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Défense

Avion de combat: la DGA admet que "la situation du SCAF est toujours bloquée"

Au cœur du Scaf (Système de combat aérien du futur), le NGF, Next Generation Fighter, l'avion de combat européen de 6e génération

Au cœur du Scaf (Système de combat aérien du futur), le NGF, Next Generation Fighter, l'avion de combat européen de 6e génération - Dassault Aviation

Selon Joël Barre, délégué général de l'armement, les différents industriels entre Dassault et Airbus bloquent toujours le programme d'avion européen du futur.

"La situation du SCAF est toujours bloquée en raison de différences de vues entre Airbus et Dassault", a reconnu Joël Barre, délégué général pour l'armement lors d'une audition au Sénat le 4 mai par la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées présidée par Christian Chambon. Le contenu de ces échanges vient seulement d'être publié.

L'information n'est pas surprenante, mais confirme que les tensions entre les deux industriels, mais aussi entre la France et l'Allemagne, sont loin d'être réglées. Le projet lancé en 2017 patine toujours sur l'élément central du système de combat, le NGF (New generation fighter), l'avion qui doit succéder en 2040 aux Rafale et aux Eurofighter.

Il y a un an, presque jour pour jour, les industriels s'étaient entendus sur la répartition des rôles afin de lancer la phase 1B du programme. La maîtrise d'oeuvre du NGF a été confiée au Français Dassault, mais Airbus, qui représente les intérêts de Berlin et Madrid, semble depuis contester cette décision.

"Il existe un accord entre les deux industriels concernant la phase 1B - qui devait être engagée en 2021 et que nous pouvons espérer engager d'ici fin 2022 si nous parvenons à conclure les discussions -, portant sur la période 2022-2025. Il faut qu'Airbus signe le contrat que Dassault lui a proposé sur ce point", a défendu Joël Barre.

Fermeté "à l'égard de la partie allemande"

Face aux sénateurs, le délégué général a affirmé la fermeté de la France dans le respect des décisions prises en mars 2021.

"Nous devons être fermes à l'égard de la partie allemande (...). Il faut un maître d'oeuvre et un architecte pour l'avion. Le meilleur du domaine doit être en l'occurrence désigné, soit Dassault France et non Airbus Allemagne", a-t-il déclaré en rappelant la nécessité d'un "équilibre" entre la France et l'Allemagne.

Si aucun accord n'est trouvé, le programme Scaf risque de ne jamais voir le jour. Dassault se tient même prêt à dégainer un plan "B" comme le répète souvent Éric Trappier, directeur général de Dassault Aviation.

"Un industriel responsable doit toujours avoir un plan B. Ce n'est pas une menace, c'est une réalité", affirmait sur BFM Business Éric Trappier en mars dernier en notant qu'il pourrait être mené "avec d'autres partenaires" qu'Airbus.

Une priorité absolue

Joël Barre n'évoque pas cette porte de sortie.

"Je veux croire à notre capacité à trouver une solution avec nos partenaires industriels et étatiques allemands et espagnols", a répondu le délégué général en rappelant que les développements du Rafale se poursuivent avec "le standard F5 prévu à l'horizon 2035".

De son côté, l'Allemagne a décidé de ne pas attendre pour remplacer ses 85 Tornado vieillissants. Berlin s'équipera de 50 avions de combat, 35 F-35 de l'Américain Lockheed Martin et 15 Eurofighter. Le gouvernement allemand affirme néanmoins que l'achat des F-35 ne remet pas en cause le Scaf. Le chancelier allemand Olaf Scholz a même affirmé que le projet d'avion européen est une "priorité absolue".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco