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Mig-29 pour l'Ukraine: pourquoi Washington et Varsovie se renvoient la balle?

Selon le droit international, le pays d'où décolle un avion armé pourrait être considéré comme un pays se joignant à la guerre

Selon le droit international, le pays d'où décolle un avion armé pourrait être considéré comme un pays se joignant à la guerre - ANDREJ ISAKOVIC

Washington a définitivement rejeté la proposition de la Pologne de livrer à l'armée américaine des Mig-29 pour les remettre à l'Ukraine. Aucun des deux pays ne désire prendre cette responsabilité d'une escalade.

Les jours passent et les Mig-29 promis à l'Ukraine par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell le 27 février s'effacent comme un mirage. Après avoir refusé de les fournir, la Pologne a finalement proposé de les envoyer aux Etats-Unis d'où ils pourraient décoller vers l'Ukraine. Mercredi, les Etats-Unis ont définitivement rejeté cette proposition. Ils la jugent "risquée" et susceptible de provoquer une escalade russe.

Et pour cause. Le jour même de l'annonce par la Pologne de cette solution, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a prévenu que le fait de donner des avions de chasse à Kiev provoquerait un "un scénario très indésirable et potentiellement dangereux".

A mot couvert, Moscou désigne le pays qui apporterait cette aide à Volodymyr Zelensky, président ukrainien.

Selon le droit international, le pays d'où décolle un avion armé pourrait être considéré comme un pays se joignant à la guerre, indique le quotidien, ce que Varsovie et Washington veulent l'un et l'autre éviter à tout prix. La grande question n'est donc pas de savoir si l'Ukraine recevra les Mig-29 polonais, mais comment les livrer aux autorités de Kiev" sans provoquer une réaction de Moscou.

"Cette décision est aux mains de l'Otan"

"Envoyer des Mig-29 polonais à Ramstein est une décision intelligente. Mais Varsovie ne peut pas faire dépendre sa sécurité d'un 'feu vert' de Washington ou de Londres. La Pologne peut aider, mais c'est l'Occident qui doit prendre cette décision ", estime le politologue Marcin Zaborowski.

En effet, la Pologne est prête à transmettre à l'Ukraine ses chasseurs Mig-29, mais réclamé que cette décision soit prise par l'Otan.

"La Pologne n'est pas partie prenante dans cette guerre, et l'Otan non plus. Une décision aussi sérieuse doit être prise de façon unanime. Cette décision est aux mains de l'Otan", a déclaré mercredi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki lors d'une visite à Vienne.

Pour les Etats-Unis, l'envoi d'une vingtaine d'appareils ne changera rien au rapport de force entre l'Ukraine et la Russie, selon, John Kirby qui est en plus convaincu que "le transfert de Mig-29 à l'Ukraine pourrait être perçu comme une surenchère et pourrait entraîner une réaction russe importante qui augmenterait la perspective d'une escalade militaire avec l'Otan".

Josep Borrell s'est-il trop avancé en faisant cette promesse seulement trois jours après le début du conflit et sans y impliquer l'Otan? Mercredi, le président Zelensky enjoignait les Occidentaux à "décider au plus vite" la question de l'envoi des avions.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco