BFM Business
Industries

De l'iPhone à l'automobile, Foxconn nouvel acteur incontournable de la voiture électrique?

Le célèbre sous-traitant taïwanais d'Apple annonce ce mardi un partenariat stratégique important avec Stellantis. En quelques mois, ce sont plus de 1200 entreprises qui ont rejoint le programme de Foxconn dédié au véhicule électrique, faisant le lien entre industrie de l'électronique et automobile.

"L'entreprise qui assemble votre iPhone depuis plus de 10 ans est maintenant prête à assembler aussi votre voiture." C'est ainsi que le Financial Times résume les ambitions de Foxconn dans l'automobile, à la veille de l'annonce d'un partenariat stratégique avec Stellantis.

S'adapter ou sous-traiter

Le groupe issu de la fusion entre PSA et FCA va en effet se rapprocher de ce célèbre sous-traitant taïwanais, qui a lancé en octobre dernier une grande offensive dans la voiture électrique. Foxconn présentait alors un châssis, la base technique des futurs véhicules qu'il devrait assembler pour le compte de constructeurs automobiles, ainsi qu'une plate-forme logicielle ouverte à l'image d'Android, le système d'exploitation mobile de Google.

Comme le rappelle le quotidien britannique, c'est clairement la voiture électrique qui est au coeur de ce changement de modèle industriel en cours. Si d'apparence, on y voit toujours quatre roues et une carrosserie, c'est dans les entrailles du véhicule qu'on décèle d'importances différences, bouleversant la chaîne de valeur et donc le modèle économique du secteur.

Deux choix s'offrent alors aux constructeurs automobiles, souligne le FT: "acquérir rapidement de nouvelles capacités dans la conception de modèles électriques et de logiciels ou arrêter de produire". Sous-entendu: confier l'assemblage final à d'autres entreprises, issues de l'électronique. En résumé, s'adapter, à coups d'investissements lourds, ce que fait par exemple Volkswagen avec des milliards d'euros pour concevoir son propre système d'exploitation, ou sous-traiter.

Un deuxième choix qui s'accompagne aussi d'importants défis pour l'industrie de l'électronique, qui doit adapter son appareil industriel et intégrer de nouvelles normes en termes de standards de sécurité entourant le produit fini. Notamment dans le contexte de l'électrique avec la batterie qui reste un point sensible à bien protéger de tout choc risquant d'enflammer le véhicule.

Plus de 1200 entreprises dans la "Foxconn Family"

Dans un monde automobile qui vit des changements profonds actuellement, le pari de Foxconn semble séduire. En quelques mois, ce sont plus de 1200 entreprises qui ont rejoint son offensive dans le véhicule électrique baptisé MIH. Avec des profils divers comme le géant du logiciel Arm ou le fabricant de pièces automobiles en plastique Konzelmann.

On peut également citer les partenariats avec des constructeurs chinois comme Byton ou Geely, en attendant celui qui va être annoncé ce mardi avec Stellantis. L'américain Fisker vient lui aussi d'annoncer que Foxconn produirait ses véhicules mais bien aux Etats-Unis. De quoi potentiellement rassurer ceux qui pouvaient voir dans cette offensive du groupe taïwanais, qui compte plus d'un million de travailleurs en Chine, une nouvelle perspective de délocalisation massive.

Surtout que ce "club industriel" créé par Foxconn peut aller au-delà que la fourniture du châssis et de l'intelligence du véhicule. Fisker vient ainsi d'annoncer un partenariat pour concevoir les écrans et plus globalement les interfaces hommes-machines de ses futurs véhicules avec le fabricant japonais Sharp, présenté comme un membre de la "Foxconn Family". Un point qui illustre les rapprochements en cours entre les mondes de l'automobile et de l'électronique.

La pénurie actuelle de semi-conducteurs représente un argument supplémentaire pour le patron de Foxconn, Liu Young. Pour lui, les difficultés actuelles des constructeurs automobiles à y faire face témoignent d'un modèle d'approvisionnement traditionnel qui n'est plus adapté aux enjeux modernes.

Le changement de modèle devrait toutefois prendre plusieurs années, prédisent les experts du secteur. Les grands constructeurs automobiles investissement massivement dans la révolution électrique et la capacité à produire des volumes importants reste un défi important pour les nouveaux entrants dans l'automobile.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto