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La SNCF dans le vert en 2023 mais les profits sont en baisse

La croissance de la compagnie ferroviaire a été ralentie par l'inflation, la grève contre la réforme des retraites et un parc de TGV insuffisant pour répondre à une demande record. Le résultat net atteint 1,3 milliard d'euros contre 2,4 milliards en 2022.

Un sentiment de déception? Après une année 2023 qualifiée d'âge d'or du train par la SNCF, avec une fréquentation record de 156 millions de passagers pour ses TGV (+6%), l'opérateur aurait pu s'attendre à des bénéfices en hausse.

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Mais c'était sans compter les effets de l'inflation (hausses de salaires consenties), de la hausse des prix de l'énergie (+14%), les conséquences de la grève contre la réforme des retraites au premier trimestre et la chute de de l'activité du logisticien Geodis.

Sans oublier un parc de TGV désormais sous-dimensionné en période de pointe qui a eu une incidence sur les revenus. Plus de rames disponibles auraient été à coup sûr remplies.

Résultat, si la SNCF reste dans le vert en 2023, le résultat net fond sur un an à 1,3 milliard d'euros contre un profit record de 2,4 milliards d'euros enregistré en 2022 (et 890 millions en 2021).

L’EBITDA atteint 6,4 milliards d'euros, "hors grève, il atteindrait 6,8 milliards", précise l'opérateur.

Chute de l'activité de Geodis

"Sur le plan opérationnel, je considère que la performance est comparable" à 2022, a salué le directeur financier du groupe, Laurent Trevisani. Les grèves lui ont coûté 350 millions d'euros de marge, affirme-t-elle.

Le chiffre d'affaires progresse de 0,7% à 41,8 milliards d'euros. Pour la seule activité SNCF Voyageurs (TGV, Intercités, TER), les revenus bondissent de 10,4% à 19,1 milliards d'euros.

Par contre, la filiale Geodis voit ses revenus fondrent de 21,6% à 11,6 milliards d'euros "sous l’effet de la normalisation des taux de fret sur l’aérien et le maritime et des baisses de volume liées au ralentissement économique mondial".

Le cash-flow libre est positif à 2,5 milliards d'euros, "respectant ainsi les engagements pris avec l’État actionnaire et permet de financer la rénovation du réseau ferroviaire", souligne l'opérateur. Rappelons qu'une partie des bénéfices du groupe doivent abonder sur plusieurs années un fonds de concours destiné à la régénération du réseau.

Outre ce fonds, la SNCF affirme que les investissements ont atteint 10,6 milliards d'euros l'an passé dont un tiers financé par le groupe.

Sud-Rail invite le groupe à "passer à la caisse"

La dette nette de la SNCF est en baisse à 24,2 milliards d'euros.

Côté social, face à la grogne de nombreux salariés, la SNCF rappelle qu'entre 2021 et 2024, "les personnels ferroviaires de la SNCF en France auront bénéficié d’une augmentation significative de leur rémunération, de 17% en moyenne par rapport à 2021 et jusqu’à 21% pour les premiers niveaux de salaires, alors que l’inflation cumulée sur la même période est projetée à 13,2%". Une présentation contestée par les syndicats.

D'ailleurs, commentant ces résultats, le syndicat Sud-Rail invite la SNCF à "passer à la caisse". "Ce sont bien nous, les cheminote-s de la SNCF, qui avons contribué à créer ces bénéfices records", indique l'organisation qui appelle à une "nouvelle négociation salariale très rapidement".

Le Groupe indique avoir recruté 25.300 nouveaux collaborateurs en 2023 (dont 17.300 CDI), notamment pour répondre à la pénurie de conducteurs.

"L’année 2023 est une année historique pour le ferroviaire et pour le Groupe SNCF. Les grandes priorités se dessinent avec la validation du plan stratégique à 10 ans. Il s’inscrit parfaitement dans la "nouvelle donne ferroviaire" décidée par le Gouvernement avec un plan d’investissement de 100 milliards d'euros d’ici 2040 (...) Cette ambition stratégique est permise par la trajectoire financière positive initiée depuis 3 ans, et dans laquelle s’inscrit cette année 2023, et par l’engagement des cheminots au quotidien", commente Jean-Pierre Farandou, PDG du Groupe.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business