Lampedusa: l'île italienne, porte d'entrée privilégiée des migrants cherchant l'exil en Europe

Des milliers de personnes ont débarqué cette semaine sur l'île de Lampedusa. Située non loin des côtes tunisiennes et libyennes, elle fait figure de chemin privilégié en Méditerranée par les candidats à l'exil.

Un symbole. Lampedusa est confrontée cette semaine à un afflux inhabituel de milliers de migrants en quelques jours, dénoncé comme un "drame humanitaire" par des associations. Pour autant, l'île italienne voit régulièrement des migrants venus d'Afrique du Nord débarquer sur ses terres, faisant d'elle une escale privilégiée par les candidats à l'exil en Europe.

"Pas si exceptionnel que ça"

"Ces arrivées sont continues depuis le mois de janvier et depuis des années. Il ne faut pas du tout imaginer que c'est si exceptionnel que ça", rappelle ce samedi sur BFMTV Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile.

"Quelque part, j'ai le sentiment qu'on découvre un peu des choses qu'en réalité les acteurs de terrain connaissent depuis très longtemps", déplore-t-elle.

"On a parlé d'arrivées record parce qu'il y a eu un effet de concentration sur quelques jours", rappelle-t-elle.

Des chiffres en hausse depuis janvier

De fait, chaque été, ils sont des dizaines de milliers de migrants à tenter de rejoindre l'Europe par la mer. Plus de 127.000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l'année et plus de 2000 d'entre eux ont péri pendant la traversée depuis janvier, selon l'AFP. C'est le double comparé à l'an passé à la même période.

Si les traversées sont nombreuses en Méditerranée, l'île de Lampedusa fait partie des points d'escale privilégiés par les migrants. En cause, sa position géographique particulière à moins de 150 km des côtes tunisiennes et 180 km des côtes libyennes, tout en appartenant à l'Italie.

L'île italienne de Lampedusa est située proche des côtes tunisiennes. © BFMTV

Les unités de gardes-côtes ont mené 1310 opérations durant les six premiers mois de 2023, soit plus de deux fois le nombre (607) recensé en 2022, a précisé jeudi à l'AFP le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Houcem Eddine Jebabli.

Des arrivées depuis des décennies

En réalité, le phénomène est ancien. "L'itinéraire dit 'de la Méditerranée centrale', qui part des côtes libyennes et tunisiennes, dure depuis plus de dix ans", explique sur France Info le président de l'association "France Fraternités" Pierre Henry.

De fait, les images de migrants arrivant par centaines, puis par milliers se sont succédé ces dernières années, au point que l'île est désormais surnommée la "porte de l'Europe".

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Les arrivées régulières de migrants sur l'île débutent vers 1992, avec l'arrivée d'une centaine d'exilés. Le flux augmente ensuite progressivement, avec notamment 20.000 arrivées en 2015, année marquée par un pic d'arrivées en Europe.

L'île de Lampedusa est désormais devenue un hotspot en Europe, l'un des premiers en Italie. Cela signifie qu'elle constitue un lieu désigné par les autorités pour qu'y soient identifiés et enregistrés les migrants arrivant dans l'UE.

Un phénomène pas près de faiblir

Ces derniers mois, les arrivées se font plus nombreuses. Pour la directrice générale de France Terre d'Asile, le phénomène n'est pas près de se tarir, en cause notamment la "crise économique et politique" qui frappe actuellement la Tunisie.

Fabien Gibault, professeur à l’université de Bologne et spécialiste de la politique intérieure italienne, ajoute que "la route de Lampedusa est beaucoup plus sûre et de nombreux migrants la privilégient pour éviter le cimetière qu’est devenue la Méditerranée", dans Le Figaro.

Dimanche, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen est attendue sur l'île, au côté de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.

Juliette Desmonceaux