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Sécheresse: que faudrait-il pour recharger les nappes phréatiques?

La sécheresse au lac des Brenets, dans le Doubs, le 22 juillet 2022

La sécheresse au lac des Brenets, dans le Doubs, le 22 juillet 2022 - Fabric COFFRINI - AFP

Le niveau des nappes phréatiques est historiquement bas, sur la quasi totalité de l'Hexagone. Avec une recharge hivernale "nettement inférieure à la normale" cette année et une sécheresse historique, la situation est préoccupante, d'autant que la pluie se fait rare et que les orages n'ont que très peu d'effet.

Des niveaux "peu satisfaisants" et une situation "préoccupante". Dans son bulletin mensuel de juillet, publié le 11 août dernier, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), mettait en garde sur le "niveau en baisse" de l'ensemble des nappes phréatiques françaises. En raison d'une recharge en eau "nettement inférieure à la normale" pendant l'hiver, associée à la sécheresse historique et l'absence de précipitations, les nappes sont en souffrance.

Et les orages attendus dès ce mercredi, notamment dans le Sud-Ouest, pourraient ne rien changer à la situation, voire même l'empirer. Que faudrait-il alors pour que les nappes phréatiques retrouvent un niveau normal pour la saison?

Dans le Centre-Ouest et le Sud-Est, des niveaux "bas à très bas"

Ces grandes poches d'eau, formées par l'inflitration de l'eau de pluie, constituent la plus grande ressource d'eau potable. Comme le rappelle Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM à BFMTV.com, les nappes se rechargent "à partir de l'automne, quand il recommence à pleuvoir et que l'eau entre en profondeur dans le sol". C'est ce phénomène que désigne l'expression "recharge hivernale".

Actuellement, les nappes sont basses dans la quasi totalité de l'Hexagone, une situation historique. Car, habituellement, les secteurs des nappes sont "en décalage".

"Quand certaines sont en souffrance, d'autres affichent un niveau normal", explique Violaine Bault.

Or, aujourd'hui, la situation est préoccupante dans la majorité du pays. Dans le Centre-Ouest (Poitou, Brenne, Maine, Touraine) et en région Sud Provence-Alpes-Côte-d'Azur, un grand nombre de nappes affichent même "des niveaux bas à très bas", selon le BRGM.

Avec les orages, le risque d'inondations

Pour recharger les nappes, il faudrait donc des précipitations. Mais pas sous n'importe quelle forme. En effet, des orages ou de fortes pluies ne pénétreraient pas dans les sols, trop secs. Au lieu de s'infiltrer en profondeur, l'eau pourrait ruisseler et provoquer des inondations. Les fortes pluies "ne sont pas des pluies efficaces qui rechargent les nappes. Ce sont des pluies qui vont ruisseler et aller directement dans les cours d'eau, voire la Méditerranée", précise Marjorie Bertrand, ingénieure hydrogéologue, au micro de BFMTV.

Au contraire, les nappes bénéficieraient de "pluies fines et continues, qui permettent d'humidifier les sols et à la végétation de boire", détaille Violaine Bault. Il faudrait également qu'il pleuve en quantité suffisante.

"Une fois les sols saturés, l'eau peut s'infiltrer en profondeur" pour permettre la recharge, ajoute l'hydrogéologue.

Des conséquences sur la faune et la flore

En l'absence de précipitations suffisantes, peut-on imaginer une recharge active, c'est-à-dire provoquée par l'homme? Selon Violaine Bault, il existe déjà, à l'échelle locale, des actions de cette nature. Elles visent notamment à "désimperméabiliser" les sols, pour permettre à l'eau de pénétrer plus facilement, jusqu'aux nappes. À l'échelle nationale, ces pratiques sont toutefois difficiles à généraliser.

Si le niveau des nappes phréatiques continuent de baisser, les conséquences pourraient se faire sentir sur la faune et la flore, qui souffrent déjà de la sécheresse, ainsi que sur les cultures. "La grande majorité des rivières, des fleuves ont une relation directe avec les nappes", explique Violaine Bault, "les nappes se déversent dans les cours d'eau". Si les nappes sont à des niveaux trop bas, les cours d'eau pourraient faiblir, voire s'assécher.

Un horizon inquiétant que l'on pourrait connaître dans certaines régions, si l'hiver reste sec ou trop peu pluvieux. D'autant que l'infiltration de l'eau jusqu'aux nappes n'est pas immédiat: selon le type de terrain, elle peut ne prendre que quelques heures, mais aussi plusieurs années.

Fanny Rocher