BFMTV
Italie

Italie: grève à la RAI pour dénoncer des pressions éditoriales du gouvernement de Giorgia Meloni

La tour émettrice de la RAI, à Milan, en Italie, le 3 février 2020

La tour émettrice de la RAI, à Milan, en Italie, le 3 février 2020 - Miguel MEDINA / AFP

Les journalistes du principal groupe public de radio et de télévision en Italie se mettent en grève ce lundi 6 mai pour 24 heures. Ils disent vouloir "défendre l'autonomie et l'indépendance" de la RAI.

Un mouvement d'une ampleur rare. Les journalistes de la radio-télévision publique italienne RAI ont entamé ce lundi 6 mai une grève de 24 heure. Objectif: défendre leur "liberté" face aux "tentatives" de faire de l'antenne "un mégaphone du gouvernement" de la dirigeante d'extrême droite Giorgia Meloni.

"Défendre l'autonomie et l'indépendance" du groupe

Le syndicat Usigrai, majoritaire au sein des quelque 2.000 journalistes du groupe, avait déposé un préavis de grève après avoir accusé la direction de la RAI d'avoir censuré le discours d'un éminent écrivain critiquant Giorgia Meloni à l'approche du Jour de la Libération, le 25 avril.

"Nous faisons grève pour défendre l'autonomie et l'indépendance du service public de la radio-télévision face au contrôle permanent des espaces d'information de la part des politiques", explique-t-il dans un communiqué.

"Nous préférons perdre un ou plusieurs jours de paye que de perdre notre liberté", a ajouté le syndicat en fustigeant "les tentatives de réduire la RAI à un mégaphone du gouvernement".

Ce lundi, la chaîne d'information en continu Rai News 24 diffusait uniquement des programmes enregistrés.

Soutien d'autres syndicats de presse

Financée en partie par une redevance et avec des dirigeants nommés depuis longtemps par des responsables politiques, l'indépendance de la RAI a toujours été un sujet de débat. Mais avec l'arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, les inquiétudes ont redoublé. La grève a reçu le soutien d'autres syndicats de presse.

Le président de la Fédération nationale de la presse italienne (Fnsi), qui les regroupe, Vittorio Di Trapani, a dénoncé un "risque (...) d'une dérive à la hongroise qui réduirait la liberté de la presse et la liberté d'expression".

Le comité de la rédaction du quotidien La Repubblica (centre-gauche) exprime également sa "solidarité" envers "Usigrai et les collègues de la RAI en grève pour revendiquer leurs droits".

La RAI dénonce des "fake news"

En réponse, la direction de la RAI affirme qu'"aucune censure ou bâillon n'a été mis sur l'information", accusant le syndicat de "promouvoir des fake news".

"La grève du syndicat Usigrai, à un mois des élections européennes, en plus d'appauvrir l'offre d'information, expose le service public à des instrumentalisations politiques, privant les citoyens du droit fondamental à l'information, pierre angulaire de la démocratie", ajoute la direction dans un communiqué vidéo.

Un autre syndicat de journalistes de la RAI, l'Unirai récemment créé et ancré à droite, avait déclaré le 25 avril qu'il ne se joindrait pas à ce qu'il a nommé une grève "politique", appelant toutefois à un retour du "pluralisme" au sein de la chaîne.

JD avec AFP