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Climat

Réchauffement climatique: ce que le Giec préconise pour éviter le pire

Un pompier lutte contre un incendie de forêt à Saumos, le 12 septembre 2022 en Gironde, dans le Sud-Ouest de la France

Un pompier lutte contre un incendie de forêt à Saumos, le 12 septembre 2022 en Gironde, dans le Sud-Ouest de la France - Philippe LOPEZ © 2019 AFP

Transports, énergie, alimentation... Dans leur synthèse publiée lundi, les experts du Giec mettent en avant de nombreuses solutions pour limiter le réchauffement climatique et s'adapter à ses effets.

Bonne nouvelle: "nous n'avons jamais été aussi bien équipés pour relever le défi climatique", selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Mais "nous devons dès maintenant passer à la vitesse supérieure en matière d'action climatique", a-t-il également déclaré ce lundi, à l'occasion de la présentation du dernier rapport du Giec.

Ce document, synthèse de neuf années de travaux du Giec sur le climat, est un "guide pratique pour désamorcer la bombe à retardement climatique" et un "guide de survie pour l'humanité", selon Guterres.

Que préconise donc le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, mis en place par l’ONU, pour lutter contre le changement climatique?

• Agir vite

Le rapport rappelle que "le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète", mais aussi qu'il est causé, "sans doute possible", par les activités humaines. Dans leur résumé pour les décideurs, les auteurs expliquent qu'"il existe une fenêtre d’opportunité qui est en train de se refermer rapidement pour sécuriser un futur viable et soutenable pour tous".

Les experts du Giec appellent à "des mesures d'atténuation et d'adaptation urgentes, efficaces et équitables" de la part des gouvernements, du secteur privé et de la société civile. Sans actions rapides, le monde fait face à un risque accru d'escalade des coûts et de réduction de la faisabilité et de l'efficacité de ces mesures.

Ils écrivent d'ailleurs que "les bénéfices économiques et sociaux d'une limitation du réchauffement climatique à 2°C dépassent le coût des mesures à mettre en place".

• Énergie

Dans le secteur de l'énergie, le Giec préconise "une réduction substantielle de l'utilisation globale des combustibles fossiles", une "électrification généralisée" avec des systèmes "qui n'émettent pas de CO2".

Ils souhaitent une diversification de la production d'électricité, grâce à l'éolien et au solaire, et une meilleure gestion de la demande, avec une amélioration de l'efficacité énergétique. Cette dernière passe par exemple par des bâtiments moins énergivores.

"De 2010 à 2019, les coûts ont diminué durablement pour l'énergie solaire (85%), éolienne (55%) et les batteries au lithium (85%)", souligne aussi la synthèse.

• Transports

Dans le secteur des transports, le Giec évalue que, même s'ils ont besoin d'être améliorés, "les biocarburants durables, l'hydrogène à faibles émissions et les dérivés (y compris l'ammoniac et les carburants synthétiques) peuvent contribuer à l'atténuation des émissions de CO2" du secteur maritime, de l'aviation et du transport terrestre de marchandises lourdes.

Les scientifiques voient un "fort potentiel" dans les voitures électriques, moins émettrices sur l'ensemble de leur cycle de vie que les véhicules thermiques.

Au niveau urbain, ils préconisent un aménagement du territoire qui dessinerait une "forme urbaine compacte" permettant de réduire les distances entre le logement et le lieu de travail. Les experts conseillent aussi de développer le soutien aux transports en commun, à la marche et au vélo en ville.

• Forêt, agriculture et alimentation

Sur le plan des forêts, trois actions sont à mener de front: la conservation, l'amélioration de la gestion et la restauration. La réduction de la déforestation dans les régions tropicales est une priorité, selon le Giec.

Celui-ci recommande également de réduire le gaspillage d'eau et de nourriture et d'effectuer une transition vers des régimes alimentaires "soutenables", permettant notamment de libérer des terrains pour la reforestation.

Le Giec considère soutenable un régime alimentaire riche en aliments d'origine végétale et pauvre en aliments d'origine animale, dans son rapport de 2019 dédié à la sécurité alimentaire.

Les scientifiques recommandent par ailleurs une amélioration des systèmes d'alerte en cas de catastrophes naturelles et de la gestion de ces dernières. Un perfectionnement de l'éducation des populations sur les enjeux climatiques permettrait aussi "une meilleure perception des risques" et d'"accélérer les changements de comportement".

Tous ces efforts accélérés et soutenus demanderaient à court terme "des investissements de départ élevés et des changements potentiellement radicaux".

Ils apporteraient toutefois "de nombreux avantages connexes, en particulier pour la qualité de l'air et la santé", selon la synthèse du Giec.

Ce lundi, Antonio Guterres a estimé que "chaque pays doit faire partie de la solution", car "en exigeant que les autres agissent en premier, on s'assure que l'humanité arrive en dernier".

Sophie Cazaux