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Pourquoi Wish est-elle la seule plateforme de e-commerce dans le viseur de Bercy?

Wish prépare son introduction en Bourse

Wish prépare son introduction en Bourse - AFP

Sur demande de Bercy, Wish a disparu des moteurs de recherche et des magasins d'applications. Pourtant, lors de son enquête, la DGCCRF a identifié des irrégularités sur d'autres places de marché.

En France, Wish a disparu progressivement des résultats des principaux moteurs de recherche et magasins d'applications. La conséquence d'une mesure rare, ordonnée par Bercy en raison de la vente d'objets non-conformes et dangereux. Le site américain reste néanmoins accessible à condition de renseigner l'URL précise.

Wish est spécialisé dans la vente d'articles à très bas prix, destinés à ses 100 millions d'utilisateurs actifs dans le monde. Des produits parfois de piètre qualité, généralement fabriqués en Chine. D'autres plateformes comme AliExpress, Joom ou Shein fonctionnent sur le même principe.

Mais Wish est la seule place de marché à faire l'objet d'une mesure de déréférencement commandée par Bercy. Cette sanction fait suite aux conclusions d'une enquête menée, comme chaque année, par la DGCCRF. Les services de la répression des fraudes ont analysé, en 2020, dix places de marché. Sur les 129 produits commandés et analysés sur ces plateformes, plus de 60% étaient en anomalie, dont 28% de produits jugés non-conformes et 32%, non-conformes et dangereux.

"D'autres demandes ne sont pas exclues"

Tous ne provenaient pas de Wish. La DGCCRF refuse de donner les noms de toutes les plateformes analysées au cours de son enquête car celles-ci ne doivent pas être prévenues qu'elles font l'objet d'un contrôle.

Par la suite, Wish a fait l'objet d'une seconde enquête. Sur 140 produits analysés, 90% des appareils électriques analysés étaient considérés comme dangereux, tout comme 62% des bijoux fantaisie et 45% des jouets.

Alors pourquoi Wish est-elle la seule visée par Bercy? Car le site américain avait un taux de produits non-conformes plus élevé que les autres, assure la DGCCRF à BFM Business.

"D'autres demandes de déréférencement ne sont pas exclues", précise cependant la répression des fraudes.

L'administration affirme d'ailleurs avoir voulu sanctionner une autre place de marché que Wish, avant que celle-ci ne cesse d'exercer en France sans même avoir reçu de demande de la part de Bercy. Son nom n'a pas été communiqué.

D'autres plateformes pourraient donc connaître le même sort que Wish. Pour rappel, le site américain n'a que "quelques semaines" pour se mettre en conformité, sous peine d'interdiction sur le territoire français, a menacé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

150 millions de produits en ligne sur Wish

Mais Wish aura bien du mal à contrôler en si peu de temps la conformité des 150 millions de produits en ligne sur son site, proposés par quelques 500.000 vendeurs tiers. Wish se cache d'ailleurs derrière son statut de simple hébergeur et affirme dans un communiqué n'avoir "aucune obligation légale d'effectuer des contrôles" sur ces produits. Une position contredite par un récent jugement en Californie sur le statut de simple hébergeur d'Amazon.

Wish avait annoncé la semaine dernière vouloir riposter en entamant "un recours juridique" contre l'action jugée "illégale et disproportionnée menée par la DGCCRF". Contacté ce lundi, Wish n'a pas souhaité indiquer si ce recours avait effectivement été déposé à la justice.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech