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Réforme des retraites: vers une mobilisation "historique" de la jeunesse ce mardi?

Alors que leur présence est de plus en plus remarquée dans les cortèges des manifestations contre la réforme des retraites, les étudiants et lycéens bloqueront et défileront en plus grand nombre ce mardi, selon les renseignements territoriaux.

"Nous attendons encore énormément de monde demain", a affirmé ce lundi sur BFMTV Imane Oulehadj, présidente de l'Union nationale des étudiants de France (Unef), à quelques heures de la dixième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites.

La jeunesse devrait être présente en masse dans les rangs des manifestants. C'est en tout cas ce que prévoient les renseignements territoriaux dans une note que BFMTV a pu consulter ce lundi. Selon eux, les jeunes seront notamment poussés par les débordements de la semaine dernière et les accusations de violences policières envers les manifestants.

Si les jeunes étaient environ 30.000 lors de la dernière marche selon les renseignements, leur présence ce mardi devrait doubler, voire tripler.

Établissements bloqués et présence dans les cortèges

Les lycéens et étudiants devraient être sur le front dès mardi matin pour bloquer leurs établissements scolaires: une centaine de lycées et de sites universitaires pourrait être concernée, prévoient les renseignements territoriaux.

"Des blocages d’universités sont prévus. Les jeunes se préparent pour la date de demain qui va être historique, un point culminant de cette mobilisation", a confirmé la représentante syndicale Imane Oulehadj.

Par la suite, ces jeunes devraient s'élancer avec les cortèges syndicaux en début d'après-midi, toujours selon les renseignements.

Jeudi, lors de la dernière journée de mobilisation intersyndicale, le ministère de l'Éducation nationale a signalé "148 incidents" dans des lycées en France, dont 38 blocages et 70 blocages filtrants.

Le syndicat étudiant L'Alternative a comptabilisé quelque 80 écoles d'enseignement supérieur et universités mobilisées, dont une soixantaine bloquées ou occupées, notamment à Paris, Clermont, Poitiers, Tours, Strasbourg, Grenoble, Chambéry, Toulouse ou Versailles.

"Bâtir une autre société"

D'après l'Unef, la colère monte du côté des étudiants "depuis l'annonce du 49.3" par le gouvernement d'Élisabeth Borne. "Nous ne sommes pas dupes", a lancé Imane Oulehadj qui a fustigé les déclarations du gouvernement selon lesquelles la réforme des retraites bénéficiera à la jeunesse. "Les jeunes sortent dans la rue pour bâtir une autre société plus juste."

Jusque-là plus timide - tant le sujet des retraites peut sembler éloigné de leurs préoccupations - la mobilisation de la jeunesse s'est renforcée depuis plus d'une semaine.

Stéphane Sirot, historien et sociologue, spécialiste des mouvements sociaux, a relevé auprès de l'AFP "une présence plus marquée des jeunes, étudiants surtout". "Ils s'impliquent davantage. Cela marque sans doute un tournant, car la question va au-delà de la réforme des retraites en elle-même".

"Depuis l'adoption du 49.3 par le gouvernement, la question démocratique les taraude", ajoute-t-il. "Ça peut apporter du grain à moudre à la mobilisation."

La présidente du plus grand syndicat étudiant a également souligné le fait que le gouvernement avant repoussé la réforme des bourses, qui aurait permis de lutter contre la précarité étudiante. Cette "mise sur pause" mi-février sera une autre revendication entendue dans les cortèges mardi.

Des conditions optimales pour manifester

Ce mardi, les lycéens pourront bénéficier d'un calendrier d'examens beaucoup plus souple que lors des premières journées de mobilisation. La semaine dernière, nombre d'entre eux ont passé les épreuves écrites de spécialités du baccalauréat général et technologique. Ils n'auront désormais plus d'épreuves d'ici juin. De quoi libérer du temps pour ceux qui souhaitent se rendre en manifestation.

De plus, d'un point de vue météorologique, le retour de la douceur dans une large partie du pays devrait être un facteur d'une plus grande mobilisation dans la rue chez les jeunes.

Théo Putavy