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Prix des carburants en dessous de 1,80 euro: comment expliquer cette baisse et est-elle durable?

Le sans-plomb 95-E10 s'établissait la semaine dernière à 1,78 euro le litre, son plus bas niveau annuel. Un tarif équivalent à celui affiché par le gazole. Pour les spécialistes, la tendance devrait s'inscrire dans la durée même si des incertitudes persistent, notamment au Proche-Orient.

Les automobilistes peuvent souffler. Si les prix à la pompe demeurent élevés, les derniers chiffres publiés par le ministère de la Transition écologique sont plutôt rassurants alors que l'essence et le gazole s'affichaient tous les deux sous la barre de 1,80 euro le litre.

Dans le détail, le sans-plomb 95-E10 s'établissait la semaine dernière à 1,78 euro le litre (–3,6 centimes par rapport à la semaine précédente), à son plus bas niveau depuis le début de l'année. Un prix identique à celui affiché pour le gazole (- 2 centimes).

Demande chinoise en berne

Comment expliquer cette décrue alors même que l'embrasement au Proche-Orient depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre pouvait laisser craindre le pire? D'un côté, de nombreuses enseignes de distribution ont mis en place des opérations de vente à prix coûtant. L'effet de ces mesures reste toutefois limité, les marges du secteur étant estimées entre un et deux centimes par litre. Et ce, d'autant que la grande distribution a balayé d'un revers de main la requête du gouvernement, qui espérait que les stations puissent vendre le carburant sous son prix d'achat.

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Il faut également se tourner vers le prix du baril de Brent. Si ce dernier a atteint son plus haut niveau de 2023 au mois de septembre (93,72 euros), il est redescendu la semaine dernière aux alentours de 70 euros, plus de 12 euros en dessous de sa moyenne annuelle. Cette décrue est liée à la faible demande chinoise, premier importateur de brut au monde mais aussi des signaux mitigés envoyés par l'Europe et les Etats-Unis.

Voyants au vert, incertitudes au Proche-Orient

Pour les consommateurs, il s'agit désormais de savoir si cette baisse des prix à la pompe sera durable. Pour de nombreux spécialistes les voyants sont au vert malgré quelques incertitudes. Les perspectives économiques sclérosées de la deuxième économie mondiale invitent à l'optimisme sur le baril. Malgré une croissance de 1,3% au troisième trimestre par rapport à la période précédente, peu estiment que la demande chinoise repartira sur des chapeaux de roue prochainement.

Autre point positif: la réunion des pays producteurs de pétrole l'Opep+ - initialement prévue dimanche 19 novembre et reportée au jeudi 30 novembre - ne devrait pas avoir d'influence sur le cours du baril. Une restriction de la production de l'or noir n'est plus dans les tuyaux. Les inquiétudes se tournent presque uniquement vers le Proche-Orient. Une extension du conflit, avec par exemple une intervention de l'Iran, pourrait rappeler les souvenirs de la crise de 1973.

Théodore Laurent