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Essai - Dacia Spring, que vaut l'électrique (vraiment) low-cost au quotidien?

A 12.400 euros bonus déduit, la Dacia Spring s'impose comme la voiture 100% électrique la moins chère du marché. Mais quel véhicule à ce prix-là? Réponse dans notre essai.

Dacia sort sa première voiture 100% électrique, la Spring, avec la spécialité de la marque roumaine du groupe Renault: un positionnement tarifaire très agressif. De quoi potentiellement répondre aux "envies" de changement des Français, plus ou moins contraints par la mise en place prochaine des zones à faibles émissions dans les grandes villes.

Avec 3,73 mètres de long, la Spring est clairement dédiée à un usage urbain.
Avec 3,73 mètres de long, la Spring est clairement dédiée à un usage urbain. © Elisa Wong

Ce SUV très compact, 3,73 mètres de long, à peine plus grand qu'une Twingo, démarre en effet à 16.990 euros, mais le tarif retombe à 12.400 euros si on prend en compte le bonus écologique actuel. Il est en effet de 7000 euros jusqu'au 30 juin prochain (6000 euros ensuite) mais dans la limite de 27% du prix du véhicule: sur la Spring à 16.990 euros, la réduction tombe ainsi à 4587 euros. Notre modèle d'essai, qui se rapproche plus des modèles en location depuis peu chez Leclerc, était ainsi assimilable à une version "Confort Plus" mieux équipée que la version de base, avec un prix bonus déduit d'environ 13.500 euros.

Le bon point: l'électrique "simple"

Testée sur plusieurs jours, cette Spring peut-elle être envisagée comme une voiture du quotidien? Clairement, la réponse est oui. Les performances restent bonnes pour un véhicule urbain: la puissance de 45 chevaux peut faire craindre le pire, mais la motorisation électrique reste dynamique, au moins sur le 0 à 50km/h. Au-delà, c'est un peu plus poussif, mais cela reste correct pour parcourir des voies rapides sereinement. Et son gabarit très compact lui permet de se faufiler et de se garer très facilement.

Dacia annonce 230 kilomètres d'autonomie en ville en cycle WLTP.
Dacia annonce 230 kilomètres d'autonomie en ville en cycle WLTP. © Elisa Wong

Un bon véhicule urbain en somme, mais quid de l'autonomie, notre principal point de recharge étant au bureau? Avec sa batterie de 27,4 kWh, la Spring annonce 230 kilomètres selon la norme WLTP. Cette autonomie théorique est logiquement supérieure à celle affichée au compteur. Lorsque nous avons emprunté cette Spring, chargée à 100%, elle l'évaluait ainsi à 173 kilomètres, en tenant compte de la consommation réalisée sur les précédents kilomètres et de la température extérieure, encore relativement basse en ce mois d'avril 2021.

Cette autonomie réelle nous a semblé réaliste. À la fin de nos quelques jours d'essai, avec des trajets quotidiens d'une vingtaine de kilomètres aller-retour, nous avons parcouru une centaine de kilomètres en milieu urbain et un peu de voies rapides. Résultat, sans recharger depuis le début de la semaine, il nous restait 66 kilomètres d'autonomie (33% de batterie).

Le bilan s'avère donc plutôt positif sur cette contrainte de l'électrique: en tenant compte des 173 kilomètres au départ, relativement pessimiste, on peut par exemple réaliser 35 kilomètres par jour du lundi au vendredi sans avoir à recharger. L'accès à une prise à domicile ou sur le lieu de travail peut donc a priori suffire pour ces besoins, sachant que vous y resterez a priori plusieurs heures d'affilée.

C'est ce que nous avons fait. Nous avons branché la Spring sur une prise classique pendant deux heures, de quoi finir le tournage de notre essai. La prise type 2 dissimulée derrière la calandre permet de recharger jusqu'à 6,6 kW sur une prise adaptée (pour passer de plus de 13 heures de temps de recharge complète sur une prise classique à un peu moins de 5 heures). En option à 600 euros, Dacia propose un connecteur combo pour de la recharge à 30 kW et du 0 à 80% annoncé en moins d'une heure. Sur une prise renforcée, nous avons récupéré en 2 heures environ 50 kilomètres (60% de batterie) et remonté l'autonomie à 118 kilomètres.

