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Foxconn s'inspire de Google pour s'imposer comme le futur leader mondial de la voiture électrique

En octobre 2020, Foxconn a dévoilé sa plateforme de voiture électrique composée d'un châssis et d'un OS

En octobre 2020, Foxconn a dévoilé sa plateforme de voiture électrique composée d'un châssis et d'un OS - Foxconn

Foxconn enchaîne les accords avec des constructeurs pour fabriquer leurs nouveaux modèles de voitures électriques. Il a créé un châssis et une plate-forme logicielle ouverte à l'image d'Android.

Si en Europe, le secteur automobile est bousculé pas les crises sanitaires et technologiques, l'Asie s'affirme peu à peu comme l'usine du monde des voitures électriques. Après être devenu en vingt ans un expert dans les technologies mobiles en devenant le sous-traitant d'Apple pour les iPhone, Foxconn, officiellement Hon Hai Precision Industry Company Ltd, bâtit peu à peu un empire dans l'automobile.

En octobre dernier, le fabricant a dévoilé un châssis de véhicule électrique, mais en s'inspirant de la stratégie de Google avec Android, il a surtout créé une plate-forme logicielle ouverte utilisable par les constructeurs de véhicules électriques. Les premiers kits de développement seront livrés en avril. L'enjeu est stratégique puisque le groupe taiwanais pourrait bénéficier des données recueillies par les véhicules qui seront équipés de cet OS compatible avec la norme 5G. Une manière de damer le pion à Google, mais aussi à Apple.

L'activité liée aux véhicules électriques sera très bonne dès le premier semestre 2021", a déclaré le président de Hon Hai, Young Liu, lors d'un événement organisé à Taipei en février dernier.

On ne sait toujours pas s'il fabriquera l'Apple Car, mais en attendant, le groupe taïwanais tisse tranquillement sa toile. Selon Reuters, Foxconn cherche désormais à développer sa capacité de production avec l'acquisition les lignes de production de véhicules électriques du vietnamien VinGroup qui assemblent des modèles pour sa filiale VinFast. Ce constructeur prépare le lancement dès 2022 de deux SUV électriques, les VF31 et VF32.

Selon Reuters, "Vingroup aurait reçu des propositions de Foxconn pour créer un partenariat sur le développement des batteries et des pièces de voiture électrique".

En 2020, Foxconn, qui fournit déjà des pièces à plusieurs constructeurs mondiaux dont Tesla, discutait avec Fiat Chrysler Automobiles d'un projet pour développer et fabriquer des véhicules électriques en Chine. Elle a aussi un plan pour construire des voitures aux Etats-Unis dans ses unités d'assemblage de produits électroniques du Wisconsin, inaugurées par Donald Trump en 2018, et du Mexique.

Une grande partie du travail dépend de l'électronique et des logiciels pour les véhicules électriques. Nous avons pensé que c'était peut-être un bon endroit pour y fabriquer des véhicules électriques", a déclaré Young Liu lors de l'évènement de Tapei.

Qui sera l'assembleur de l'Apple Car?

Ces dernières semaines, Foxconn a enchainé les discussions et les accords avec plusieurs constructeurs asiatiques, mais aussi américains. Le groupe chinois Geely aimerait lui confier la production de la voiture électrique conçue par Faraday Future. L'américain Fisker négocie un accord pour la production de son prochain SUV qui devrait être commercialisé dans le monde entier à partir du quatrième trimestre 2023.

Enfin, Foxconn a signé un accord de 200 millions de dollars avec le chinois Byton, une entreprise créée par des anciens de BMW, pour l'accompagner dans la construction du M-Byte, un SUV qui sera présenté dès le premier trimestre 2022. Dans un communiqué, Byton explique que Foxconn lui fournira ses technologies de production et ses ressources en chaîne d'approvisionnement.

La question en suspens est celle d'un accord avec Apple. Le groupe américain va-t-il confier à un probable futur concurrent la fabrication de l'Apple Car ce que deviendrait Foxconn avec son OS pour voiture? Les discussions restent secrètes, mais la firme de Cupertino chercherait des alternatives.

Début janvier, des fuites évoquaient des discussions avec Hyundai pour l'assemblage d'une voiture dans l'usine américaine de Kia basée dans l’État de Géorgie. Un représentant du groupe affirmait même qu'Apple serait en pourparlers avec "divers constructeurs automobiles mondiaux". Mais le Sud-Coréen a d'autres ambitions que de devenir un simple sous-traitant et, selon Bloomberg, les négociations sont au point mort.

Les entreprises technologiques comme Google et Apple veulent de nous comme d’un Foxconn. Une coopération pourrait améliorer l’image de marque de Hyundai et Kia dans un premier temps. Mais sur le moyen- et long-terme, nous fournirions juste des enveloppes pour les voitures, et Apple ferait toute l’intelligence", indiquait une source anonyme à Reuters.
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco