Manque de professeurs: l'académie de Versailles organise un job dating pour recruter des contractuels

L'académie de Versailles recrute cette semaine des contractuels en proposant des entretiens de 30 minutes à des candidats qui n'ont pas forcément les diplômes requis.

Y aura-t-il un professeur dans chaque classe à la rentrée de septembre? Dans le milieu de l'éducation nationale, les inquiétudes sont réelles car d'année en année, le nombre de professeurs du premier et du second degré diminue.

L'académie de Versailles fait partie des secteurs les plus touchés par le manque de professeurs. Cette année, seulement 484 candidats ont été admissibles pour les oraux sur 1430 postes à pourvoir à Versailles. Au sein de l'académie, les contractuels représentent actuellement déjà 20% des effectifs, selon les chiffres du syndicat FSU 92.

Des profils variés

Face à ce manque d'enseignants à Versailles, l'académie a décidé de se mettre en lien avec Pôle Emploi pour organiser des sessions de "job dating" afin de trouver de nouveaux contractuels.

Chaque candidat doit passer un entretien d'embauche en trente minutes, avec pour seul pré-requis la validation d'un bac +3 au minimum. Les profils des potentiels futurs enseignants sont donc variés.

"Après 33 ans de boulot dans la pub, j'en ai fait le tour. J'ai fait des expériences en école primaire et ça m'a bien plu", explique à BFMTV Eric, un graphiste qui veut désormais devenir professeur d'arts plastiques.

"J'ai eu une très belle carrière dans le marketing et la finance, mais la quarantaine passée, j'ai besoin de donner du sens à ma vie", indique de son côté Audrey, qui est prête à gagner moins chaque mois pour devenir professeure des écoles.

"Un cataplasme sur une jambe de bois"

Avant la rentrée et les premiers cours, s'ils sont acceptés par le rectorat, ces candidats, sans formation en lien avec le monde de l'éducation, bénéficieront d'une semaine de formation. Ils seront également suivis tout au long de l'année par un système de tutorat.

Ce système de recrutement est toutefois loin de faire l'unanimité parmi les syndicats de professeurs. La FSU 92 a notamment dénoncé cette méthode rappelant qu'enseigner est "un métier qui s'apprend".

"C’est avec ce type de solution marketing que l’Éducation nationale compte résoudre la catastrophe qui s’annonce pour la rentrée prochaine (...) Cette situation dégrade la qualité de l'enseignement et met en souffrance les personnels recrutés", dénonce dans un communiqué, la FSU 92 qui s'oppose à "la précarisation des enseignants."

"Ce job dating n’est qu’un cataplasme collé sur une jambe de bois!" lance le syndicat, qui appelle à dégeler le point d'indice et à revaloriser les grilles indiciaires pour assurer aux personnels de l'éducation nationale une meilleure rémunération.

Sur Twitter, Marian Petitfils, enseignant et secrétaire départemental SNES-FSU 92 a partagé la photo d'un tableau d'affichage d'une salle de professeurs. Sur celui-ci, on peut voir, collé sur le prospectus de promotion de la session de job-dating, un autre papier avec ce message: "il est maintenant possible de devenir prof en 30 minutes, honteux".

Pour la FSU 92, la solution pour mettre fin aux problèmes de recrutement ne se trouve pas dans l'organisation de job-dating. Elle appelle le gouvernement à s'attaquer "aux réelles causes" de cette crise et à faire en sorte que leur métier redevienne attractif.

En attendant, une nouvelle opération de job-dating pour enseignants est prévue en Ile-de-France vendredi, cette fois à Nanterre dans les Hauts-de-Seine.

Laure Champion et Véronique Fèvre avec Ariel Guez et Gauthier Hartmann