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Guerre en Ukraine: le commandement de l'Espace confirme des répercussions sur le spatial

Le général Michel Friedling commande depuis 1ᵉʳ septembre 2018 le Commandement de l'espace

Le général Michel Friedling commande depuis 1ᵉʳ septembre 2018 le Commandement de l'espace - PS

Selon le commandant des forces spatiales françaises, le conflit en Ukraine se répercute dans l'espace. "Ce que nous avions imaginé arrive", a déclaré le général Friedling.

La guerre en Ukraine mobilise toutes les armées, terre, air, mer, cyber, mais aussi le spatial. Lors d'un briefing avec la presse organisée le 3 mars par le ministère de la Défense, le général Friedling, commandant du Commandement de l'Espace, a confirmé des tensions. "Ce que nous avions imaginé arrive", a-t-il déclaré.

"Les répercussions du conflit existent sous une forme ou une autre dans l'espace, a reconnu le général Friedling lors de cet échange en visio depuis Toulouse. Nous sommes en veille permanente en lien avec nos partenaires et alliés sur ce qu'il peut arriver dans l'espace qui est encore une zone grise".

Chantage et cyber attaque

Le Commandement de l'Espace a évoqué plusieurs évènements survenus ces derniers jours. D'abord la cyber attaque le 24 février au moment du lancement de l'offensive russe sur l'Ukraine. Elle a visé un satellite civil de Viasat qui couvre l'Europe et l'Ukraine.

Cette cyber attaque lancée par la Russie selon le Commandement de l'Espace a mis hors service des milliers d'éoliennes allemandes qui y étaient connectées. En France, des dizaines de milliers de modems d'accès à Internet en France ont également été touchés. "Les terminaux endommagés ont probablement été rendus irréparables", estime Michel Friedling.

Un autre évènement s'est produit le 3 mars.

"Les Russes ont exercé une forme de chantage sur la société OneWeb qui devait envoyer des satellites depuis Baïkonour. OneWeb a décidé de ne plus faire appel aux Russes pour le lancement de ses satellites", a indiqué le patron du Commandement de l'Espace, sans donner plus de détails.

Le lancement d'un satellite espion retardé d'un an

Une autre conséquence du conflit vise directement le lancement du satellite espion CSO-3 qui devait être lancé fin 2022 depuis Kourou par un lanceur russe Soyouz. Ce tir a évidemment été annulé par Moscou qui a annoncé sa décision de ne plus opérer de lancements depuis le centre spatial guyanais. Il sera repoussé d'un an, selon le ministère des Armées.

"L'option qui se dessine est d'utiliser Ariane 6 dont le premier vol opérationnel est attendu dans les prochains mois", a déclaré Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées en ajoutant que "le nombre d'images fournies par CSO 1 et 2 est bien plus important que celui fourni par Hélios et il n'y a pas d'impact opérationnel à court terme sur la bonne tenue de nos opérations".

La défense spatiale

Des attaques sur ces satellites militaires sont-elles à craindre? Tout est possible, mais une protection a été organisée pour s'en prémunir selon la "logique des trois cercles".

"Un coeur souverain garantit l'intégrité de nos capacités. Ce noyau dur est assuré par nos satellites Syracuse. Nous avons ensuite des coopérations avec des partenaires étrangers qui constituent le deuxième cercle. Le troisième cercle qui augmente la résilience de l'ensemble est fourni par des partenaires commerciaux. Les attaques ne peuvent atteindre ni le premier, ni le second cercle de nos capacités", assure le Commandant de l'Espace.

Enfin, la France met au point un laser capable de rendre inopérant les satellites qui s'approcheraient de trop près de ceux des armées françaises. La France a fait le choix de ne pas utiliser d'armes cynétiques dans l'espace.

"C'est une ligne rouge. Elles entrent dans la catégorie des comportements non responsables en créant des débris multiples de longues durée de vie", a confirmé le Général Friedling.

Des tirs antisatellites ont déjà été menés, mais par quatre nations seulement: les Etats-Unis, la Chine, l'Inde et la Russie. Ils sont très critiqués à cause des nombreux débris générés, qui deviennent de dangereux projectiles.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco