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Airbus et Dassault prêts à repartir à l’assaut d’Atos

Les deux rivaux s’affrontent pour remporter la cybersécurité d’Atos. Ils se livrent une bataille en coulisses.

L’assemblée générale d’Airbus qui se tient aujourd’hui, devrait être calme. Il s’en est fallu de peu pour que son actionnaire minoritaire, le fonds activiste The Childreen Investment (TCI) s’en mêle pour empêcher le groupe de se lancer dans le rachat d’Atos. Pour éviter une fronde à son assemblée générale, Airbus a renoncé il y a trois semaines à prendre 30% du capital d’Evidian, la filiale d’Atos qui regroupera dès cet été ses activités de digitalisation informatique, de cloud et surtout, sa pépite de cybersécurité.

Mais l’avionneur "discute toujours avec Atos d’un partenariat qui peut prendre plusieurs formes, avec ou sans participation au capital" assure la direction, sans plus de détail. Les négociations devraient ainsi reprendre une fois passée l’assemblée générale. "Airbus pense que prendre 30% d’Evidian n’est pas suffisant" décrypte une source. Airbus est prêt à en prendre le contrôle mais Atos ne veut pas le lâcher. L’objectif est aussi de ne pas laisser le champ libre à son rival Thales.

Le groupe de défense avait pourtant refusé de faire une offre pour Evidian en début d’année. Son premier actionnaire, le groupe Dassault avait alors bloqué les ambitions de l’Etat français, lui aussi actionnaire de Thales, qui y était favorable. Le patron de Dassault, Charles Edelstenne "ne veut pas se lancer dans un meccano compliqué et estime qu’Evidian est trop éloigné du métier de Thales", explique un proche de l’empire familial. "Atos ne veut tellement pas de nous que pour remporter la mise on aurait dû payer deux fois plus cher que les autres" ajoute un cadre de Thales.

L'enjeu de l'avion de combat du futur

Mais là aussi, chez Thales, on promet être toujours intéressé par la pépite de cybersécurité d’Atos. "Elle reste notre objectif mais on ne fera rien d’hostile" justifie un proche du groupe. Thales reste persona non grata chez Atos. Alors que fait-il? "On ne sait pas à quoi jouent les Dassault, persifle un acteur du dossier. Ils veulent aussi empêcher Airbus de mettre la main sur la cybersécurité qui constituerait un énorme avantage pour la conception du Scaf (système de combat aérien du futur, ndlr)". Cette guerre de position pourrait bien profiter à Atos.

Une poignée de petits actionnaires, menés par Sycomore, vont demander le changement de la moitié du conseil d’administration lors de la prochaine assemblée générale prévue en juin. Ils réclament surtout que le projet de filialisation d’Evidian soit soumis à leur vote. Certains s’interrogent déjà sur la possibilité d’y renoncer pour qu’Atos continue seul sa route. L’affrontement entre Airbus et Dassault pourrait alors conduire à un statu quo du groupe de services informatiques.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business