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Afghanistan

Afghanistan: l'ONU demande à mettre fin aux "restrictions inimaginables" imposées aux femmes

Des étudiantes afghanes devant le personnel de sécurité d'une université à Kaboul, le 21 décembre 2022

Des étudiantes afghanes devant le personnel de sécurité d'une université à Kaboul, le 21 décembre 2022 - Wakil Kohsar-AFP

Après la suspension de l'accès aux universités pour les femmes, les talibans leur ont interdit, ce week-end, de travailler dans des ONG. Des privations de liberté que condamne la communauté internationale.

Le Haut-Commissaire des droits de l'homme de l'ONU Volker Türk a enjoint mardi aux talibans au pouvoir en Afghanistan de lever les "restrictions inimaginables" imposées aux femmes, mettant en garde contre des "conséquences terribles" pour "tout le peuple afghan".

De leur côté, au siège des Nations unies à New York, les 15 membres du Conseil de sécurité se sont déclarés dans un communiqué "profondément alarmés" par la décision du régime afghan de suspendre l'accès des femmes à l'université et de leur interdire de travailler dans des ONG.

"Ces restrictions inimaginables imposées aux femmes et aux filles vont non seulement augmenter les souffrances de tous les Afghans mais, je le crains, poser un risque au-delà des frontières de l'Afghanistan", a écrit Volker Türk dans un communiqué à Genève, où il avertit les talibans: "Aucun pays ne peut se développer - voire survivre - socialement et économiquement si la moitié de sa population est exclue."

Une succession d'interdictions

Les talibans, qui ont pris le pouvoir à Kaboul en août 2021 et dont l'autorité n'est pas reconnue par l'essentiel de la communauté internationale, viennent d'interdire à quelques jours d'intervalle aux femmes et aux filles de poursuivre des études universitaire et de travailler dans des ONG nationales ou internationales.

"Ce dernier décret des autorités de facto aura des conséquences terribles pour les femmes et pour tout le peuple afghan", a souligné le Haut-Commissaire.

"Interdire aux femmes de travailler dans les ONG les privera, elles et leurs familles, de leurs revenus, et de leur droit de contribuer positivement au développement de leur pays et au bien-être de leurs concitoyens", a souligné M. Türk, joignant sa voix à un concert mondial de réprobations.

De très nombreuses ONG dépendent de leurs employées et ne seront pas en mesure de fonctionner sans elles.

Réaction directe des ONG

Lundi, une demi-douzaine d'ONG ont suspendu leurs activités sur place, les talibans ayant menacé de révoquer les autorisations des organisations qui ne respecteraient pas le décret.

"L'interdiction compromettra considérablement, voire détruira, la capacité de ces ONG à fournir les services essentiels dont dépendent tant d'Afghans vulnérables", prédit le chef des droits humains à l'ONU. Plus de la moitié de la population - environ 24 millions de personnes - dépendant d'une manière ou d'une autre de l'aide humanitaire.

De son côté, le Conseil de sécurité a réclamé la réouverture des établissements scolaires et universitaire aux femmes et jugé que l'interdiction qui leur est faite de travailler dans des ONG aura "un impact significatif et immédiat sur les opérations humanitaires dans le pays, y compris pour celles de l'ONU".

T.P. avec AFP