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Mort de Chavez: quel avenir pour le Venezuela?

Cérémonie au Nicaragua en l'honneur de Hugo Chavez, le 5 mars 2013

Cérémonie au Nicaragua en l'honneur de Hugo Chavez, le 5 mars 2013 - -

Le président vénézuélien est mort mardi à Caracas. Un deuil national de sept jours a été décrété et de nouvelles élections sont prévues dans les 30 jours. Zoom sur les conséquences politiques de sa disparition.

Après quatorze années d’un règne sans partage, le président vénézuélien Hugo Chavez s’est éteint mardi à Caracas des suites d’un cancer. L’intérim est assuré sans surprise par Nicolas Maduro, son vice-président. L'homme, considéré comme le dauphin de Chavez, part favori pour remporter la tête de l'Etat. Mais peut-il remplacer l'ancien homme fort du Venezuela sans bousculer l’échiquier géopolitique? Eléments de réponse avec Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur spécialiste de l’Amérique latine à l’Iris.

Des élections anticipées sont prévues dans trente jours, comme le prévoit la constitution bolivarienne. Qui pour succéder à El commandante Chavez?

Le calendrier électoral est très serré. Les candidats potentiels n’ont que sept jours, (période de deuil national, ndlr) pour y penser. Le successeur le plus plausible reste évidemment Nicolas Maduro, ancien ministre des Affaires étrangères, que Chavez a lui-même adoubé vice-président le 11 octobre en prévision. Et puis, s’il fait campagne, ce sera avec sa photo "dans le dos". Mais ce qui ne veut pas dire que les Vénézuéliens ne sont pas prêts à accepter un autre visage à la tête du pays. Lors des dernières élections présidentielles, Chavez a été réélu en son absence avec 55% des voix. Le peuple a d’abord voté pour la poursuite de la politique sociale. Et Maduro en est le digne héritier.

L’opposition a-t-elle des chances?

Le problème de l’opposition, menée par Henrique Capriles, est son manque d’identité. Pendant la présidentielle, Capriles était soutenu par dix-neuf formations politiques. C’est beaucoup trop, les électeurs étaient perdus. De plus, au sein même de leur camp, des anti-Chavez ont beaucoup critiqué Capriles, le jugeant "trop mou". Sinon, on avance aussi le nom d’Antonio Ledezma, ancien maire de Caracas. Dans tous les cas, au vue du calendrier, pour l’opposition, Chavez est mort "trop tôt".

Chavez entretenait des liens étroits avec des dirigeants controversés, comme Bachar al-Assad, Ahmadinejad, mais aussi Kadhafi… La politique étrangère du nouveau président sera-t-elle différente?

Ces relations sont perçues d’un point de vue occidental et américain, car on assimile, à juste titre, ces pays à leurs régimes. Mais à l’origine, Chavez se devait d’entretenir de bonnes relations avec les pays exportateurs de pétrole. C’est de la diplomatie. Le Venezuela doit assurer un prix élevé du baril en concertation avec les membres de l’Opep.

Le président vénézuelien avait endossé le rôle de chef de file de la gauche latino-américaine. Sa mort va-t-elle perturber l’équilibre politique de l’Amérique latine?

Il est vrai que Chavez avait un espace à lui particulier en Amérique du Sud. On assiste à une montée en puissance de gouvernements qui prônent une politique sociale comme la sienne, avec un discours offensif. Mais sa disparition ne devrait pas bouleverser l’échiquier. Au contraire, tous ces pays alliés ont intérêt à poursuivre cette coopération. Rafael Correa, président équatorien, pourrait bien reprendre le relais de Chavez sur ce terrain.

Barack Obama a déclaré espérer des "relations constructives" à l'avenir avec Caracas. Les relations entre le Venezuela et les États-Unis vont-elles du coup se réchauffer ou au contraire se détériorer?

Même si Hugo Chavez avait des mots durs envers Washington, il y avait une forme de tolérance réciproque entre les deux pays. La ligne rouge à ne pas franchir reste le pétrole. Tant que la livraison "à la demande" et les contrats seront maintenus, il n’y a pas de risque de chaos, comme cela avait été le cas en 2000 avec la grève d’anti-chavistes travaillant pour la compagnie pétrolière publique PDVSA. Et puis les relations du Venezuela avec les Etats-Unis ne sont pas les mêmes qu’avec Cuba.

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Mélanie Godey