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Alpes-de-Haute-Provence: le monde agricole toujours en détresse

Les agriculteurs déclarent ne plus réussir à s'en sortir financièrement et appellent l'Etat à prendre des mesures concrètes.

Les agriculteurs déclarent ne plus réussir à s'en sortir financièrement et appellent l'Etat à prendre des mesures concrètes. - Barbara Tornambe/BFM DICI

Près de trois mois après leur mobilisation, les agriculteurs ne se sentent toujours pas entendus par le gouvernement. Leur sentiment de mal-être ne cesse de s'amplifier. Prédation, lois EGALIM, aides PAC ou encore mesures phytosanitaires... Aujourd'hui, ils n'arrivent plus à s'en sortir.

Avec des charges qui explosent et des contraintes toujours plus importantes, les agriculteurs n'arrivent plus à plus joindre les deux bouts. Le retard d'une partie des aides de la PAC les pousse aujourd'hui à puiser de leurs économies personnelles.

"Il y a quelques mois, on était plutôt concerné par un secteur puis ensuite un autre. Désormais, on a tout qui est en corrélation. Le retard de la PAC et des paiements fragilise un équilibre qui n'y était déjà plus", confie Benjamin Ferrand, le président des Jeunes Agriculteurs (JA) des Alpes-de-Haute-Provence.

Ce manque d'investissements de la part de l'Etat est également pointé du doigt par Laurent Depieds, le président de la Fédération départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA) de la région.

"S'il n'est pas en capacité de payer dans les délais avec ses réglementations et ses logiciels trop contraignants, il faut qu'il mette des outils de paiements d'acomptes pour les régler le plus rapidement possible. Pour les mesures loup, on demandait par exemple 60% d'acompte N-1", explique-t-il au micro de BFM DICI.

Des agriculteurs qui "doivent faire la banque"

Des agriculteurs vivent donc au jour le jour et sont contraints de faire des avances de trésoreries. Jérôme Julien est agriculteur et éleveur ovin à Beynes, près de Digne-les-Bains. Il a récemment dû contracter un prêt à court terme auprès de sa banque pour poursuivre son activité.

"Ca devient vraiment très compliqué. Que ce soit l'énergie, les intrants ou le matériel agricole... Tout a pris un bond. On arrive plus à entretenir les machines que l'on a déjà", explique-t-il.

Il poursuit: "Si l'Etat ne revoit pas sa politique, ce sera très compliqué pour nous. Aujourd'hui, on doit faire l'avance de pratiquement 18 mois sur les mesures de protection loup. On doit faire la banque mais on n'a plus de trésorerie, on n'a plus les moyens".

Un emprunt de plus de 25.000 euros et une situation intenable pour le monde agricole, qui attend désormais des actes concrets de la part du gouvernement. Parmi leurs revendications se trouvent notamment le respect des lois EGALIM, l'application des clauses miroirs, la simplification des curages des cours d'eau, une avance de trésorerie pour faire face à la prédation et des aides en temps et en heure, rappellent la FDSEA et les JA des Alpes-de-Haute-Provence.

Les agriculteurs nous indiquent ne pas exclure la mise en place de nouvelles actions "coup de poing" dans les jours à venir. 

Barbara Tornambe avec Mélanie Hennebique