Afflux massif, transferts, asiles: l'île de Lampedusa à nouveau confrontée au défi de la crise migratoire

Si l'afflux de migrants à Lampedusa a diminué vendredi, l'île italienne est en sous-capacité pour accueillir les milliers de personnes arrivées en seulement quelques heures.

Une île débordée. Des milliers migrants sont arrivés en quelques heures cette semaine sur l'île de Lampedusa en Italie, porte d'entrée en Europe pour de nombreuses populations en provenance d'Afrique. Ce à quoi vient s'ajouter les 560 nouvelles arrivées recensées hier par les autorités italiennes. Un afflux qui diminue, mais qui est bien supérieur aux capacités de prise en charge de l'île: seules 400 places d'hébergement y sont disponibles.

Illustration de cette tragédie humaine: le maire Filippo Mannino a décrété avec le conseil municipal l'état d'urgence. Stefano Montefiori, correspondant en France du Corriere della Sera, a évoqué ce vendredi matin sur BFMTV "une situation assez tragique et imprévue".

"Jusqu'à juin dernier on pensait pouvoir avoir la collaboration avec le gouvernement tunisien", poursuit le journaliste sur notre antenne.

L'Union européenne et la Tunisie ont conclu en juillet dernier un accord de 105 millions d'euros pour aider le pays du Maghreb à davantage contrôler ses frontières. Mais la grave crise économique et financière que traverse le pays fragilise ce partenariat et pousse de plus en plus de Tunisiens à tenter de rejoindre l'Europe.

"Nous les gérons"

Conséquence: les routes migratoires continuent d'être empruntées dont celle qui mène au port de Lampedusa où 7000 personnes ont débarqué en seulement 36 heures, soit autant que la population de l'île.

"C'est à peu près la population de Lampedusa donc c'est une situation ingérable d'un point de vue de l'espace: il n'y a pas assez de places pour les migrants qui arrivent", analyse Stefano Montefiori.

"Les migrants continuent d'arriver, mais nous les gérons", a toutefois assuré vendredi matin aux abords du centre Francesca Basile, responsable des migrations à la Croix-Rouge italienne.

Les secours priorisent la prise en charge des femmes et des enfants avant les hommes. Plusieurs tentes de l'organisation humanitaire ont également été installées pour abriter les migrants du soleil. Des distributions alimentaires - certaines venant même d'habitants de Lampedusa - ont également lieu et des policiers italiens veillent au bon déroulement de celles-ci, tout en prévenant les risques de conflits ethniques.

Urgence de transférer au plus vite les migrants

Des aides qui manqueront à long terme, d'où l'urgence pour les autorités de "désengorger" l'île en transférant les millions de migrants vers des ports italiens davantage aptes à les accueillir dignement. Cette phase là, conjointement menée par la Croix-Rouge italienne et les autorités, a d'ores et déjà commencé.

Les autorités italiennes ont mobilisé d'importants moyens, notamment un patrouilleur de la Marine et des ferrys. Une partie importante, 5000 environ, sont transférés ou en cours de transfert vers la Sicile. Ce vendredi matin, la Croix-Rouge italienne a déclaré que 700 transferts avaient déjà eu lieu et que 2500 autres personnes devraient quitter l'île dans le courant de la journée. Dernière étape avant de rejoindre le continent européen?

Lampedusa : quel avenir pour les migrants ? - 15/09

8:39

"En principe ils sont supposés attendre le résultat de leur demande d'asile", explique sur BFMTV François Gemenne, chercheur spécialiste des migrations, "de facto ce qui va vraisemblablement se passer c'est que le gouvernement italien risque de les laisser aller dans la nature, pour protester contre le fait que depuis des années et des années, il est laissé seul avec lui-même et qu'il n'y a aucune solidarité européenne".

Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV