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L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi va investir 23 milliards d’euros dans la voiture électrique

Les trois partenaires ont annoncé ce jeudi une "feuille de route commune" d’ici 2030. Ces investissements sur cinq ans doivent permettre de lancer 35 nouveaux véhicules 100% électriques dans les trois groupes.

L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi dessine son futur dans l’électrique. Ce jeudi, les trois partenaires ont annoncé un plan de 23 milliards d’euros d’investissement sur cinq ans avec pour objectif de proposer 35 nouveaux véhicules 100% électriques en 2030. Cette somme vient s'ajouter aux 10 milliards d'euros déjà annoncés par Renault et 17 milliards par Nissan.

Ce plan baptisé "Alliance 2030" est la première traduction concrète de la nouvelle forme de coopération entre les deux partenaires, baptisée "leader-follower" et présentée en mai 2020 par Jean-Dominique Senard. Renault et Nissan vont ainsi se partager les champs de développement des technologies (batteries, électronique), en plus de partager les investissements financiers.

L’un des objectifs de ce plan est que 80% des 90 modèles de l’Alliance en 2026 partagent une plateforme commune.

"Chaque entreprise partagera davantage les technologies communes de l’Alliance", a résumé lors de la conférence de presse qui se tient ce jeudi Makoto Uchida, le directeur général de Nissan, qui a loué " le programme leader-follower comme élément-clé" de cette collaboration.

La plateforme de la R5 ou celle de la Mégane E-Tech

Les deux partenaires vont ainsi baser le développement de leurs modèles sur cinq plateformes, dont une partie existe déjà. C’est le cas de la plateforme de la nouvelle Renault Mégane E-Tech, qui sera la plus utilisée puisque "d'ici 2030, plus de 15 modèles seront basés sur la plateforme CMF-EV, avec jusqu'à 1,5 million de voitures produites par an sur cette plateforme", écrivent les dirigeants de l’Alliance dans leur communiqué.

Les deux véhicules vont partager la même plateforme, développée par Renault.
Les deux véhicules vont partager la même plateforme, développée par Renault. © Renault

La base technique baptisée CMF-AEV, est elle aussi déjà disponible, puisqu’elle a été développée par Renault avec Dongfeng pour la Chine. Elle est aujourd’hui utilisée pour la Dacia Spring et sera utilisée dans le cadre de l’Alliance. Nissan n’a pas détaillé sur quels types de modèles seront développés sur cette base.

Les cinq plateformes sur lesquelles se baseront les futurs véhicules électriques de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
Les cinq plateformes sur lesquelles se baseront les futurs véhicules électriques de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. © Renault

Une autre plateforme sera clé, ce sera celle de la future R5, "la clé de la démocratisation de la voiture électrique", a expliqué Luca De Meo. Sous son nom de code "CMF-BEV", elle permettra de produire 250.000 véhicules par an, dont la future Nissan qui remplacera la Micra et sera produite en France, dans le Nord, à ElectriCity, le nouveau pôle de Renault dédié à l'électrique. Dans les deux cas, ces plateformes sont clairement issues des développements de l’ingénieurie de Renault. Nissan a par ailleurs précisé qu'il deviendra à la fin du plan, c'est-à-dire en 2030, une marque 100% électrique sur le marché européen.

Les premières images de la future petite voiture électrique de Nissan, qui remplacera la Micra.
Les premières images de la future petite voiture électrique de Nissan, qui remplacera la Micra. © Renault

Deux autres plateformes seront également mises en commun: une nommée "Kei-EV" pour les petites Kei-Cars et une dernière dédiée aux véhicules utilitaires.

Les batteries chez Nissan, l’électronique chez Renault

Au-delà des plateformes communes, Renault et Nissan ont aussi détaillé comment ils comptaient partager le développement des technologies indispensables à la voiture électrique: les batteries, l’électronique embarquée, l’architecture électrique mais aussi le véhicule connecté.

Les batteries seront l’apanage de Nissan, "grâce à son expertise approfondie", a expliqué Ashwani Gupta, le COO de Nissan. Le gros chantier du groupe sera la prochaine technologie de batterie solide: "elle changera complètement la donne", a-t-il résumé. L’objectif est de l’introduire en 2028, via une usine pilote au Japon, sur les premiers véhicules à un coût qui soit équivalent à celui d’un moteur thermique, précise l’Alliance.

Le détail des investissements sur ce projet, ni comment ce développement s’articulera avec ceux de Renault avec la start-up Verkor. Renault développera de son côté "l’architecture électrique et électronique des futurs véhicules communs". Luca De Meo a notamment évoqué le travail de l’ingénieurie Renault sur le véhicule connecté.

Renault et Nissan ont surtout évoqué des technologies qui se rapprochent des meilleurs standards du marché, comme l’annonce du partenariat avec Ionity ou encore l’arrivée de technologie de meilleure gestion de la recharge. Les futurs véhicules électriques monitoreront ainsi la température de la batterie avant l’arrivée au point de recharge pour optimiser cette dernière, une technologie bien connue de Tesla.

Des inconnus sur les économies mais un sentiment d'unité autour de l'Alliance

Le détail de la répartition des investissements entre les partenaires mais aussi des économies réalisées à grande échelle n’ont pas été détaillés. Mais les dirigeants des deux groupes se sont montrés très confiants à la fois dans la capacité de leur stratégie leader-follower pour avancer rapidement mais aussi sur l’avance des deux partenaires par rapport à la concurrence. "Nous avons une longueur d’avance de 10 ans sur le véhicule électrique [par rapport à Volkswagen, ndlr], a expliqué Clotilde Delbos, la directrice financière de Renault. Ce que nous avons en place est suffisant pour atteindre nos objectifs".

L'un des points forts de cette conférence était la mise en scène, qui avait pour but de montrer que toutes les composantes de l'Alliance étaient soudées pour construire le futur. Echange de paroles entre dirigeants de Renault et dirigeants de Nissan, avec Jean-Dominique Senard en Monsieur Loyal, rappels réguliers des "bénéfices" de la stratégie leader-follower, partage industriel, l'enjeu était clairement de montrer que l'Alliance est vivante et sereine.

"L’Alliance est dans une position de force, a souligné ainsi Luca De Meo. Nous ne sommes pas un joueur de 2e division quand nous sommes tous ensemble".

A 11h, le cours de Renault grimpait de près de 3,70% à la Bourse de Paris.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web