Comment Renault veut faire d’Alpine une machine à cash

Lors de son "capital market day" ce 8 novembre, le groupe français a dressé un futur international et profitable pour la marque de voitures de sport relancée en 2017.

Les chiffres donnent le tournis, un peu comme l'accélération de 0 à 100 de l’A110. Lors de son Capital Market Day de mardi, Renault a tracé un futur de performances financières très ambitieux pour Alpine. D’ici 2030, la marque sportive - devenue l’une des business unit du nouveau Renault – vise 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires et une marge supérieure à 10% en 2030. Un coup que Luca de Meo a déjà réussi avec Cupra chez Seat.

En Amérique et en Chine

Pour atteindre ces objectifs, Luca de Meo compte élargir la gamme de la marque sportive. D’un modèle unique actuellement – la nouvelle A110, un coupé biplace - Alpine compte lancer une compacte sportive et un SUV, avant l’arrivée de la remplaçante de l’A110. Ces trois derniers modèles seront 100% électriques. Luca de Meo a également esquissé l’arrivée de deux modèles de segments D et E – de grandes voitures – "pour l’Amérique du Nord et la Chine".

Renault compte aussi élargir le champ commercial d’Alpine. Commercialisée aujourd'hui dans 18 pays (dont le Japon et Singapour seulement hors d'Europe), Alpine a aussi vocation à devenir une vraie marque mondiale de part sa géographie. La marque ira à la conquête de ces deux premiers marchés automobiles au monde que sont les USA et la Chine, et surtout les deux premiers pour le luxe, grâce notamment à ses modèles de grande taille.

Devenir une marque mondiale

D’une marque et d’une écurie de Formule 1 vues comme des puits financiers sans fond, Renault s’emploie depuis deux ans à faire des atouts pour le Groupe. Atouts en termes d’image tout d’abord, notamment en Chine.

"Combien de personnes regardent un Grand Prix? 50 millions?", a lancé Luca de Meo au patron d’Alpine et de l’écurie, Laurent Rossi, qui a acquiescé.

"Renault bénéficie à plein de l’effet Netflix: il surfe sur l’engouement pour la Formule 1 pour se créer une image de marque à grande échelle et développer ainsi la marque", nous explique un spécialiste de l’automobile.

Au-delà de l’image, Luca de Meo mise sur un développement à moindre frais, notamment via les partenariats. La prochaine gamme électrique? Alpine pourra piocher dans Ampere, l’usine est déjà en cours de transformation. La remplaçante de l'actuelle A110?

"Ce qui fait sens, c'est de développer de futurs modèles avec Lotus", nous explique un analyste financier.

La marque anglaise, propriété de Geely – partenaire de Renault sur les futurs moteurs thermiques et hybrides - possède le constructeur de voitures de sport spécialisé dans la légèreté.

"Le marché américain est assez vaste et les clients assez fortunés pour trouver des acheteurs de modèles du segment D ou E", poursuit un autre expert.

Et financer ainsi le développement du constructeur.

Deux milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2026

Grâce notamment à ses accords, Renault entrevoit un constructeur Alpine rentable en 2026, avec 2 milliards d’euros de revenus. Et quatre fois plus en 2030, donc. De quoi poser également la question d’une possible entrée en Bourse à moyen terme du constructeur de voitures bleues.

Plusieurs analystes y voient une évidence pour soutenir ce développement. Luca de Meo n’a lui pas fermé la porte ce mardi, faisant allusion à l’IPO récente de Porsche. Mais en précisant que dans un premier temps, la croissance d’Alpine passerait par "la recherche de partenaires investisseurs".

Un prix de vente moyen de 75.000 euros
Belle année côté ventes pour Alpine. De début janvier à fin octobre, la marque a déjà livré plus d’exemplaires cette année (2731 voitures) que sur toute l’année dernière (2569 voitures), soit une croissance de 41,1%. La France reste le premier marché de la marque. Et ce mardi, des précisions ont été données sur le panier moyen des acheteurs, qui dépensent 75.000 euros pour acquérir une A110.

https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web