La consommation moyenne de notre Spring, durant notre semaine d'essai, était de 14,2kWh aux 100 kilomètres.
La consommation moyenne de notre Spring, durant notre semaine d'essai, était de 14,2kWh aux 100 kilomètres. © Elisa Wong

Bon point de notre essai : la consommation moyenne de notre Spring. Elle s'est élevée à 14,2kWh, soit un très bon chiffre pour une voiture électrique.

Le point noir: un compromis à accepter

Le prix très compétitif de la Spring se ressent tout de même fortement. Suspensions assez fermes, siège au confort relativement spartiate, climatisation manuelle avec des boutons en plastique qui ne semblent pas très résistants, ouvertures qui laissent apercevoir les entrailles du véhicule... autant d'indices qui trahissent ce côté low-cost et une production en Chine de ce modèle, un dernier point pas forcément au goût du gouvernement.

Si vous êtes habitués aux clés mains libres (désormais très courantes même sur du low-cost), c'est un drôle de retour en arrière de devoir chercher la clé dans sa poche pour déverrouiller le véhicule. Sans parler de la tourner dans le démarreur, sans aucun bruit logiquement en butée. Un simple petit "OK" au niveau des compteurs permet de savoir que la Spring est bien prête à partir.

La Spring dispose d'un écran tactile 7 pouces au milieu de la planche de bord et d'un écran spartiate derrière le volant.
La Spring dispose d'un écran tactile 7 pouces au milieu de la planche de bord et d'un écran spartiate derrière le volant. © Elisa Wong

L'écran tactile de 7 pouces n'offre pas une qualité et une réactivité époustouflante mais il reste correct. Il a surtout le mérite de proposer Carplay et Android Auto pour profiter des services de son smartphone directement à l'écran. Sauf qu'avec si peu de raccourcis au volant, difficille d'interagir facilement: on ne peut ni couper le son, ni changer de radio ou de piste musicale sans avoir à repasser par l'écran, dommage.

La Spring dispose de la compatibilité Android Auto.
La Spring dispose de la compatibilité Android Auto. © Elisa Wong

Autres points négatifs à noter, certes amusants sur un essai de quatre jours, mais potentiellement pénibles à la longue, l'absence de régulateur de vitesse (seul un limitateur est proposé), de réglages de sièges en hauteur ou du volant, ou encore le fait de devoir rester appuyé sur le bouton pour ouvrir ou fermer les vitres. Il n'y a d'ailleurs pas de possiblité pour le conducteur d'interagir avec les vitres arrière, de quoi maudir le passager qui serait descendu sans la fermer par exemple!

Le bilan: on a trouvé moins cher et mieux... chez Dacia!

Si la Dacia Spring reste donc une bonne voiture électrique du quotidien, il reste tout de même un peu regrettable de devoir faire tant de concessions, voire de ressentir un retour aux standards du début des années 2000, à l'exception bien sûr de sa motorisation "zéro émission", pour une voiture neuve.

Et ce, d'autant plus alors que Dacia dispose à son catalogue d'une proposition moins chère et bien plus moderne et confortable: la dernière Dacia Sandero. Sa motorisation essence ne sera privée de circulation à Paris qu'en 2030, mais elle reste surtout bien meilleure à tous les niveaux et en termes de polyvalence, permettant d'envisager des déplacements plus longs que ce que permet la Spring. Le tout à un prix de départ sous les 9000 euros et à 12.690 euros pour notre version d'essai.

La Dacia Spring est disponible à partir de 16.990 euros hors bonus.
La Dacia Spring est disponible à partir de 16.990 euros hors bonus. © Elisa Wong

Pour ceux qui souhaitent en priorité passer à l'électrique sans forcément trop perdre en confort, on ne peut que conseiller un modèle moins bas de gamme, ou se tourner vers le marché de l'occasion naissant.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto