BFM Business
Industries

La France pourrait se doter d'un laser pour anéantir proprement les satellites ennemis

L'Onera, le centre français de recherche aérospatiale, met au point une arme laser capable de rendre inopérant des satellites ennemis à 700 km d'altitude

L'Onera, le centre français de recherche aérospatiale, met au point une arme laser capable de rendre inopérant des satellites ennemis à 700 km d'altitude - Onera

L'Office national d’études et de recherches aérospatiales met au point un canon laser capable d'anéantir un satellite sans créer de débris incontrôlables. Cette arme serait d'une efficacité redoutable.

La guerre des étoiles se fait avec des pincettes. Pour détruire les satellites ennemis, pas question d'envoyer des missiles comme l'a récemment fait l'Inde. Cette méthode propage des milliers de débris incontrôlables qui, projetés à des vitesses vertigineuses, détruisent tout sur leur passage. La France se protégera avec des moyens encadrés par le Traité de l’Espace de 1967 qui réglemente l’usage d’armes dans l’espace extra-atmosphérique. 

L’Onera, Office national d’études et de recherches aérospatiales, un organisme rattaché au ministère des Armées, travaille sur un laser capable de neutraliser un satellite ennemi sans le détruire physiquement. Selon Challenges, qui a dévoilé ce projet secret, cette arme défensive peut atteindre des objectifs situés entre 400 et 700 km d'altitude.

Le laser de l'Onera peut atteindre une cible jusqu'à 700 km d'altitude
Le laser de l'Onera peut atteindre une cible jusqu'à 700 km d'altitude © Onera

Cette technique ne provoque aucun débris tout en étant d'une efficacité redoutable. "L'effet recherché n'est pas de détruire l'objet, mais de l'empêcher d'effectuer sa mission. En concentrant l'énergie sur la cible, on pourrait endommager les panneaux solaires d'un satellite ennemi, ou pénétrer par ses fenêtres optiques et l'éblouir", a expliqué Franck Lefèvre, directeur de l'activité défense de l'Onera, à Challenges.

Protéger les données et les communications 

Si ce projet peut sembler futuriste, il s'inscrit au contraire dans une réalité bien palpable. En septembre 2018, Florence Parly, ministre des Armées, dévoilait publiquement qu’en 2017 la Russie a tenté d’espionner un satellite militaire franco-italien pour capter des communications. La défense spatiale va devenir de plus en plus sensible avec le lancement par la France d'une constellation de satellite espion de nouvelle génération. 

La France n'est pas le seul pays à développer un laser défensif. Lors d'une conférence en 2018, le général Michel Friedling, qui dirige le commandement interarmées de l'espace (CIE) indiquait que la Russie dispose de lasers aéroportés Sokol sur plateforme Iliouchine 76 ainsi qu’un laser dénommé Peresvet", lequel "pourrait avoir une capacité antisatellite". La Chine aurait également une arme laser antisatellites.

Fin 2018, Emmanuel Macron a annoncé son intention de définir "une stratégie spatiale de défense". En janvier, les députés Olivier Becht (AGIR) et Stéphane Trompille (LREM) ont remis un rapport pour soutenir une stratégie spatiale de défense à la fois défensive et offensive. Le laser de l'Onera pourrait répondre à cet objectif. Ce sera à Emmanuel Macron de le préciser. Selon la Tribune, le Président de la République devrait faire un discours sur la stratégie spatiale d'ici le 14 juillet.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco