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L’inflation recule pour de bon, mais c’est au prix d’une croissance en panne

À 3,4% sur un an, la hausse des prix en novembre affiche son plus bas niveau depuis janvier 2022. Mais l'Insee constate aussi un très léger recul du PIB au troisième trimestre dont une partie s'explique par la crise du secteur de la construction, imputable aux décisions prises par la BCE pour lutter contre l'inflation.

Dans sa première estimation pour le mois de novembre, l’Insee confirme la tendance déjà observée le mois dernier. L’inflation en rythme annuel recule. Si on les compare à ceux de novembre 2022, les prix des biens et services n’affichent plus qu’une hausse de 3,4%.

L’inflation n’avait jamais été aussi contenue depuis janvier 2022. Le léger rebond de la hausse des prix à laquelle les Français ont dû faire face à la fin de l’été (+4,9% sur un an, aussi bien en août qu’en septembre) est derrière nous.

La hausse des prix de l'énergie divisée par quatre

Ce recul s’explique en large partie par l’évolution des tarifs de l’énergie. Chacun se souvient de l’envolée des prix du carburant en août puis en septembre. Mais à partir d’octobre, les prix à la pompe ont baissé pour revenir aux niveaux de juillet.

De telle sorte, que, toutes énergies confondues (électricité, gaz et carburant), la hausse des prix en rythme annuel a été divisée par quatre entre septembre et novembre, passée de près de + 11,9% à +3,1%.

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Les prix dans l'alimentaire restent 20% plus élevés qu'il y a deux ans

Pour autant, les consommateurs perçoivent mal ce recul de l’inflation car lorsqu’ils font leurs courses du quotidien, un constat s’impose: dans les rayons alimentaires, rares sont les prix qui baissent. De fait, l’Insee constate toujours un niveau élevé d’inflation du côté de l’alimentation: +7,6% en moyenne sur un an et +20,6% par rapport aux prix de novembre 2021.

Pour autant, cette inflation pèse moins qu’on n’aurait pu l'imaginer sur la consommation des ménages. L’Insee note même qu’au troisième trimestre, cet été donc, la consommation est légèrement repartie à la hausse. Mais il y a un autre moteur de l’économie française qui, lui, reste très clairement en panne: la construction. Et l’inflation en est aussi à l’origine.

Les promoteurs immobiliers ont vu la demande des ménages fondre de moitié

Pour lutter contre la hausse des prix, la Banque centrale européenne a en effet augmenté les taux d’intérêt. Cela a réduit la capacité des entreprises et des ménages à investir. De plus en plus de Français ont vu leur rêve d’acquisition immobilière brisé par les banques qui ne veulent pas leur prêter.

Un chiffre en témoigne plus que tous les autres: le niveau des réservations d’appartements et de maisons neuves enregistrés par les promoteurs. Il est passé de 33.121 sur les trois premiers mois de 2022 (niveau qui n’avait rien d’exceptionnel) à 16.201 au troisième trimestre de cette année.

Cette division par deux en l’espace de quelques mois met évidemment toute la filière (des entreprises de construction aux notaires) en difficulté. La panne de ce moteur important pour l’économie française explique, au moins en partie, pourquoi, pour la première fois depuis la crise Covid, le PIB de la France recule légèrement au troisième trimestre. L’Insee l’estime à -0,1%. De quoi relativiser la bonne nouvelle que constitue le recul de l’inflation.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco