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Attentat de Manchester: récit d’une nuit de cauchemar

Un attentat suicide a visé lundi une salle de concert de Manchester, en Angleterre, où se produisait Ariana Grande. 22 personnes, dont des enfants, ont perdu la vie.

Réveil en plein cauchemar pour les Britanniques. Presque deux mois jour pour jour après l’attentat de Londres, au cours duquel cinq personnes périrent, l’Angleterre a été de nouveau frappée lundi. Mais le bilan comme le profil des cibles visées constituent un nouveau palier dans l’horreur.

Le drame s’est produit aux abords de la Manchester Arena, une salle de concert de la grande ville du nord-ouest anglais. Ce soir-là, la chanteuse pop Ariana Grande se produit devant des milliers de fans, en majorité des enfants ou des adolescents. A la fin du show, alors que les spectateurs commencent à quitter les lieux, une énorme explosion retentit à l’extérieur du bâtiment. Il est 22h33, heure locale - 23h33, heure française.

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- © Emeline Gaube.

"Un grand flash et un énorme souffle"

La cible de la déflagration a été choisie avec précision: elle a été déclenchée dans le "foyer" de la Manchester Arena, un espace par lequel les nombreux jeunes présents doivent passer pour se rendre à la gare toute proche de "Manchester Victoria".

"On a entendu la dernière chanson, puis les gens ont commencé à partir. Et là, il y a eu un grand flash et un énorme souffle", raconte un homme venu avec sa fille.

"Les gens criaient, sautaient de leur siège"

La panique s’empare de la foule encore dans la salle. Cris, bousculades, pleurs, c’est le chaos parmi les jeunes en cours d’évacuation et les parents venus chercher leurs enfants.

"Les gens criaient, ils sautaient littéralement de leurs sièges, avant de se mettre à courir", témoigne un adolescent. Les nombreuses vidéos amateur publiées par des victimes sur les réseaux sociaux traduisent cette atmosphère de confusion et d’affolement.

La police de Manchester, qui a entièrement bouclé le quartier, a dévoilé un lourd bilan mardi à l’aube. Après avoir évoqué 19 morts dans une première déclaration, son chef Ian Hopkins a fait état de 22 morts et une soixantaine de blessés. Parmi les victimes figuraient "malheureusement des enfants", a indiqué l’officier de police vers 7 heures du matin.

La chanteuse Ariana Grande, de son côté, s’est dite "brisée" par l’attentat dans un message posté sur Twitter. L'idole des ados a suspendu sa tournée, qui devait notamment passer par Paris.

Les blessés ont été répartis dans huit hôpitaux de la région. Les heures qui suivent s'annoncent très longues pour leurs proches, dont beaucoup saturent les réseaux sociaux d'interrogations angoissées.

Mais dans le climat de frayeur suivant l'explosion, nombre de mancuniens ont fait preuve de solidarité et de sang-froid. Certains ont offert d'héberger des participants au concert bloqués sur place par la fermeture de la gare, rapporte le Guardian. Un hôtel du centre-ville a également accueilli des enfants qui ont été séparés de leurs parents dans la cohue.

L'oeuvre d'un kamikaze

Traditionnellement très prudente, la police britannique a cette fois-ci rapidement pointé un "incident terroriste". Avant de confirmer au petit matin la piste d’un attentat suicide, suggérée en premier par les services américains.

"Nous pensons que cette attaque a été menée par un agresseur solitaire. Il est difficile de dire s’il agissait seul ou dans le cadre d’un réseau. Nous pensons qu’il avait sur lui un engin explosif improvisé", a déclaré le chef de la police ce Manchester au cours d’un point-presse.

Un communiqué de ses services publié dans la foulée a confirmé que le suspect était mort dans l’attaque. Aucune revendication n'a eu lieu pour l'instant.

May et Corbyn suspendent leur campagne

Les responsables britanniques ont immédiatement réagi après l’attentat. Theresa May, la Première ministre, a convoqué un conseil de sécurité nationale à 8 heures, pour faire le point sur l’enquête. La cheffe de file des conservateurs et Jeremy Corbyn, celui de Travaillistes, ont en outre décidé de suspendre leur campagne pour les élections législatives du 8 juin.

De nombreux dirigeants politiques de par le monde, mais aussi des stars du monde de la musique, ont fait part de leur soutien aux Britanniques dès mardi matin.

Emmanuel Macron a "adress(é) au peuple britannique toute la sollicitude et la compassion de la France" tandis qu'Angela Merkel promettait que l'Allemagne se tiendrait "aux côtés" des Britanniques dans cette épreuve. Vladimir Poutine a lui condamné un "crime cynique et inhumain" et proposé à Londres de "développer la coopération antiterroriste", selon un communiqué du Kremlin.

Le royaume n’avait pas été aussi durement touché depuis les attentats terroristes de juillet 2005, qui avait tué 56 personnes et blessé des centaines d’autres.

Ghislain de Violet