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E85, GPL: deux fois moins chers, les nouveaux carburants chouchous des Français

Le Superéthanol E85 et le GPL affichent désormais des tarifs plus de deux fois inférieurs aux carburants traditionnels, gazole et essence. De quoi attirer de nombreux automobilistes vers des modèles compatibles?

Alors que les prix du gazole et de l'essence atteignent des sommets encore jamais vus à la pompe, certains carburants moins connus du grand public attirent de plus en plus l'œil des automobilistes, comme le GPL ou l'E85.

Un effet qui se fait sentir dans les concessions: depuis le début de l'année, 45% des acheteurs de Dacia choisissent ainsi une version GPL. Ford anticipe cette année en France qu'une voiture sur deux vendue en France soit compatible au bioéthanol. La raison: un prix à la pompe bien inférieur.

Des carburants plus de deux fois moins chers à la pompe

Avec le contexte de la guerre en Ukraine, les prix des carburants dits traditionnels se sont en effet envolés à la pompe. En moyenne la semaine dernière, le gazole, carburant le plus consommé en France, se vendait ainsi 2,1407 euros le litre.

De son côté, le sans-plomb 95 E10 s'affichait à 2,0286 euros le litre. Mais dans son relevé hebdomadaire, le ministère de la Transition écologique donne aussi les prix du GPL (gaz de pétrole liquéfié) et du superéthanol E85. Avec des prix respectifs de 0,9383 et de 0,9286 euro le litre, le tarif divisé par deux par rapport aux carburants dits traditionnels.

L'explication est assez simple: le GPL et l'E85 sont beaucoup moins taxés. Alors que pour un litre d'essence aux prix actuels, les taxes représentent 49% du prix, et 45% pour du gazole, le poids fiscal redescend à 29% environ pour ces deux carburants dits "alternatifs".

Comment passer à l'E85 ou au GPL?

Mais de quoi s'agit-il? Pour l'E85 ou superéthanol, il faut soit disposer d'un véhicule directement compatible, ce qui reste assez rare avec deux constructeurs seulement qui en proposent en France, Ford et Jaguar-Land Rover, soit installer un boitier de conversion.

Seuls les véhicules à essence peuvent accepter de l'E85, et dans les deux cas (véhicule neuf E85 ou modèle essence avec boitier) le véhicule pourra aussi rouler au sans-plomb 95. Rassurant pour ceux qui auraient la crainte de ne pas trouver facilement de station proposant de l'E85, même si le réseau se développe. Début 2022, on en dénombrait 2550 sur les 11.000 stations-service recensées en France, contre seulement 1400 en 2019.

Le GPL (pour "gaz de pétrole liquéfié", aussi présenté sous l'acronyme anglais LPG, pour "liquefied petroleum gas") se présente lui comme un mélange d’hydrocarbures légers, principalement du propane et du butane. Il est en général proposé sous forme de bicarburation: le véhicule dispose de deux réservoirs, un d'essence et un de GPL. Le conducteur peut choisir manuellement, via un bouton sur le tableau de bord, de rouler au GPL. Comme ce carburant est moins coûteux, il aura alors intérêt à plutôt faire le plein de GPL et garder le réservoir d'essence comme une "grosse réserve".

De plus en plus de véhicules dans le parc automobile

Une marque comme Dacia fait désormais le choix de cette bicarburation essence-GPL en alternative au Diesel. Pour la marque low-cost, le coût à l'usage reste assez proche et les deux réservoirs permettent de proposer des autonomies de plus de 1000 kilomètres pour séduire ceux qui carburent au gazole, les gros rouleurs notamment.

En 2021, ces modèles ont représenté plus d'un tiers des ventes de Dacia: 30% sur le Duster, 42% sur les dernières Sandero et Sandero Stepway. Sur son nouveau modèle 7 places en cours de lancement, le Jogger, cette bicarburation "Eco-G 100" représente déjà 61% des commandes, face à la seule alternative proposée, l'essence (uniquement) avec le TCe 110.

Et la flambée des prix des carburants en France depuis la fin d'année dernière joue son rôle pour faire la "publicité" de cette bicarburation. Sur la Sandero, le mix est en hausse sensible: d'un peu moins de 40% des ventes l'an dernier, les versions GPL séduisent plus de 45% des acheteurs depuis le début de l'année. En Italie, où les stations proposent plus souvent ce carburant, cette bicarburation représentait plus de 70% des immatriculations de Sandero l'an dernier.

D'après les professionnels du secteur, près de 200.000 automobilistes français roulent au GPL, avec 50.000 immatriculations de véhicules compatibles l'an dernier, trois fois plus qu'en 2020.

Côté superéthanol, les prix élevés des carburants ont aussi grandement contribué à sa popularité croissante l'an dernier. En 2022, Ford anticipe par exemple que 50% de ses commandes en France seront constitués de véhicules compatibles E85, sachant qu'il n'y a pas de surcoût à l'achat par rapport à un équivalent essence.

Au total, le parc était estimé à 185.000 véhicules fin 2021: 135.000 véhicules équipés d'un boitier (+22% en 2021), 45.000 en véhicules "flex-E85 d'origine" (+13% en 2021).

Des consommations en hausse

Conséquence assez logique de ces ventes en hausse, la consommation de ces carburants alternatifs augmentent fortement ces derniers temps.

En 2021, les volumes écoulés d'E85 avaient ainsi progressé de 33% en France, pour représenter 4% des ventes d'essences: c'était seulement 0,5% en 2011. Depuis le début de l'année, on note encore une progression, à 4,9% de parts de marché en janvier, d'après le Syndicat national des producteurs d'alcool agricole (SNPAA). Les chiffres de février sont attendus ce mercredi et devraient encore traduire une hausse des ventes d'E85.

Si on regarde pour le GPL, on compte un peu plus de 1500 stations, soit 1 sur 7 en France. En 2021, on notait un bond de 35% de la consommation de GPL par rapport à 2020.

Des "Crit'Air 1", comme les véhicules essence récents
Point commun entre les véhicules roulant au GPL ou à l'E85, ils profitent d'une vignette Crit'Air 1. Logique, vu qu'ils sont assimilables à des véhicules essence récents qui profitent de cette même vignette s'ils ont été immatriculés pour la première fois depuis le 1er janvier 2011. Idem pour les hybrides, rechargeables ou non. Seules les voitures 100% électriques, sur batterie ou à hydrogène peuvent bénéficier de la vignette verte ou "Crit'Air 0".
Avec la mise en place des ZFE (zones à faibles émissions) dans les grandes villes de France, Paris prévoit par exemple de bannir les Crit'Air 2 (ce qui comprend les diesels les plus récents, depuis 2011) en 2024 et les Crit'Air 1 en 2030.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto