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"On pousse pour avoir le soutien des pouvoirs publics": la CGT mobilisée pour sauver l'activité de Valdunes

Le syndicat se bat pour préserver les quelque 350 emplois des sites de Leffrinckoucke et Trith-Saint-Léger (Nord). Et milite pour la désignation d'un consortium Alstom-SNCF comme repreneur.

Dernière ligne droite pour la survie de Valdunes. À quelques jours seulement de la date de fin de dépôt de dossiers, une dizaine de repreneurs potentiels se sont manifestés pour sauvegarder l'activité du dernier fabricant français de roues et essieux de train. Mais seule une entreprise allemande, Navigator Group, s'est positionnée pour acquérir les deux sites, celui de Leffrinckoucke et celui de Trith-Saint-Léger.

La CGT plaide pour que l'heureux élu soit un consortium composé d'Alstom et de la SNCF. Conscient de l'urgence, le syndicat a accéléré sa mobilisation ces derniers jours.

Ce vendredi 6 octobre, elle a coordonné un rassemblement devant le siège de la communauté urbaine de Dunkerque. Une délégation a été reçue par Patrice Vergriete. Si le ministre du Logement a dû abandonner sa casquette de maire, il conserve néanmoins toujours ce portefeuille.

"Nous sommes prêts à explorer tous les scénarios possibles et à proposer des solutions concrètes aux salariés et aux repreneurs potentiels", promet l'élu dans des propos rapportés par La Voix du Nord. "Nous suivons le dossier de très près avec le cabinet mandaté par le ministère pour retrouver un repreneur, en lien avec les équipes du ministère de l’Industrie."

Un rendez-vous avec Xavier Bertrand

La veille, la CGT a mené une action similaire au pied du conseil régional, à Lille. Les salariés ont obtenu un rendez-vous avec Xavier Bertrand, le président de l'exécutif des Hauts-de-France.

Au terme de cette rencontre, l'intéressé a adressé un courrier à Roland Lescure, le ministre chargé de l'Industrie. "Nous souhaitons aller au bout du processus de recherche d'une solution de reprise unique des deux sites", plaide Xavier Bertrand dans ce document notamment co-signé par des élus d'opposition comme Karima Delli (EELV) ou Sébastien Chenu (RN). "Il nous faut faire le maximum pour préserver ce savoir-faire."

La région se dit prête à s'"engager à mobiliser les moyens de l'institution, à la fois pour les investissements productifs des deux sites ainsi que pour la formation des salariés, dans le cas où un repreneur sérieux et solide serait prêt à investir et garantir le maintien des emplois sur les deux sites". Elle milite enfin pour la tenue d'une table ronde en présence d'Alstom, la SNCF, la RATP, les représentants du personnel et les élus locaux.

Il s'agit là d'une demande expresse de la CGT. Philippe Verbeke, responsable de la filière sidérurgie du syndicat, insiste sur ce point auprès de BFM Grand Lille: "On est dans un virage assez chaud en termes de continuité de l'activité de l'entreprise. On pousse, pour déjà avoir le soutien des pouvoirs publics régionaux et territoriaux derrière le projet qu'on avance".

Une table ronde, estime-t-il, permettrait d'obtenir "un positionnement clair d'Alstom et de la SNCF sur le sujet".

"Un gâchis"

Au total, ce sont 350 salariés qui ignorent encore de quoi leur avenir sera fait. Leurs perspectives ce sont assombries soudainement début mai, lorsque MA Steel, actionnaire majoritaire de l'entreprise, a déclaré qu'il "n'injecterait plus d'argent".

Le groupe industriel chinois avait repris les activités de Valdunes il y a presque dix ans. L'entreprise était alors en redressement judiciaire.

Conséquence de l'annonce de MA Steel, les salariés des deux sites avaient décidé de cesser toute activité, déplorant "un gâchis". Le mouvement avait pris fin au bout de trois semaines, l'actionnaire s'étant engagé à payer aux salariés chaque jour de grève et à leur verser une prime. Les salariés avaient repris la grève quelques semaines plus tard, recevant le soutien de Sophie Binet, la patronne de la CGT.

Leur inquiétude est remontée jusqu'au sommet de l'État. Emmanuel Macron s'est lui-même engagé à "se battre jusqu'au dernier quart d'heure" pour sauver Valdunes. Aujourd'hui, les salariés de l'entreprise attendent du chef de l'État qu'il honore sa promesse.

Florian Bouhot et Florine Kurek