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Face aux règles anti-passoires thermiques, un tiers des bailleurs pourraient arrêter la location

Le site PAP dévoile que 31,8% des propriétaires de logements en location envisagent de retirer leur bien à la location en réponse aux mesures anti-passoires thermiques.

Le site PAP dévoile que 31,8% des propriétaires de logements en location envisagent de retirer leur bien à la location en réponse aux mesures anti-passoires thermiques. - Unsplash

Les mesures anti-passoires thermiques pourraient pousser certains propriétaires à retirer leur bien de la location dans les prochaines années, selon un sondage du site d'annonces immobilières PAP.

Rénover ou retirer son bien énergivore du marché locatif ? Les propriétaires-bailleurs hésitent! Dans un sondage* national mené du 15 au 22 novembre auprès de plus de 6.000 propriétaires de biens mis en location, le site d'annonces de particulier à particulier PAP.fr révèle que près d'un tiers des sondés pourraient cesser de louer leur bien immobilier en raison des mesures gouvernementales de lutte contre les passoires thermiques.

Dans le détail, le site d'annonces immobilières entre particuliers indique que 43,5% des bailleurs interrogés feraient fi des interdictions sans toutefois refaire d'investissement, que 31,8% retireraient tout simplement leur bien de la location et que 24,6% continueraient à louer et à investir. Pourtant, pour un bailleur sur deux, l'éradication des passoires thermiques est jugée indispensable pour l'intérêt général.

La carotte ou le bâton

La France compte 4,8 millions de passoires thermiques selon un document de travail du commissariat général au développement durable publié en 2020, soit 17% du parc, 2 millions sont des biens en location dont 1,7 million dans le parc privé.

Face à ce constat, le gouvernement souhaite inciter les propriétaires à les rénover via des aides au logement comme MaPrimeRénov', tout en les contraignant à respecter un calendrier précis. Ces mesures prévoient en effet l'interdiction progressive de louer des logements jugés indécents en raison de leur consommation énergétique. L'interdiction concerne les biens notés G et F sur le DPE (diagnostic de performance énergétique) avec l'interdiction de les louer en 2025 pour les premiers puis en 2028 pour les seconds. En 2034, ce sera ensuite au tour des logements classés E.

En d'autres termes, les propriétaires de bien notés G ont 3 ans pour réaliser des travaux lourds de rénovation énergétique avant d'être hors-la-loi. C'est donc un peu la carotte ou le bâton pour les bailleurs qui ne savent d'ailleurs pas toujours (1 sur3) s'ils sont concernés par ces mesures de la loi Climat. En outre, 60% des propriétaires de passoires thermiques méconnaissent totalement le coût des travaux et 72% ne se sont pas encore renseignés sur les aides disponibles...

La goutte d'eau

Pour les bailleurs, qui sont pour certains déjà sous le coup de l'installation d'un plafonnement des loyers dans de plus en plus de villes comme à Lyon et Villeurbanne depuis le 1er novembre 2021, ces interdictions sont particulièrement démotivantes.

"A ce stade, il ne s’agit que d’une intention mais si les propriétaires passaient effectivement à l’acte, il n’y aurait pas loin d’un tiers de biens mis en location qui pourraient se retrouver sur le marché de la vente à court ou moyen terme avec une inconnue sur le stock de biens locatifs disponibles à long terme", conclut PAP. Une situation qui pourrait avoir des conséquences facheuses sur les marchés les plus tendus.

Marion Marten-Pérolin