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Autotests: les fabricants sur le pied de guerre avant une possible commercialisation en France

Alors que la commercialisation des autotests contre le Covid-19 pourrait être autorisée prochainement dans l'Hexagone, plusieurs fabricants fournissent déjà plusieurs pays, comme l'Allemagne et les Etats-Unis où la demande explose.

Après l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal, ou encore l’Autriche, les autotests de dépistage du Covid-19 pourraient être prochainement autorisés en France. Invité de BFM Politique dimanche, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a même promis une "commercialisation" de ces nouveaux outils de lutte contre la pandémie "dès cette semaine".

Les fabricants, qui vendent déjà pour la plupart leurs autotests à l’étranger, sont en tout cas dans les starting-blocks, même s’ils ne s’attendent pas à un déploiement massif du jour au lendemain dans l'Hexagone:

"Il y a encore quelques étapes à franchir, la première étant d’avoir l’avis de la Haute Autorité de Santé. Il y a aussi un arrêté qui interdit aujourd’hui la vente d’autotest en France, il faudra le faire sauter. Et puis il faudra définir un certain nombre de choses, ne serait-ce que le remboursement ou non du dispositif, où est-ce qu’on va le trouver, en supermarché? En officine…?", liste Nicolas Contassot, directeur de la communication d’Innova Medical Group Europe, entreprise de Med Tech spécialisée dans la production d’autotests.

11 fabricants approuvés en Allemagne

En Allemagne, les autorités sanitaires ont opté pour un déploiement à grande échelle en autorisant la vente d’autotests dans les grandes surfaces. Pour l’heure, 11 fabricants (Biosensor, Ameda, Siemens Healthcare Diagnostics, Biosynex…) ont reçu le feu vert pour commercialiser leur production. Et le succès a été au rendez-vous. Les enseignes Aldi et Lidl qui proposent des kits de cinq tests à réaliser à domicile pour 24,99 et 21,99 euros, ont vu leurs rayons pris d’assaut.

Une ruée qui n’étonne pas les fabricants qui vantent l’efficacité et la simplicité de leurs produits. "Vous avez un prélèvement très simple à faire. Pas besoin d’aller chercher au bout du canal nasal avec l’écouvillon, jusqu’à 2cm sur la cloison nasale suffisent, ou alors au fond de la joue", explique Nicolas Contassot. Il suffit ensuite d’ajouter un réactif et le résultat est connu en "5-6 minutes", promet le directeur de la communication d’Innova Medical Group Europe.

Vendu librement aux Etats-Unis par boîte de trois ou sept, l’autotest d’Innova produit en Chine et en Californie a également été autorisé au Canada et au Royaume-Uni où les entreprises le fournissent gratuitement aux salariés. Le laboratoire dit avoir une capacité de production de 25 millions de tests par jour et espère la porter à 50 millions d’ici l’été alors qu’il a déjà enregistré des "commandes de milliards de tests rien que pour l’Etat de Californie".

Eurofins, des méthodes de prélèvement différentes par pays

Le Français Eurofins Scientific fait aussi parti des acteurs sur lesquels il faudra sans doute compter. Sa filiale empowerDX a récemment obtenu l’aval de la FDA (Food an Drugs Administration) aux Etats-Unis pour vendre son autotest en parapharmacie sans ordonnance avec un système de collecte. "Il permet aux gens de se prélever eux-mêmes, de déposer l’échantillon dans un point de collecte sécurisé et de recevoir le lendemain les résultats", expliquait début mars à BFM Bourse, Gilles Martin, PDG d’Eurofins Scientific. Quelques jours plus tard, le laboratoire nantais était autorisé à commercialiser son autotest sur Amazon.

Le test d'Eurofins est également disponible en ligne en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni avec différentes méthodes prélèvement (gargarisme, écouvillon nasal, échantillon de salive). Le groupe dit en outre ne pas prévoir "de difficultés à répondre à la demande. Que ce soit pour les kits d'auto-collecte ou les tests PCR".

En France, Eurofins constate "un intérêt croissant pour l'auto-prélèvement de salive, pour l'instant surtout envisagé dans le cadre des tests scolaires" mais dit penser "qu'une fois ce processus adopté et prouvé efficace, une adoption plus large de l'auto-échantillonnage pourrait suivre".

Efficacité de "92-93%"

Si la France était jusqu’à présent méfiante vis-à-vis des autotests, c’est en raison de leur fiabilité moindre (estimée entre 70 et 80% au mieux) que celle des tests classiques PCR. Or, Innova Medical Group assure que son test est extrêmement fiable, à condition que celui qui l’utilise soit bien informé:

"Si on n’accompagne pas les gens, on a une fiabilité de l’ordre de 50%, si on les accompagne et qu’on leur explique comment s’en servir, l’efficacité monte à 92-93%", promet Nicolas Contassot.

Pour assurer cet accompagnement en amont comme en aval, une application livre les instructions de prélèvement en complément de l'autotest. Elle permet également de scanner son résultat si l’on veut justifier d’un test négatif pendant 48 heures ou être orienté vers un professionnel de santé dans le cas où le test se révèle positif.

Pour fournir le Vieux continent, Innova dispose actuellement de deux zones de stockage à Londres, et d’un autre centre de stockage à Rotterdam. Le laboratoire envisage toutefois l’implantation d’une ligne de production en Europe continentale. En France, il estime pouvoir vendre son autotest entre 6 et 8 euros l’unité.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco