Mort d'Émile: l'enfant a-t-il pu rejoindre seul le sentier où ont été découverts ses ossements?

Le sentier sur lequel ont été retrouvés les ossements du petit Emile le 30 mars dernier est "étroit" et "forestier". Émile, lors de sa disparition le 8 juillet dernier, aurait-il pu y marcher seul?

Enquêteurs, habitants... Depuis la découverte des ossements d'Émile dans un sentier à proximité du Haut-Vernet ce samedi 30 mars, la question est dans nombre de têtes: comment l'enfant, alors âgé de 2 ans au moment de sa disparition, a-t-il pu parcourir les kilomètres qui le séparaient de la zone de recherches actuelles de la maison de ses grands-parents?

Pour le moment, toutes les hypothèses sont sur la table et les enquêteurs n'excluent pas la possibilité qu'Émile ait parcouru la distance à pied. Même malgré les difficultés qui auraient pu se dresser sur son chemin.

Un chemin "étroit" et "forestier"

Dimanche, au lendemain de la découverte des ossements, une source proche de l'enquête appuyait ces hypothèses auprès de BFMTV. "On est parfois surpris, lors de recherches sur des disparitions, de la distance qui peut être couverte par des vieillards malades ou par des enfants. Donc rien ne doit être considéré comme "impossible" a priori", soufflait-elle.

Le sentier sur lequel a été découvert le crâne et quelques dents du petit garçon se trouve au sud du hameau, après la chapelle Saint-Pancrace. Les locaux l'appellent "les 4 chemines" car il prend la forme d'une patte d'oie qui mène à plusieurs quartiers: Ville vieille, les Auches et le col du Labouret.

"La zone est en pleine nature, assez escarpée, boisée, pas toujours facile d’accès, à environ un kilomètre à vol d’oiseau du Haut Vernet", expliquait Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie nationale sur BFMTV dimanche.

Lors de sa conférence de presse organisée hier, mardi 2 avril, Jean-Luc Blachon, procureur de la République d'Aix-en-Provence, a précisé la géographie du lieu. "C'est un chemin étroit, forestier, qui suit une courbe de niveau. On devine qu'il s'agit, en été, d'une zone très végétalisée", a-t-il précisé.

Lors de sa disparition, le 8 juillet 2023, la végétation autour du hameau était ainsi particulièrement dense, comme attestent les images tournées par les équipes de BFMTV à l'époque.

Un sentier à 25 minutes à pied du village pour un adulte

L'endroit, niché en pleine nature, est apprécié des randonneurs, mais est aussi un lieu de passage. C'est ce que François Balique, maire du Vernet, indiquait dimanche. "C'est un endroit où passent les chasseurs et leurs chiens, les habitants quotidiennement et où des travaux forestiers ont été réalisés à l'automne", précisait l'édile.

Seule une difficulté se dresse sur quelques endroits du sentier: la pente. "Il ne présente pas de difficulté particulière (...) si ce n'est que dans sa partie sous-bois, le terrain est de part et d'autre très pentu", a expliqué le procureur de la République. Depuis le bas du village, "il peut être rejoint à pied à 25 minutes environ à marche d'homme", indique-t-il. Donc près du double pour un enfant de 2 ans.

Autre variable, la présence de petits ruisseaux à enjamber, dont un grand le long duquel a été découvert le crâne du jeune garçon.

"À proximité du lieu, un ruisseau descend la montagne (...) qu'on peut deviner par fortes pluies devenir un torrent", précise Jean-Luc Blachon.

Au long de celui-ci, les enquêteurs ont retrouvé des vêtements "éparpillés sur quelques dizaines de mètres" - un t-shirt, des chaussures et une culotte - de l'enfant "à environ 150 mètres" plus bas du lieu de la découverte des ossements d'Émile.

Une zone dans le périmètre de recherches

La zone de ces découvertes se trouve dans le périmètre des recherches mis en place à l'été dernier. Sur le secteur, de nombreux bénévoles avaient ratissé et cherché des indices, appuyés par de nombreux gendarmes.

Jean-Luc Blachon, le procureur de la République, a indiqué que si le crâne d'Émile a été retrouvé sur ce périmètre de recherche, il "ne peut affirmer aujourd'hui que chaque mètre carré a été foulé par un membre des équipes de recherche".

"Je peux dire aujourd'hui avec certitude qu'ils (des drones et des chiens spécialisés dans la recherche de cadavre, NDLR) n'ont pas couvert la zone dans laquelle les ossements d'Émile ont été retrouvés", a-t-il précisé.

Désormais, les recherches se poursuivent sur place. Une centaine de gendarmes sont toujours mobilisés, accompagnés d'experts en anthropologie.

Martin Regley Journaliste