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Renault lâche du lest dans ses négociations avec Nissan

Les deux constructeurs progressent dans leur coopération sur les véhicules thermiques. Leurs patrons espèrent finaliser un accord d’ici les fêtes.

Entre Renault et Nissan, les relations se détendent…un peu. Selon plusieurs sources proches de l’Alliance, les deux constructeurs avancent dans leurs négociations pour rééquilibrer leur coopération. Ils progressent en tout cas sur la branche dédiée aux véhicules thermiques de Renault, baptisée Horse.

Nissan demande depuis plusieurs mois d’avoir un droit de regard, et même de veto, sur les clients auxquels Renault vendra ses moteurs thermiques. Le japonais est attentif à ce point car il partagera plusieurs technologies avec Renault comme, par exemple, celle de ses moteurs hybrides. Il se méfie surtout de son rival chinois Geely qui sera actionnaire et client de cette filiale "Horse". "Renault a enfin compris que les sujets de propriété intellectuelle étaient sensibles pour Nissan" explique une de nos sources.

Reste à négocier sur les véhicules électriques

Les deux constructeurs doivent toutefois encore avancer sur l’autre pan de leurs discussions: Ampère. La filiale dédiée aux voitures électriques de Renault dont Nissan devrait être actionnaire. Là encore, Nissan réclame des garanties sur ses technologies qui seront partagées avec des tiers. Ici, c’est le partenariat avec Google qui effraie les japonais.

Les deux groupes espèrent désormais boucler un accord d’ici les fêtes de fin d’année, voire mi-décembre, selon plusieurs sources. Un net progrès alors qu’il y a deux semaines, personne n’osait s’aventurer sur un délai car les négociations pataugeaient. "Personne ne veut montrer qu’il est pressé", explique une source proche de l’Alliance.

Chez Renault, on reconnait que les relations sont "moins crispées" qu’il y a deux semaines. Mi-novembre, les dirigeants de Renault se sont rendus au Japon pour rencontrer leurs homologues de Nissan. Le président Jean-Dominique Senard a tenté de faire croire que tout se passait bien. "La confiance n’a jamais été aussi bonne" avait-il déclaré à Tokyo. Une exagération qui a "bien fait rigoler au Japon" ajoute cette source proche.

Luca De Meo très agacé au Japon

Car de son côté, le directeur général de Renault ne cachait pas son impatience. Au Japon, Luca De Meo s’est montré très agacé auprès de cadres de Nissan, ce qui n’est pas passé inaperçu là-bas. Déjà, une semaine plus tôt, lors de l’annonce du plan stratégique de Renault le 8 novembre, son patron Luca De Meo avait reconnu au micro de BFM Business qu’il y avait de la "méfiance" entre Renault et Nissan.

Leurs patrons sont déterminés à trouver un accord rapidement. Mais Makoto Uchida, décrit comme volontaire dans la recherche d’un compromis, devra convaincre le conseil d’administration de Nissan alors que plusieurs membres restent "anti-français" selon une source.

Les discussions entre Renault et Nissan ont commencé l’été dernier pour "rééquilibrer" l’Alliance. L’enjeu est que chaque constructeur détienne 15% du capital de l’autre. C’est déjà le cas pour Nissan. Mais le japonais récupèrerait les droits de vote associés à sa part dans Renault. Le grand changement sera surtout pour Renault qui verra sa participation descendre de 43% à 15% dans Nissan, ce que réclame le constructeur japonais depuis l’éviction de Carlos Ghosn.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business