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Flambée de l'électricité: la SNCF prépare les esprits à des augmentations de tarifs l'an prochain

Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, n'exclut pas cette possibilité. L'opérateur est le premier consommateur industriel d'électricité en France.

Vers une augmentation des prix des billets de la SNCF l'année prochaine à cause de la hausse constante des prix de l'électricité? Cette éventualité est désormais clairement envisagée par l'opérateur.

Interrogé ce mardi par Public Sénat, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF indique: "On n'a pas encore décidé, mais on sera peut-être obligé de répercuter sur le prix des billets. [...] On sera peut-être obligé d'augmenter les prix en 2023".

En avril dernier, Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, s'interrogeait déjà: "On ne sait pas comment les cours vont évoluer. Est-ce que je me couvre aujourd'hui pour 2023 et les années suivantes ou est-ce qu'on attend? Mais une chose est sûre, l'an prochain, le surcoût pour la SNCF peut se transformer en quelques centaines de millions d'euros".

Couverture

Rappelons que le transporteur est le premier consommateur industriel d'électricité en France avec 10% du total (et 1 à 2% de la consommation globale d'électricité). Comme dans l'aérien, la SNCF achète son énergie à l'avance, ce qu'on appelle "la couverture".

"95% de notre énergie de 2022 est achetée, nous achetons notre électricité entre deux à trois ans à l'avance", expliquait Christophe Fanichet. De quoi permettre de ne pas augmenter les prix cette année, comme l'a à nouveau confirmé Jean-Pierre Farandou ce mardi.

Mais "l'année prochaine, on n'est moins bien couvert par ces achats anticipés, donc il y aura une augmentation de la facture d'énergie, 1 milliard d'euros à peu près", ajoute le dirigeant.

Alors que les clients de la SNCF estiment que les prix des billets sont déjà en hausse (ce que conteste l'opérateur qui parle au contraire de baisse depuis 2019), cette probable augmentation risque de mal passer...

L'opérateur entend dans le même temps amplifier sa stratégie d'économies d'énergie pour réduire l'impact de la hausse des cours de l'électricité. Au niveau des trains, les conducteurs pratiquent ainsi la conduite économique qui consiste à exploiter la topographie de la ligne en sollicitant le moins possible les moteurs que ce soit en traction ou en freinage.

La SNCF incite également ses collaborateurs à trouver des idées de sobriété électrique notamment dans les ateliers techniques.

Sobriété

Elle met également en avant son utilisation grandissante d'électricité issue d'énergies renouvelables. "On verdit notre approvisionnement avec des contrats beaucoup plus longs sur des périodes de 20 à 25 ans", précisait Christophe Fanichet.

Outre l'électricité, la SNCF est également un important consommateur de diesel utilisé notamment dans 50% des TER. Même si l'opérateur entend sortir de cette énergie fossile en 2035 (en misant essentiellement sur les trains à hydrogène), il faut également gérer la hausse des prix.

La SNCF pourrait également compter sur les aides spécifiques du gouvernement pour les entreprises industrielles fortement consommatrices d'énergie. Mais visiblement, les choses avancent lentement. "Les travaux sont en cours", indiquait en avril le président de SNCF Voyageurs. Les industries pointent d'ailleurs un dispositif complexe.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business