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Rébellion avortée de Wagner: ces autres milices privées qui combattent pour la Russie

Des combattants de la milice privée russe Le Courant, image extraite de son compte Telegram

Des combattants de la milice privée russe Le Courant, image extraite de son compte Telegram - VK Video - BFMTV

Nommées Courant ou la Flamme, diverses milices privées opèrent sur le front ukrainien en faveur de Moscou. Des groupes potentiellement amenés à occuper une place croissante après la rébellion Wagner.

Des milices multiples. Si le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine a fait volte-face samedi dernier après avoir fait vasciller le Kremlin l'espace de 24 heures, d'autres milices combattent en faveur de Moscou et pourraient prendre une place croissante dans la vie publique russe.

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De petites annonces postées sur les réseaux sociaux

Ils se nomment Courant, la Torche, la Flamme ou encore Redut. Tous sont des groupes privés combattant sur le front ukrainien au nom de la Russie. Comme avec Wagner, le recrutement se fait via de petites annonces postées sur les réseaux sociaux.

"Hommes ayant une expérience dans les forces de l'ordre, diverses spécialistations", écrit par exemple le groupe Redoute dans une de ses publications.
Une annonce postée par la milice Redut sur les réseaux sociaux pour recruter des combattants traduite en français
Une annonce postée par la milice Redut sur les réseaux sociaux pour recruter des combattants traduite en français © BFMTV

Le message précise être à la recherche de candidats âgés de "25-45 ans", disposant de préférence d'une expérience "dans les forces spéciales" et surtout ne faisant pas l'objet d'une "poursuite en cours par les forces de l'ordre" et proposer un salaire équivalent à près de 2500 euros par mois.

Un rôle précieux pour Moscou

Le nombre total de combattants engagés au sein de ces milices privées est difficile à déterminer, mais pourrait être de l'ordre de plusieurs milliers, quand le groupe Wagner compte officiellement 25.000 hommes selon son chef.

Leur rôle est malgré tout primordial dans le conflit contre les forces de Kiev. La milice Redut a notamment débarqué en Ukraine dès le 24 février 2022, jour du lancement de l'invasion russe, et elle était ensuite présente avec Wagner dans la ville de Bakhmout au printemps suivant pendant les huit mois qu'a duré la bataille.

Une autre milice, appelée le Courant, a publié en avril dernier une vidéo dans laquelle ses membres, le visage dissimulé par une cagoule, critiquent les équipements reçus. Une démarche qui n'est pas sans rappeler Evguéni Prigojine.

"Nous avons perdu des positions à cause du manque de munitions et la direction de notre bataillon a reçu des menaces de la part de Wagner, ils nous ont empêché de reculer et ont empêchées la rotation", déplorent-ils.

Des groupes financés par Gazprom?

Mention étonnante des combattants dans la vidéo, ils se présentent comme les "soldats de la milice Courant bleu, fondée par l'entreprise Gazprom". De fait, le point commun de toutes ces milices est qu'elles seraient toutes liées au géant pétrolier russe.

Ce dernier aurait décidé de financer ces groupes privés afin de défendre ses propres intérêts et pour aller combattre dans les guerres menées par la Russie, en Ukraine ou ailleurs.

Moscou est non seulement au courant de l'existence de ces milices, mais donne aussi clairement le "droit" à Gazprom à les financer, comme l'atteste un document signé le 4 février dernier par le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine.

Prigojine y voit des tentatives pour "diluer le pouvoir" de sa milice

Evguéni Prigojine a lui-même déploré en mai dernier dans une vidéo publiée sur son compte Telegram l'engagement de Gazprom auprès de groupes de combattants privés et qu'il voit ainsi empiéter sur ses plates-bandes.

"Aujourd'hui, le but de toutes ces milices, c'est de diluer le pouvoir de Wagner", accuse-t-il.

"On parle beaucoup de la lutte pour le pouvoir politique, donc chacun essaye d'avoir son armée privée pour assurer sa sécurité. Ceux qui ont de l'argent, comme Gazprom, créent leur propre milice, comme le Courant bleu par exemple", explique le patron de Wagner, pour qui "beaucoup de milices privées se sont créées", mais qui estime que "rien ne s'améliore sur le front" pour autant.

Un ex bras droit de Prigojine à la tête d'une milice

D'autres milices privées, qui ne sont pas financées par Gazprom, combattent aussi pour Moscou. Parmi elles, Convoy, créée fin 2022 par le gouverneur de la Crimée occupée Sergueï Aksionov, un proche de Vladimir Poutine. Elle est donc a priori au service du maître du Kremlin.

Son commandant Konstantin Pikalov est cependant l'ancien bras droit d'Evguéni Prigojine au sein de Wagner. La milice va-t-elle continuer de combattre comme avant pour Moscou ou la rébellion de Wagner va-t-elle changer la donne? L’attitude de la milice Convoy devra être scrutée dans les prochaines semaines. 

Un groupe tchétchène à Rostov

La milice Akhmat, composée de combattants tchétchènes et menée par le président Ramzan Kadyrov, est celle qui a le plus fait parler d'elle ces dernières semaines. Son chef est un grand allié de Vladimir Poutine.

Samedi, jour de la rébellion de Wagner, ses membres ont posté des vidéos dans lesquelles ils se mettent en scène à Rostov-sur-le-Don, ville dont Wagner avait pris le contrôle. Les combattants tchétchènes assurent qu'ils vont libérer les lieux des mains d'Evguéni Prigojine pour en redonner le contrôle à Moscou.

Obligation de signer un contrat avec la Défense russe

L'une de ces vidéos montre un combattant s'adresser à ses troupes après l'opération, un discours dans lequel il est loin d'accabler les membres de Wagner.

"Les combattants de la milice Wagner que nous considérons comme de vrais guerriers et de vrais patriotes de notre nation ont été entraînés dans le jeu politique."

"Puissent ces combattants de Wagner continuer à servir notre pays avec leur corps et leur sang", appelle-t-il, semblant laisser la porte ouverte à un recrutement de ces hommes au sein de sa propre milice.

La milice Akhmat est la seule connue à avoir signer un contrat la liant au ministère de la Défense russe, comme le montre une vidéo publiée sur Telegram. Une obligation récemment instaurée dont la date limite a été fixée au 1er juillet prochain.

Nelson Getten avec Juliette Desmonceaux