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Comment la montagne veut se réinventer

Vue d'ensemble de la station de ski de La Plagne

Vue d'ensemble de la station de ski de La Plagne - JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

La fermeture des remontées mécaniques à Noël et en février a fortement pénalisé les acteurs de la montagne. Diversification des activités, mise en avant de l'argument santé: les pistes sont nombreuses pour pousser le secteur à se réinventer.

Après une saison quasi blanche, la montagne cherche son avenir. Le secteur doit se réinventer pour survivre. L'une des pistes envisagées est la diversification de l'offre. Seulement 6% à 8% des Français pratiquent le ski alpin et pourtant, cette activité rapporte encore l'essentiel du chiffre d'affaires des stations.

Le potentiel des autres activités est colossal sur le long terme. Invité de Good Morning Business ce mardi, le patron de Rossignol, Bruno Cercley, précise avoir "déjà fait le pari de la diversification depuis plusieurs années", en investissant le marché du vélo avec des vélos de route, des VTT classiques et électriques.

"Il y a beaucoup d'acteurs et beaucoup de concurrence. Oui, ces activités se développent mais elles ne représentent que 30% de notre chiffre d'affaires, le reste étant généré par l'équipement de sport d'hiver", détaille Bruno Cercley.

A cause du Covid, les remontées mécaniques sont restées fermées à Noël et en février, entraînant une fréquentation en berne. Ceux qui s'y sont tout de même rendus ont pu découvrir d'autres pratiques que le ski alpin, à l'image des raquettes ou du ski de randonnée, plus physique.

Repenser la montagne

Le gouvernement a lancé il y a deux semaines des concertations à Chamonix autour de son futur plan d'investissement consacré à l'économie de montagne. Le but: aider les acteurs à rester debout après une saison catastrophique et établir "une feuille de route pour la montagne dans les dix prochaines années." Les premières propositions devraient émerger début mai.

"La montagne post-2021 ne sera plus celle d’hier. Mais pour autant, il ne s’agit pas de revenir à celle d’avant-hier", avait prévenu Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la ruralité.

Avec le réchauffement climatique et la raréfaction de la neige, particulièrement dans les stations de moyenne montagne, les exploitants ont tout intérêt à proposer de nouveaux services et à mettre en avant les savoir-faire des artisans et commerçants locaux.

Autre piste plus marketing, jouer la carte de la prévention santé en mettant en avant le grand air et en proposant des services de spa et de cures thermales.

Le pire est à venir pour les fabricants de matériels

Pour aider les acteurs en difficulté, le gouvernement a décidé d'élargir progressivement le fonds de solidarité à l'industrie de la montagne. Pour l'heure, Rossignol ne peut pas en bénéficier. "On a une baisse de chiffre d’affaires de 56% sur la partie facturation France, mais inférieure à 50% si on regarde la facturation mondiale", explique Bruno Cercley, le patron de l'entreprise fondée en 1907, qui espère encore faire évoluer la situation.

Pour les fabricants de matériels de sports d'hiver, l'année 2021 s'annonce pire encore que la précédente. Rossignol prévoit une perte de 70% de son activité cette année.

"Normalement, en ce moment, on vend des skis pour la saison prochaine. Mais ce n'est pas le cas en France. Les skis ne sont pas sortis, ils sont neufs dans les magasins. Les détaillants n'ont donc aucune raison de renouveler leur parc, de part leur qualité et leur situation financière qui ne le permet pas forcément", déplore le patron de Rossignol. "Pour nous, la catastrophe arrive".
https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech