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Guerre en Ukraine: le marché automobile russe s’est effondré suite aux sanctions

Selon des chiffres publiés ce mercredi, les immatriculations ont plongé en Russie de plus de 60% le mois dernier, entre suspension des importations et difficultés de production sur place.

Les pires ventes en mars depuis 15 ans. Selon des chiffres publiés par l’organisme russe Association of European Business (AEB) ce mercredi, les immatriculations de voitures neuves en Russie ont plongé de 62,9% le mois dernier sur un an.

Avec 55.129 voitures neuves immatriculées, ces immatriculations ont été divisées par deux par rapport au mois de février, mois marqué par le début de la guerre en Ukraine et le début des sanctions imposées par les Occidentaux. 114.349 véhicules avaient alors été immatriculées.

Plus d'importations de voitures étrangères

Cet effondrement du marché contraste surtout avec l’année 2021, une année où les ventes étaient déjà perturbées par les pénuries de composants. Selon des chiffres du cabinet Marklines, en mars 2021, les Russes avaient acheté près de 149.000 véhicules. Les ventes de véhicules en mars ont été parmi les pires des 15 dernières années, selon Azat Timerkhanov du cabinet de conseil russe Autostat, cité par Bloomberg.

Le marché russe subit clairement l’effet des sanctions. Dès le début de la guerre, de nombreuses marques étrangères ont suspendu leurs exportations dans le pays, comme Toyota, Volkswagen, Ford ou encore Stellantis, mais aussi les marques de luxe comme Ferrari, Porsche ou encore Mercedes. Les marques locales, en premier lieu le leader du marché, n’ont pas récupéré les acheteurs des marques étrangères. Elles souffrent toujours des pénuries de composants, des pénuries aggravées par les sanctions occidentales. L’usine du groupe Avtovaz, à Togliatti, est ainsi à l’arrêt pendant trois semaines jusqu’au 24 avril.

Des prix en hausse de 40%

Les acheteurs se concentrent pour le moment sur des achats plus essentiels en temps de crise. Ensuite, sous l’effet des sanctions et de la chute du rouble, les prix des voitures ont explosé. Selon des estimations rapportées par Bloomberg, les prix des voitures neuves auraient grimpé de 40% en mars. Des prix qui, selon le magazine économique russe Kommersant, ont grimpé de 20 à 30% dès la dernière semaine de février, quelques jours après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Le prix des voitures d’occasion avait aussi grimpé.

"Dans des conditions d'incertitude totale et de forte inflation, les vendeurs quittent le marché de l’occasion. Les vendeurs privés ne sont pas convaincus qu'ils pourront acheter quelque chose de valable en échange de l'argent reçu de la vente de leur voiture, expliquait alors dans Kommersant, Igor Oleinikov, analyste chez Droma. Les concessionnaires, à leur tour, gèlent les ventes de voitures jusqu'à ce que la situation soit éclaircie. Dans le même temps, les acheteurs se sont précipités pour chercher où ils pourraient investir leur argent afin de les sauver d'une manière ou d'une autre. Il est désormais difficile de faire des prévisions pour de nouvelles hausses de prix: plus le rouble chute, plus les prix augmentent".

L'économie russe en récession

Selon Bloomberg, certains clients commencent à aller chercher des voitures à l’étranger, notamment au Kazakhstan. Une question taraude les industriels et concessionnaires russes: que vont faire les marques chinoises? Elles ne semblent pas pour le moment arriver massivement sur le marché, mais certains observateurs s’attendent à voir les consommateurs russes se tourner vers ce type de modèles si la guerre et donc les sanctions durent.

"Mais les volumes vont continuer à baisser", explique Azat Timerkhanov, du cabinet de conseil russe Autostat. Alors que de nouvelles sanctions devraient être prononcées dans les prochaines heures par les Occidentaux, les prévisions estiment que l’économie russe va s’enfoncer dans la récession, en recul de 10%.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web