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Prix des billets : le PDG de la SNCF maintient qu'ils ont baissé depuis un an

Contrairement à l'Insee, la SNCF répète que les prix de ses billets ont baissé depuis 2021. En revanche, Jean-Pierre Farandou estime que les tarifs pourraient augmenter en 2023 en raison de la flambée des coûts, notamment de l'électricité.

Suite à notre article sur le prix des billets de la SNCF l'an passé, son PDG Jean-Pierre Farandou a une nouvelle fois contesté ce mardi toute hausse des tarifs, mettant au contraire en avant une baisse.

Selon les chiffres de l'Insee, les prix du "transport de passagers par train" ont bondi au cours des trois derniers mois de 15,3%. Effet saisonnier? Pas vraiment. En comparant avec les prix d'avril 2020, l'Insee relève une augmentation de 14,6%.

Interrogé par nos soins, la SNCF contestait ces chiffres qualifiés de "faux", expliquant que les tarifs avaient en réalité baissé de 7% depuis juin dernier. La cause de cette différence abyssale? Des méthodes de calcul différentes qui ne prennent pas en compte les mêmes variables.

"On respecte les chiffres de l'Insee mais..."

"On respecte les chiffres de l'Insee, bien sûr, mais la bonne année de comparaison avec 2022, c'est 2019" avant la crise sanitaire, a-t-il relevé devant des journalistes. "Et là, les prix moyens ont objectivement baissé de 7%!" a répondu Jean-Pierre Farandou, PDG de l'opérateur lors d'un événement à Strasbourg.

"La comparaison est faite par l'Insee entre les trains de 2022 et les trains de 2021. En 2021, il y avait beaucoup moins de monde dans les trains et la proportion de prix réduits était plus forte, ce qui a fait baisser la moyenne", a-t-il expliqué.

"En fait, les prix n'ont pas augmenté dans la gamme. Mais comme cette année, il y a davantage de monde, il y a davantage de monde qui utilisent des prix un peu plus élevés dans la gamme, ce qui entraîne une augmentation du prix moyen constaté", a ajouté le dirigeant.

Cela dit, depuis un an, les prix ont-ils baissé ou augmenté? La question reste difficile à trancher car les méthodes de calcul sont finalement très différentes. D'un côté, la SNCF se base sur une moyenne du prix final payé par le client qui adapte son achat aux offres qui lui sont faites. Auquel cas, le montant du panier moyen peut baisser, quand bien même l’indice des prix le montre en hausse.

Moyenne contre indice

De l’autre, l’Insee réalise une simulation pour mesurer un indice des prix qui ne permet pas de "calculer un prix moyen du billet de train" mais "seulement l’évolution tarifaire de la dépense d’un consommateur représentatif si les trajets réalisés restaient les mêmes tout au long de l’année".

Si la SNCF conteste toute hausse cette année, elle prépare néanmoins les esprits à des augmentations prochaines. "Je ne sais pas si on pourra encore longtemps tenir cette politique de prix stabilisés, parce que nos coûts augmentent", a prévenu le PDG.

"Les coûts de l'énergie augmentent, on aura peut-être des salaires qui vont augmenter, le prix des matières augmentent, les coût des travaux augmentent, les coûts du ferroviaire augmentent...", a-t-il constaté.

"Il est encore trop tôt pour dire si au-delà de 2022 on pourra tenir encore dans la durée cette politique de prix très modérés. On sera peut-être obligés de répercuter une partie des coûts à partir de 2023", a relevé le patron de la SNCF. "Mais on n'en est encore pas là, on verra comment les choses évoluent!"

Rappelons que la SNCF est le premier consommateur industriel d'électricité en France avec 10% du total (et 1 à 2% de la consommation globale d'électricité).

"95% de notre énergie de 2022 est achetée, nous achetons notre électricité entre deux à trois ans à l'avance", nous expliquait en avril dernier Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs . Il y aura quand même des ajustements à faire cette année qui auront un impact pour l'opérateur de "quelques dizaines de millions d'euros".

La SNCF: premier consommateur industriel d'éléctricité en France

Cette couverture permet à la SNCF de promettre "de ne pas augmenter le prix des billets cette année, la SNCF est l'alliée du pouvoir d'achat des Français", souligne Christophe Fanichet.

Mais l'avenir est donc rempli d'incertitudes. "On ne sait pas comment les cours vont évoluer. Est-ce que je me couvre aujourd'hui pour 2023 et les années suivantes ou est-ce qu'on attend? Mais une chose est sûre, l'an prochain, le surcoût pour la SNCF peut se transformer en quelques centaines de millions d'euros", ajoute le dirigeant.

Dans le même temps, la SNCF intensifie ses programmes d'économies de consommation "sans avoir à réduire la vitesse des trains, ce qui n'est pas une option". Les conducteurs pratiquent ainsi la conduite économique qui consiste à exploiter la topographie de la ligne en sollicitant le moins possible les moteurs que ce soit en traction ou en freinage.

Olivier Chicheportiche avec AFP