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Hautes-Alpes: le nouveau plan loup jugé insatisfaisant par des éleveurs et des défenseurs du canidé

L’objectif de ce plan loup est de renforcer la coexistence du loup et des activités pastorales, mais des éleveurs et des défenseurs du loup sont insatisfaits. 

Révélé vendredi dernier par le gouvernement, le plan loup 2024-2029 est accompagné de deux arrêtés. L’un concerne la simplification du protocole de tirs, l’autre, l’augmentation des barèmes d’indemnisation des dommages subis par les élevages victimes de prédation.

L’objectif de ce plan loup est de renforcer la coexistence du loup et des activités pastorales, mais des éleveurs et des défenseurs du loup sont insatisfaits. 

"Ça ne fait pas reculer la prédation"

Si une simplification des modalités de tir de défense est prévue notamment avec le recours à deux, voire trois tireurs et que les autorisations de tirs devraient être délivrées plus rapidement (maximum 48h après une attaque), certains déclarent que cela ne réglera pas le problème actuel de la prédation. 

"Nous sommes pour les tirs, mais dans les faits ça ne fait pas reculer la prédation", affirme Boris Emeriau, représentant de la Confédération Paysanne des Hautes-Alpes. 

Certains défenseurs du loup vont même plus loin comme Patrick Boffy, vice-président de l’association FERUS, qui milite pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs. "Jusqu’à présent, aucune étude n’a démontré que les tirs diminuaient la prédation. Une étude française a été menée durant trois ans, mais la conclusion a été qu’il n’y en avait pas."

Dans ce nouveau plan, le plafond de tirs mortels sur les loups reste à 19%. "Je ne vois pas en quoi cela va faciliter les tirs. L’an dernier, on a pratiquement atteint le maximum. On a l’impression que l’État cherche à diminuer la population de loups. L’état d’esprit est désagréable", ajoute Patrick Boffy.

Le loup est un animal protégé par la Convention de Berne et par la Directive "Habitat, Faune et Flore". Si la France apporte son appui sur le reclassement du loup d’espèce strictement protégée à espèce protégée, pour l’association FERUS, "cela ne se fera pas à court terme".  

Entre indemnisations, attentes et statut du chien de protection

En ce qui concerne les montants d’indemnisation des éleveurs subissant des attaques de loups, ils ont été revalorisés à plus de 33% pour les ovins et à plus de 25% pour les caprins.  

Boris Emeriau, représentant de la Confédération Paysanne des Hautes-Alpes, continue d'avoir de nombreuses attentes et pointe du doigt les démarches administratives dématérialisées, le manque réel de prise en compte des bovins et le manque d’anticipation sur la croissance du loup au niveau du territoire avec un risque de prédation plus élevé. 

Autre point évoqué dans le plan loup, le statut du chien de protection avec l’ajout d’un article au sein du projet de loi d’orientation et d’avenir agricole. L’objectif est de sécuriser les éleveurs dans l’usage de leurs chiens de protection, notamment au regard de leur responsabilité pénale.  

Si le loup est réapparu en France il y a une trentaine d’années, sa croissance sur le territoire est à l’origine des attentes des éleveurs et des défenseurs du loup qui restent encore nombreuses.  

Sandrine Baccaro et Solenne Bertrand