Stellantis investit 30 milliards d'euros pour accélérer son électrification

Le groupe issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler a présenté sa stratégie dans l'électrique avec quatre nouvelles plateformes prévues pour 2025 et cinq usines de batteries d'ici à 2030, dans un contexte où la réglementation pourrait fortement se durcir, en particulier en Europe.

Stellantis accélère dans l'électrique. Le groupe issu de la fusion entre PSA et FCA (Fiat-Chrysler) a dévoilé ce jeudi 8 juillet sa stratégie pour les années à venir et faire face aux changements importants dans le secteur automobile. Au programme: 30 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2025 pour développer son offre électrique.

Une boite à outils technologique

Les 14 marques du groupe, de Peugeot à Maserati en passant par Fiat, Citroën, Opel, DS, Alfa Romeo, Jeep ou encore RAM, pourront ainsi piocher dans les différentes technologies développées afin de proposer des modèles 100% électriques performants, a expliqué le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares.

Le plan d'investissement prévoit notamment de développer quatre plateformes ("STLA Small", "STLA Medium", "STLA Large" et "STLA Frame"), offrant entre 500 et 800 km d'autonomie, et afin de correspondre à tous les besoins des différentes marques, des voitures citadines au plus gros véhicules.

A partir de 2025, les 14 marques du groupe Stellantis pourront profiter de quatre plateformes dédiées au 100% électrique. © Stellantis

Dans ce cadre, trois nouveaux moteurs électriques seront aussi développés, avec des puissances de 70 kW (95 chevaux) à 330 kW (450 chevaux).

Le groupe va aussi développer ses propres logiciels afin d'accompagner cette électrification. A noter que cette partie "software" du plan d'investissements se concentrera sur la gestion de l'énergie à bord et de la conduite. D'autres annonces seront faites, et donneront lieu à d'autres investissements, concernant en particulier l'infodivertissement, quelques semaines après l'annonce d'un partenariat important dans ce domaine avec Foxconn.

Une troisième Gigafactory en Italie, cinq au total

Autre point essentiel pour des voitures électriques: les batteries. Stellantis peut notamment miser sur ACC, sa coentreprise avec Total-Saft. Après le site français de Douvrin, qui doit démarrer sa production en 2023, et celui de Kaiserslautern, en Allemagne, à partir de 2025, Carlos Tavares a confirmé que cette troisième "Gigafactory" serait située en Italie, avec une transformation de l'usine de moteurs de Termoli.

Au total, Stellantis prévoit encore de construire deux usines supplémentaires pour disposer d’un total de cinq gigafactories entre l’Europe et les Etats-Unis, avec une capacité totale de production de batteries de plus de 260 gigawattheures (GWh).

A partir de 2024, le groupe veut s'appuyer sur deux technologies de batteries: une batterie au nickel "à haute densité énergétique" et une autre évitant l'utilisation de nickel et de cobalt, avec un coût réduit de 20%. "En 2026, la première technologie de batterie à électrolyte solide concurrentielle devrait être introduite", précise le communiqué de Stellantis.

Deux technologies de batteries seront utilisées à partir de 2024 © Stellantis

Des marques de plus en plus électriques

A l'occasion de ce plan d'électrification, Opel a annoncé qu'elle deviendrait une marque 100% électrique à partir de 2028 en Europe. Pour Abarth, ce sera dès 2024.

Une première pour des marques du groupe Stellantis, alors que des concurrents avaient déjà annoncé ce virage complet vers le 100% électrique, comme Volvo, Alpine, Jaguar ou encore Ford.

Fiat aussi prévoit de passer au 100% électrique uniquement, mais attend de savoir quand elle pourra proposer ces modèles au même prix que le thermique, entre 2025 et 2030, prévoit le directeur général de la marque Olivier François.

Et pourquoi pas en 2026? C'est en effet l'année à laquelle Stellantis s'attend à ce que le coût total de possession (TCO) des voitures électriques sera équivalent à celui des véhicules à moteur thermique.

Alors que Stellantis compte vendre 14% de voitures basses émissions (voitures 100% électriques et hybrides rechargeables) en Europe en 2021 et 4% aux Etats-Unis, le groupe prévoit de grimper respectivement à 70% et 40%.

Très peu évoquée lors de cette présentation, la stratégie en Asie, et plus particulièrement en Chine, premier marché automobile mondial, doit être précisée dans les prochains mois, avec un événement dédié.

Une stratégie comparable à celle de Volkswagen

Grâce aux économies réalisées et aux synergies entre les différentes marques du groupe, Stellantis prévoit une baisse de 40% du coût des batteries d'ici à 2024 et de 20% ensuite, jusqu'en 2030.

S'il est trois fois plus important que le montant annoncé par le groupe Renault, l'investissement de 30 milliards d'euros reste comparable à celui annoncé par le groupe Volkswagen. Tout comme d'ailleurs son estimation de sa production de batteries à horizon 2030, elle aussi annoncée autour de 260 GWh.

Marge opérationnelle à deux chiffres

Malgré les lourds investissements prévus (mais qui seront aussi en partie réalisés par les partenaires de Stellantis), le groupe ne veut pas négliger sa rentabilité, marque de fabrique de Carlos Tavares depuis qu'il a assuré le redressement de PSA et d'Opel. Stellantis vise une marge opérationnelle courante à deux chiffres dès 2026.

"Notre mission désormais est de maintenir ou d'améliorer nos marges alors que les subventions à l'achat de ces véhicules vont progressivement disparaître", a expliqué le directeur général du groupe.

Une baisse des aides à l'achat qui va en plus s'accompagner d'un durcissement du contexte réglementaire. La Commission européenne devrait en effet mettre sur la table mercredi prochain de nouvelles règlementations pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. L'Europe pourrait notamment acter la suppression complète des émissions automobiles (et donc des moteurs thermiques) à partir de 2035.

Stellantis veut devenir leader dans les utilitaires électriques
Axe important développé lors de la conférence de Stellantis, le groupe veut s'imposer en leader des véhicules utilitaires électriques au cours des prochaines années. Un marché très important pour les constructeurs automobiles et soumis aussi à de profondes évolutions avec des villes qui se ferment de plus en plus au thermique et plus particulièrement au diesel. Cette semaine, Stellantis venait d'annoncer qu'il allait transformer le site britannique d'Ellesmere Port en usine d'utilitaires électriques. De son côté, Fiat a lancé en avril dernier son premier Ducato zéro émission.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto