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Assurance Banque

Des négociations salariales annuelles sous tension dans les banques

Généralement en avance sur les autres secteurs, les banques sont en pleines négociations salariales annuelles. Mais sur les six grandes banques françaises, deux seulement ont pour l'instant réussi à conclure un accord.

C'est la traditionnelle période des négociations salariales. Dans la plupart des entreprises, les discussions ne débuteront que début 2024. Dans les banques, en revanche, elles touchent à leur fin et elles ont été particulièrement compliquées.

Sur les six grandes banques françaises, deux seulement ont pour l'instant réussi à conclure un accord. C'est le cas de la Banque Populaire, où la direction a proposé des augmentations comprises entre 2,5% pour les salaires inférieurs à 30.000 euros et 0,5% pour les salaires compris entre 50.000 et 80.000 euros. À cela s'ajoute une prime de partage de la valeur de 500 euros minimum.

C'est le cas aussi au Crédit Mutuel, où les salariés ont obtenu 2,2% d'augmentation pour tous et une prime de 3.000 euros.

Échec des négociations chez BNP Paribas

Partout ailleurs, les discussions ont été particulièrement tendues, voire se sont d’ores et déjà soldées par un échec. Ainsi, les syndicats de BNP Paribas ont refusé de signer l'accord, qui prévoyait 700 euros d'augmentation annuelle ainsi qu'une prime de 1.000 euros.

À la Société Générale, la dernière réunion s'est tenue lundi dernier. La direction a accepté de revoir sa copie: elle propose 2,5% d'augmentation pour les salariés qui gagnent moins de 45.000 euros et 1,5% au-delà et jusqu'à 60.000 euros, ainsi qu'une prime de partage de la valeur de 1.200 euros pour les salaires inférieurs à trois Smic.

Les syndicats ont une semaine, jusqu'au 11 décembre, pour se positionner. S'ils refusent de signer, alors la direction reviendra à sa proposition initiale: 1 à 2% d'augmentation pour les salaires inférieurs à 60.000 euros et 800 euros de prime au lieu de 1.200.

"C'est à prendre ou à laisser, or près de 40% des salariés sont exclus de l'accord", dénonce un responsable syndical.

Le SNB, premier syndicat au sein de la banque, ne signera pas, assure à BFM Business l'un de ses responsables.

Grève au Crédit Agricole

Enfin, les discussions sont également très tendues à la Caisse d'Épargne, où une dernière réunion s'est tenue ce jeudi. La direction propose 1,7% d'augmentation, sans prime.

Nicolas Otton, directeur de BNP Paribas Banque Privée France - 04/12
Nicolas Otton, directeur de BNP Paribas Banque Privée France - 04/12
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Quant au Crédit Agricole, où les négociations sur les salaires reprendront fin janvier, le Sneca, premier syndicat du groupe, a fini, sous la pression de sa base, par appeler à une grève ce mercredi pour tenter d'obtenir une prime de partage de la valeur. Un fait rarissime au sein de la banque.

"La dernière grève de ce type remonte à 1999", explique Samuel Mathieu, président du Sneca.

Le mouvement, suivi à 30% selon les syndicats et à 7% selon la direction, n'a pas suffi, à ce stade, à convaincre la direction qui privilégie désormais les augmentations de salaires à des primes.

Moins d'inflation, moins d'augmentation

Dans toutes les banques, les directions ont brandi les mêmes arguments. La Société Générale, dans un communiqué à ses salariés, a par exemple évoqué "le contexte économique actuel, complexe et incertain". Toutes soulignent également que, face à une inflation en baisse, elles n'ont plus de raison d'accorder d'aussi grosses augmentations que l'an passé.

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Tout cela est symptomatique de ce qui risque de se passer dans toutes les autres entreprises, lors des négociations annuelles en début d'année. Avec la baisse de l'inflation, les entreprises revoient les augmentations à la baisse, expliquent les experts du social. En face, les salariés eux ne voient pas encore les prix baisser et sont toujours aussi exigeants.

Enfin, les syndicats se disent que c'est peut-être la dernière chance, cette année, d'obtenir d'importantes augmentations. "Contrairement à ce qu'on pensait, les négociations risquent du coup d'être encore plus tendues que l'an dernier", résume un expert des relations sociales.

Caroline Morisseau