Un métier qui ne fait plus rêver

Au-delà de l'inquiétude pour leurs élèves, certains professeurs regrettent une forme de "mépris" pour leur travail avec ces formations en accéléré de professeurs contractuels. "Ça donne le sentiment qu'on peut faire ce métier, qui est difficile et qui a nécessité des années de formation, avec seulement deux journées de formation", s'indigne Amiel Gerin au micro de BFM Lyon.

Du côté des professeurs, ils sont plusieurs à penser que leur métier n'attire plus. Depuis 10 ans, le nombre de candidats aux concours de l'enseignement ne cesse de baisser. Cette année plus de 4000 postes n'ont pas été pourvus aux concours enseignants. "Régulièrement il y avait des élèves qui voulaient être enseignants et ce n'est plus du tout le cas", observe Céline Portejoie, professeure d'anglais au lycée Saint-Just du 5ème arrondissement de Lyon.

"Quand on est dans une classe à plus de 30 élèves depuis la maternelle et jusqu'à 36 en terminale, forcément ce n'est plus très inspirant pour les futures générations", s'inquiète la professeure au micro de BFM Lyon.

Elle poursuit: "Ce n'est plus un métier qui fait rêver ou qui fait envie. Il y a les questions salariales mais il y a aussi les conditions d'encadrement ou d'enseignement que les élèves vivent au jour le jour".

La pénurie de professeurs ne serait pourtant pas un problème pour l'académie du Rhône et toutes les classes devraient avoir leurs enseignants selon le ministère de l'Education nationale.

"Nous avons des étudiants stagiaires, 190 sont des stagiaires à mi-temps, 120 seront des stagiaires à temps plein. On aura aussi des étudiants en master de l'Inspe (Institut national supérieur du professorat et de l'éducation, ndlr) qui ont accepté un contrat de travail pour travailler un tiers de leur temps en responsabilité de classe", explique Philippe Carrière, le directeur académique des services de l'Education nationale du Rhône.

"Les concours de l'Education nationale ont donné leur plein rendement dans le premier degré pour le département du Rhône, donc pour la ville de Lyon", annonce ce dernier au micro de BFM Lyon.

Le directeur académique des services de l'Education nationale ajoute également que 120 profs contractuels, recrutés l'année dernière au moment du Covid, ont reçu une proposition pour "prolonger leur contrat de travail". Ainsi, avec ces renforts en plus des enseignants titulaires, on l'assure du côté du ministère: "nous n'aurons pas de difficulté" dans l'académie du Rhône.

Des jobs dating

Au niveau nationale, le manque d'enseignants se fait pourtant déjà ressentir pour cette rentrée scolaire. A tel point que les services du ministère ont organisé des sessions de "jobs dating" au mois de juin dernier afin de recruter des professeurs, dans le premier comme dans le second degré.

L'une des journalistes de BFMTV.com a également été recrutée pour devenir professeure des écoles à la rentrée après seulement 30 minutes d'entretiens, sans jamais avoir été face à une classe de sa vie.

Le syndicat enseignant SNES-FSU a lancé un appel à la grêve le 29 septembre avec pour principale revendication, la question des salaires. La semaine dernière, Emmanuel Macron a promis que la revalorisation des salaires des enseignants serait "poursuivie" afin qu'aucun d'entre eux ne débute sa carrière "à moins de 2000 euros nets" par mois.

Marine Mulcey et Clémence Delarbre avec Alixan Lavorel