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Plus de 400 morts, appels à la trêve... Où en est la situation au Soudan, au 7e jour des combats?

De la fumée au-dessus de l'aéroport international de Khartoum après de nouveaux tirs au Soudan, le 20 avril 2023

De la fumée au-dessus de l'aéroport international de Khartoum après de nouveaux tirs au Soudan, le 20 avril 2023 - AFP

Plus de 400 personnes ont été tuées et 3500 blessées, après presque une semaine de tirs continus au Soudan. Les appels au cessez-le-feu se multiplient, mais restent actuellement sans effet.

La tension ne faiblit pas. Débutés samedi dernier, les combats se poursuivent ce vendredi au Soudan entre militaires et paramilitaires de deux généraux en guerre pour le pouvoir, malgré la fin du ramadan et plusieurs appels à la trêve.

Pour la septième journée consécutive ce vendredi, le Soudan connaît des raids aériens, des explosions, ainsi que des combats de rue. Les tirs ont notamment endommagé plusieurs hôpitaux jeudi, dont quatre pour la seule ville d'al-Obeid, à 350 km au sud de Khartoum.

• Plus de 400 morts et 3500 blessés

Pour les habitants sur place, la situation est très difficile. Dans la capitale, de nombreuses familles ont épuisé leurs dernières victuailles et n'ont plus ni électricité ni eau courante, alors que le réseau téléphonique ne fonctionne plus que par intermittence.

En conséquence, de nombreuses personnes tentent de fuir le pays et se pressent sur les routes. 10.000 à 20.000 civils, surtout des femmes et des enfants, sont passés au Tchad voisin, selon l'ONU.

On dénombre actuellement au moins 413 morts et 3551 blessés selon le dernier bilan de l'OMS dévoilé ce vendredi, dont 9 enfants et dont trois humanitaires de l'ONU tués au Darfour.

• L'aide humanitaire suspendue

En raison des combats, l'aide humanitaire a été suspendue dans le pays, alors que plus d'un habitant sur trois souffre de la faim au Soudan. Les soins vitaux qui étaient prodigués avant les affrontements à quelque 50.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère "ont été interrompus", souligne aussi l'Unicef.

"La vie de ces enfants est menacée", selon l'un de ses porte-parole.

La Croix-Rouge et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont appelé mardi les parties belligérantes à garantir l'accès humanitaire aux personnes dans le besoin.

"Nous avons des ambulances, des personnes capables d'apporter les premiers soins et un soutien psychosocial, mais cela ne sera possible que lorsque les corridors humanitaires seront garantis par toutes les parties", a déclaré mardi le chef de la délégation de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

Par ailleurs, l'OMS dénonce les attaques contre les infrastructures de santé. Trois attaques ont pour l'instant été recensées par l'OMS "mais nous savons qu'il y en a bien plus", a indiqué une porte-parole de l'OMS Margaret Harris.

• De multiples appels à la trêve

Nombre de dirigeants régionaux et internationaux appellent à la trêve depuis plusieurs jours. Les chefs de la diplomatie américain et britannique, réunis au Japon pour un sommet du G7, ont notamment appelé lundi à la "cessation immédiate" des violences au Soudan, tout comme les membres du G7.

Même chose du côté de l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a "condamné fermement" les combats et a appelé lundi les deux généraux rivaux qui se disputent le pouvoir au Soudan à "cesser immédiatement les hostilités".

Jeudi, l'ONU a encore une fois appelé à cesser les combat, réclamant un cessez-le-feu d'"au moins trois jours" pour l'Aïd el-Fitr, la fête qui marque ce vendredi la fin du jeûne musulman du ramadan. Encore une fois sans effet.

Les trois membres africains du Conseil de sécurité (Ghana, Gabon et Mozambique) ont de leur côté appelé à un "cessez-le-feu immédiat", dans une déclaration commune à l'issue du Conseil de sécurité.

L'un des belligérants, les Forces de Soutien Rapide (FSR), groupe paramilitaire mené par le général Mohamed Hamdane Daglo, a lui-même annoncé "leur accord pour une trêve de 72 heures" ce vendredi. Mais comme les fois précédentes, cet appel n'a pas été suivi.

• "Aucune discussion politique" prévue entre généraux

Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée soudanaise, a pour la première fois pris la parole sur une chaîne de télévision d'État jeudi, à l'occasion de la fin du ramadan.

"Pour l'Aïd cette année, notre pays saigne (...). Nous espérons que nous sortirons de cette épreuve plus unis (...) une seule armée, un seul peuple (...) vers un pouvoir civil", a-t-il déclaré, sans évoquer une quelconque trêve.

Il a par ailleurs indiqué qu'aucune "discussion politique" avec son rival Mohamed Hamdane Daglo, la tête des Forces de soutien rapide (FSR), n'aurait lieu, signe que la situation n'est pas encore prête d'évoluer.

Sur Twitter, le chef de la diplomatie britannique James Cleverly a indiqué jeudi avoir notamment eu un échange avec son homologue française Catherine Colonna, dans lequel ils ont évoqué "leur inquiétude partagée pour les citoyens britanniques et français au Soudan".

Juliette Desmonceaux avec AFP