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Salaires impayés, risque de liquidation judicaire: rien ne va plus chez Indexia (ex-Sfam)

L'ancien assureur Indexia est accusé par des centaines d'ex-clients de prélèvements indus. En parallèle, les salariés des boutiques Hubside Store, vitrine du groupe, appellent à la grève ce jeudi à Paris pour protester contre des salaires impayés.

La pression monte encore d'un cran chez Indexia. Les syndicats de sa filiale Hubside Store appellent à la grève ce jeudi pour réclamer le paiement de leur salaire de mars. Ils prévoient une manifestation devant le siège parisien du groupe, avenue de la Grande Armée.

Selon un élu au CSE, la direction promet désormais un virement le 11 ou le 12 avril. "Elle évoque le week-end de Pâques comme excuse pour le retard", raconte-t-il à BFM Business. Aussi, les salariés demanderont demain le versement de l'intéressement et la participation au titre de l'année 2022, pour lequel la direction ne cesse de reporter les échéances d'après lui.

Perte de sang froid à Romans-sur-Isère

À Romans-sur-Isère, vendredi, les mêmes revendications ont déjà été portées par des salariés devant le siège de la maison-mère Indexia. Une mobilisation sous haute-tension, qui s'est conclue par un échange enflammé avec le PDG Sadri Fegaier selon des témoignages.

Face à d'anciens salariés, le PDG Sadri Fegaier aurait en effet perdu son sang froid. "Un micro lui a été tendu, il l'a refusé et a fini par le jeter", touchant un salarié sur la trajectoire, raconte un délégué syndical à France Bleu. L'ex-salarié percuté a fini le nez en sang, comme le montre une image publiée par le journal Libération.

Des huissiers dans les boutiques

En plus de ce contexte social bouillonant, c'est la situation économique de l'entreprise qui inquiète dans les boutiques Hubside Store. Ces derniers mois, "des huissiers sont passer pour réclamer des loyers et des factures EDF impayés", raconte l'élu au CSE.

Commerce 2.0 : Hubside Store, l'enseigne 100% high tech qui mise tout sur la location de produits - 27/01
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Depuis un an, "27 boutiques ont fermé et les licenciements s'enchaînent", ajoute-t-il. Dans celles toujours ouvertes, la direction a passé la consigne de vider les coffres et de placer le cash à la banque. Mais impossible d'en savoir plus sur les finances du groupe, qui ne communique pas ses comptes. Le CSE a déclenché son droit d'alerte.

Risque de liquidation judiciaire

Perspective encore plus sombre, l'Ursaff Rhône-Alpes demande la liquidation judicaire de la maison-mère Indexia. Une assignation en vue de recouvrer 11,7 millions d'euros de créances. L'affaire sera étudiée le 24 avril par le tribunal de commerce de Paris.

Mais en cas de procédure de liquidation ou de redressement, "les clients seront les derniers payés", regrette Me Emma Leoty, l'avocate de plus de 400 plaignants contre Indexia.

Car en plus de ses dettes vis-à-vis de l'administration, Indexia est en effet accusé d'avoir arnaqué ces dernières années des centaines de consommateurs. Clients ou anciens clients, ils dénoncent des prélèvements indus et incessants sur leurs comptes, parfois des mois après la résiliation de leur contrat.

Actions en justice de toute part

Dans cette affaire, Me Emma Leoty reçoit de nouvelles plaintes tous les jours. "Je vais bientôt ajouter 100 personnes au dossier", raconte-t-elle. En plus, les prévèlements indus ont repris en mars, lui ont rapporté plusieurs victimes. L'avocate estime le préjudice moyen entre 6.000 et 8.000 euros sur cinq ans. "C'est monté jusqu'à 40.000 euros", précise-t-elle.

Alors qu'elle a déjà obtenu 300.000 euros de remboursement, la négociation par voie d'avocats s'est depuis rompue avec Indexia. Deux procédures civiles sont donc désormais en cours. Une audience aura lieu le 12 septembre au tribunal judiciaire de Paris. En parallèle, une action pénale a aussi été menée par la DGCCRF. Le PDG d'Indexia Sadri Fegaier et sept autres personnes morales devront répondre aux accusions de "pratiques commerciales trompeuses" lors d'un procès en correctionnel cet automne.

La Fnac porte plainte

Dernier accroc en date, Fnac Darty a confirmé sur BFM Business une procédure judiciaire contre son ancien partenaire. Indexia a vendu des assurances pour téléphones et produits multimédia entre 2017 et 2019 dans les magasins du groupe.

"On a porté plainte", a déclaré Enrique Martinez, directeur général de Fnac Darty, dans Good Morning Business. "Les clients qui ont eu de manière abusive ce type de contrat, on les a aidés", a-t-il précisé.

"Après de très nombreuses alertes et relances adressées au groupe Indexia, la société Fnac Darty Participations et Services a assigné en janvier 2023 la société Sfam devant le tribunal de commerce de Paris afin de la contraindre à traiter les réclamations des clients, au moyen d'une astreinte", a précisé le groupe Fnac darty à l'AFP.

Le tribunal a plusieurs fois enjoint à la Sfam de communiquer des pièces, notamment des "tableaux récapitulatifs de l'état d'avancement du traitement des réclamations des clients", selon une décision de février consultée par l'AFP. "La procédure est toujours en cours", a ajouté Fnac Darty.

Léo Dumas