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Syrie: la France, seul allié des Etats-Unis?

François Hollande et Barack Obama en mai 2012.

François Hollande et Barack Obama en mai 2012. - -

Au lendemain du rejet de la participation britannique à une intervention en Syrie par la Chambre des communes, les Etats-Unis apparaissent de plus en plus isolés sur le dossier syrien. Au point de se retrouver presque seuls à agir?

Malgré le revers britannique, Washington reste toujours aussi déterminé. Dans une allocution, ce vendredi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a réaffirmé que les Etats-Unis sont prêts à mener une action ciblée sans troupes au sol contre la Syrie, à la suite de l'attaque chimique que Bachar al-Assad est accusé d'avoir menée contre l'opposition. Problème: la France apparaît désormais comme le seul véritable allié politique et militaire des Etats-Unis pour cette possible intervention. Se dirige-t-on vers une action bilatérale, voire unilatérale? BFMTV.com fait le point.

> Les Etats-Unis pourraient-ils porter seuls l'intervention?

Militairement, les Etats-Unis peuvent tout à fait mener seuls ce type d'intervention, basée, selon les derniers propos des hauts-responsables américains, sur des frappes ciblées et une action ponctuelle. "Même en cas de coalition, ils porteraient une part écrasante du dispositif militaire", fait valoir Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, interrogé par BFMTV.com.

Seuls le Royaume-Uni et la France sont véritablement en mesure de contribuer aux opérations militaires telles qu'elles sont imaginées à l'heure actuelle, impliquant des tirs de missiles de croisière. Le retrait britannique est donc lourd de conséquences sur le plan militaire, mais aussi sur le plan politique, le Royaume-Uni siégeant au Conseil de sécurité de l'ONU.

> Parvenir à former une coalition

Selon Camille Grand, Barack Obama met un point d'honneur à éviter de donner l'impression d'une action unilatérale, afin de ne pas porter seul la responsabilité des frappes et pour se détacher des précédents de l'époque George W. Bush. Pour ce faire, le président américain tente de démontrer la légitimité des opérations à travers un bon dossier de preuves sur la question des armes chimiques. John Kerry y a d'ailleurs largement participé ce vendredi, en affirmant qu'il est "hautement improbable" que les rebelles aient commis l'attaque du 21 août.

Un discours qui, à défaut d'élargir de façon conséquente la coalition militaire, pourrait permettre d'agrandir la coalition politique, via le soutien de pays arabes, occidentaux, qui sans s'engager, font savoir qu'ils estiment que l'opération est légitime et opportune. Le secrétaire d'Etat américain a ainsi indiqué vendredi que la Ligue arabe (dont le Qatar et l'Arabie Saoudite, très engagés sur le dossier syrien, font partie) et l'Australie seraient alliées, avec la France, d'une possible action. "Rassembler le plus grand nombre de pays possible est véritablement l'enjeux des prochaines heures", souligne Camille Grand. Selon l'expert, on peut ainsi imaginer que la Turquie, militairement très puissante, joue un rôle en ouvrant ses bases aériennes à des bâtiments français ou américains.

> Quel degré d'implication pour la France?

Car malgré le revirement britannique et l'absence des Canadiens et des Allemands, Washington pourra, de toute évidence, compter sur un soutien militaire français. Dans une interview au Monde, ce vendredi, François Hollande a redit sa volonté d'"une action proportionnée et ferme contre le régime de Damas", précisant que le revirement des Britanniques ne changeait pas la position de Paris. "La France est tout à fait en mesure de participer aux frappes puisqu'elle dispose d'avions Rafale, qui peuvent tirer des missiles de croisière, mais aussi du missile SCALP, adapté à ce type de distance", rappelle Camille Grand.

Quant à savoir quel sera le degré de cette implication militaire, le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique estime que le rôle de la France est encore à déterminer. "En fonction de l'ampleur des opérations américaines, la contribution française apparaîtra soit de deuxième rang, soit très faible", précise ainsi Camille Grand. "Il y a deux hypothèses. Si les frappes visent quelques dizaines de sites liés au programme chimique, la France pourrait participer à certaines d'entre elles. Mais si les Etats-Unis choisissent de prolonger l'intervention de quelques jours et de lancer plus de missiles, la contribution française apparaîtra comme plus modeste par comparaison".

Adrienne Sigel