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Réchauffement climatique: la France pourrait-elle passer le cap des 50°C?

Un thermomètre indique 50 degrés dans la vallée de la mort, en Californie, le 11 juillet 2021

Un thermomètre indique 50 degrés dans la vallée de la mort, en Californie, le 11 juillet 2021 - Frederic J. BROWN © 2019 AFP

Une partie de l'Asie et de l'Amérique du Nord connaissent ces derniers jours une chaleur étouffante avec notamment 53°C relevés à Las Vegas. En France, les 50°C pourraient être atteints dans les prochaines années.

Un cap bientôt passé en France? L'Europe du sud, mais aussi une partie de l'Asie et de l'ouest des États-Unis connaissent ces derniers jours des pics de chaleur particulièrement intenses, allant parfois au-delà des 50°C. Une température impressionnante, mais que pourrait expérimenter l'Hexagone dans les prochaines années.

"Le chiffre des 50°C fait peur (...), mais on pourrait y arriver dans les années ou décennies à venir", met en garde Fanny Petitbon, responsable du plaidoyer pour l'ONG Care, auprès de BFMTV.com

De fait, la France n'en est déjà pas si loin. Selon Météo-France, le record absolu de température enregistré dans l'Hexagone jusqu'à présent est de 46°C. Il a été mesuré à Vérargues, dans l'Hérault, le 28 juin 2019.

Dès 2050?

Passer le cap des 50°C pourrait survenir "en 2050 au plus tard", selon l'une des hypothèses les plus "pessimistes", avance Fanny Petitbon.

Dans une étude publiée en 2017 par la revue scientifique Environmental Research Letters, des chercheurs évoquaient une date plus tardive. "Les résultats indiquent que la valeur maximale record en France pourrait facilement dépasser les 50°C d'ici la fin du 21e siècle", disaient les chercheurs.

Il reste difficile d'évaluer de façon certaine quand le cap peut être dépassé, puisque les chercheurs proposent des modélisations scientifiques qui contiennent une marge d'erreur et qui peuvent varier selon nos modes de consommation. Il reste qu'avec l'augmentation constante des maximales ces dernières années, les 50°C font clairement partie de l'horizon envisagé par les chercheurs.

D'autant qu'il faut distinguer météo et climat. "On a un climat qui se réchauffe, la moyenne des températures sur l'année augmente d'année en année. (...) Après, il y a la météo qui peut faire que parfois, des records sont atteints" sans que l'année ne soit particulièrement chaude, rappelle notre journaliste environnement François Pitrel.

Un pic probablement ponctuel

Ces températures devraient, au moins dans un premier temps, être atteintes de façon ponctuelle. Selon le climatologue et directeur de recherche au CNRS, co-auteur du sixième et dernier rapport du Giec, Christophe Cassou, le cap des 50°C fait bien partie de l'horizon envisagé par les experts en France, mais surviendrait "pour les pics de chaleur les plus forts", dit-il sur Twitter.

Pour Fanny Petitbon, ces températures pourraient "au moins être atteintes d'ici 2050 et devenir plus régulières entre 2050 et 2100".

Cette augmentation des maximales devrait toucher en priorité le sud du pays et les grandes villes, où la bétonisation et le manque de végétation contribuent à faire grimper le thermomètre.

"40°C devient presqu'une habitude"

"Chaque été qu'on vit est probablement l’été le plus frais du reste de notre vie", souligne-t-elle, rappelant que la tendance est à des températures toujours plus élevées.

"40°C devient presqu'une habitude pour les Européens, puis on va petit à petit vers les 42°C, 45°C etc", prévient-elle.

"Plus ça va, plus on va vers l'inconnu, c'est-à-dire vers un climat que l'humain n'a jamais connu", prévoit Fanny Petitbon.

"Les températures extrêmes augmentent plus vite"

Concernant l'évolution des températures moyennes, le Conseil national de la transition écologique (CNTE) évalue, dans un avis paru en mai dernier, que la France pourrait connaître un réchauffement de plus de 4°C d'ici la fin du siècle.

Un chiffre plus élevé que les 3,2°C à l'échelle mondiale, prévus par le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), paru en mars dernier.

"Il va falloir s'adapter, d'autant que les températures extrêmes qu'on connaît pendant les vagues de chaleur augmentent plus vite que les températures moyennes du globe", met en garde sur BFMTV Olivier Boucher, climatologue à l'Institut Pierre-Simon Laplace.

Juliette Desmonceaux