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Réformes des retraites: Sophie Binet dénonce "une hypocrisie totale" de la part de l'exécutif

Invitée sur le plateau de BFMTV, la secrétaire générale de la CGT a critiqué l'attitude d'Emmanuel Macron qui "fait les choses dans le mauvais ordre" en appelant les syndicats à la discussion après avoir promulgué la réforme des retraites.

Quelle est la position de la CGT face à l'invitation d'Emmanuel Macron à la discussion? Invitée sur le plateau de BFMTV ce matin, Sophie Binet a rappelé que l'organisation syndicale "n'est jamais partisane de la chaise vide" mais a reconnu qu'elle aurait "du mal à retrouver des relations de confiance" tant que cette réforme n'est pas retirée.

La secrétaire générale de la CGT a notamment dénoncé l'attitude de l'exécutif tout au long de cette séquence sociale: "On est confronté à une hypocrisie totale avec d’un côté un gouvernement qui pendant trois, voire six mois, refuse d’entendre les propositions des syndicats pour financer notre régime des retraites, qui refuse de nous rencontrer et qui tout d'un coup fait passer sa réforme en force en la promulguant à la va-vite dans la nuit du week-end et se réveille le lendemain en disant « je veux recevoir les syndicats »."

Donner la priorité à l'emploi des seniors

Sophie Binet estime que les choses sont faites dans le désordre, à l'image de la problématique de l'emploi des seniors sur laquelle le président de la République appelle les partenaires sociaux à travailler pour aboutir à des solutions avant la fin de l'année.

"L’emploi des seniors est prioritaire. Si on était à la moyenne européenne, il n’y aurait pas de déficit de notre système de retraites car ça ferait rentrer près de 15 milliards d’euros de cotisations supplémentaires dans nos caisses de retraites."

"Il fallait commencer par l’emploi des seniors avant de faire cette réforme violente, insiste-t-elle. C’est l’emploi des seniors qui conditionne le fait qu’on peut éventuellement allonger et reporter l’âge de départ en retraite. Aujourd’hui, il y a un chômage massif puisque plus de la moitié des personnes de plus de 60 ans ne sont pas au travail et pas à la retraite parce qu’on n’en veut pas."

Des pistes pour augmenter les salaires

Alors que l'inflation ne faiblit pas, Sophie Binet a également critiqué l'absence du terme "salaires" dans le vocabulaire du chef de l'Etat, qui préfère renvoyer la balle vers les patrons pour les augmenter. "Le gouvernement a des leviers d’action et la CGT porte une proposition simple: ça s’appelle l’échelle mobile des salaires qui existait jusqu’en 1983 en France et c’est encore en vigueur en Belgique. Cela revient à indexer les salaires sur les prix pour que les salaires augmentent automatiquement avec les prix".

"Quand on voit que les prix alimentaires ont augmenté de 20% depuis le début de l’année, on mesure combien cette disposition changerait la vie des gens", appuie Sophie Binet.

La secrétaire générale de la CGT considère également que les entreprises pourraient être mises à contribution: "Chaque année, on dépense 200 milliards d’aides publiques pour les entreprises sans contre-partie ni condition. Si on conditionnait ces aides publiques à des objectifs sociaux ou environnementaux, on aurait un levier pour agir sur les entreprises et on pourrait conditionner le versement de ces aides à la conclusion d’accords salariaux pour que les salaires augmentent."

Timothée Talbi