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Russie

"Maman, prend une photo": Vladimir Poutine prend un inhabituel bain de foule dans le sud de la Russie

Vladimir Poutine, en visite dans la république russe du Daguestan le 28 juin, a pris un bain de foule sur une place de Derbent, la capitale régionale. Une attitude inhabituelle.

Une scène particulièrement surprenante. Moins d'une semaine après la tentative de rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner, des vidéos et photos montrant Vladimir Poutine en plein bain de foule à l'occasion d'une visite dans la république russe du Daguesten, ont été publiées par plusieurs médias russes. Un exercice inhabituel pour le chef du Kremlin.

"Oh mon Dieu, maman, prend une photo de moi"

On y voit le président russe, entouré de garde du corps, s'approcher de nuit d'une foule compacte de plusieurs dizaines de personnes qui l'acclament sur une place de la capitale régionale, Derbent. Lorsqu'il arrive à la hauteur du groupe, une forêt de mains éclairée par les flashs des téléphones se dresse pour le toucher. Vladimir Poutine en attrape et serre certaines d'elles.

"Oh mon Dieu, maman, prend une photo de moi, je t'en supplie, s'il te plaît!", s'écrit une jeune fille présente dans la foule, selon une transcription fournie sur la chaîne Telegram de Zvezdanews, un média lié au ministère de la Défense russe.

Vladimir Poutine extirpe alors la spectatrice de la foule pour poser avant de l'embrasser sur la tête. Il échange ensuite quelques mots avec plusieurs autres personnes.

Premier bain de foule en trois ans

C'est la première fois que les médias relaient des images d'un bain de foule du président russe depuis le début de la guerre en Ukraine.

La dernière fois remonte à février 2020 avec une rencontre avec la foule déjà inhabituelle, à Saint-Pétersbourg, racontée à l'époque par Le Point. Au cours de cette rencontre, il avait été interpellé sur les problèmes liés au coût de la vie: "mais pourquoi vous ne les réglez pas?", avait demandé une femme, tranchant avec les habituels échanges très lisses, élogieux et factices avec les personnes présentées comme des citoyens russes lambda.

Ce nouveau bain de foule interroge d'autant plus que plusieurs observateurs et personnalités politiques, parmi lesquelles Emmanuel Macron, ont fait état de l'isolement grandissant du président russe, depuis le début la pandémie de Covid-19. "Il est devenu vraiment paranoïaque depuis le Covid. Il s'est complètement isolé et ne voit plus personne", expliquait l'ancien espion des services secrets russes Sergueï Jirnov lors d'une interview à Radio classique - Le Figaro en mai.

Un message que "tout est rentré dans l'ordre"

Ce voyage au Daguestan intervient cinq jours après la fin de la rébellion avortée de Wagner. Il s'agit du premier déplacement officiel connu de Vladimir Poutine depuis le 18 avril, lorsqu'il s'était rendu dans les territoires annexés dans les régions de Lougansk et Kherson.

Ce déplacement du 28 juin, au cours duquel il a notamment rencontré le président de cette république rattachée à Moscou, Sergueï Melikov, a été centré sur le thème du développement touristique, mais le président russe a également mentionné la récente mutinerie des hommes d'Evguéni Prigojine, affirmant qu'il se savait soutenu par les Russes.

"Je n'ai pas douté de la réaction [des gens] au Daguestan et dans tout le pays", a-t-il affirmé lors d'un entretien avec Sergueï Melikov diffusé par la télévision d'État russe.

Pour le journaliste de la BBC Francis Scarr, spécialiste des médias russes, "le message que [ce] voyage au Daguestan est censé faire passer est clair: la situation est revenue à la normale et les gens sont avec moi", analyse-t-il sur son compte Twitter.

Selon de nombreux observateurs, la décision de Vladimir Poutine d'épargner Evguéni Prigojine, désormais officiellement exilé en Biélorussie, et de proposer des portes de sortie aux soldats de Wagner, dont l'intégration de l'armée régulière, a été perçue comme une marque de faiblesse par ses adversaires, en Russie comme dans d'autres pays alliés ou ennemis.

Glenn Gillet