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Retraites: la CGT se rendra-t-elle à la réunion avec Elisabeth Borne?

La participation du syndicat à la réunion prévue la semaine prochaine à Matignon reste incertaine et dépendra du nouveau secrétaire général dont le nom sera dévoilé vendredi, à l'issue du 53e congrès de l'organisation.

Enfin la reprise du dialogue? Les syndicats sont attendus la semaine prochaine à Matignon pour échanger avec Elisabeth Borne après deux mois de mobilisation massive contre la réforme des retraites. "Quasiment toutes les organisations ont répondu favorablement" à l'invitation de la Première ministre, a souligné mercredi sur BFMTV Marylise Léon, secrétaire général adjointe de la CFDT.

Reste une incertitude sur la CGT qui tient actuellement son 53e congrès à Clermont-Ferrand. A l'issue de ce conclave, un nouveau secrétaire général sera désigné pour succéder à Philippe Martinez. Ce dernier semblait plutôt ouvert à l'idée d'une rencontre avec Elisabeth Borne. Lors de la dernière journée de mobilisation mardi, c'est lui qui avait annoncé la volonté de l'intersyndicale d'écrire à l'exécutif pour réclamer la suspension de la réforme des retraites et la mise en place d'une médiation afin de renouer le dialogue.

"Cette rencontre ne servira pas à grand chose"

Mais le secrétaire général de la CGT qui passera la main vendredi apparaît de plus en plus isolé au sein de son organisation. Mardi, il a subi un revers majeur alors que le rapport d'activité de la direction sortante a été rejeté par une majorité de délégués syndicaux, ce qui n'était jamais arrivé. Une déroute qui illustre les profondes divisions au sein du syndicat, entre les partisans d'une ligne dure, voire radicale, et les défenseurs d'une ligne plus ouverte mettant en avant les sujets sociétaux (environnement, égalité hommes-femmes) incarnée par la candidate de Philippe Martinez, Marie Buisson, dans la course au secrétariat général.

Loin de faire l'unanimité, l'actuelle secrétaire générale de la Fédération éducation recherche culture a vu deux candidatures émerger face à elle. Celle d'Olivier Mateu, le médiatique et controversé secrétaire général de l'Union départementale des Bouches-du-Rhône, et celle de Céline Verzeletti, co-secrétaire générale de l'UFSE (Union fédérale des syndicats de l'Etat).

Tous deux jugent la ligne de Marie Buisson trop molle et adoptent une position plus dure face au gouvernement. Mardi, Olivier Mateu s'est d'ailleurs montré plus que sceptique sur l'intérêt de se rendre à Matignon: "Si c'est pour que (le gouvernement) répète les arguments qu'on nous répète depuis le début, cette rencontre ne servira pas à grand chose", a expliqué sur BFMTV celui qui rejette toute "pause" ou "médiation", contrairement à Philippe Martinez.

Même son de cloche du côté de Céline Verzeletti: "Ni pause, ni médiation. Grèves et manifs jusqu'au retrait", a-t-elle twitté mardi. Quant à l'idée de répondre favorablement à une invitation de l'exécutif, "si c'est pour entendre dire que la réforme est nécessaire, indispensable, et qu'ils sont seulement prêts à discuter d'autre chose (que les retraites, ndlr), certainement pas", a-t-elle dit sur BFMTV. Et d'ajouter: "Aujourd'hui, le rapport de force est en notre faveur. A l'avenir, quand (Emmanuel Macron) aura retiré cette réforme des retraites, on continuera à discuter, à négocier, mais c'est nous qui imposerons notre agenda social".

"Perte de temps"

Par rapport à la position de Marie Buisson, la ligne adoptée par Céline Verzeletti et Olivier Mateu est plus en phase avec la ligne défendue par une partie des délégués syndicaux de la CGT qui estimaient mercredi que répondre à l'invitation d'Elisabeth Borne serait "une perte de temps" et qu'ils refusaient de voir leur organisation devenir "la remorque de la CFDT".

Plusieurs d'entre eux disent ne pas vouloir se contenter d'une suspension de la réforme des retraites comme réclamé par le leader de la CFDT, Laurent Berger. Pour cette frange du syndicat, pas de discussion possible avec Matignon tant que le texte n'est pas définitivement retiré. La participation de l'organisation à la réunion de la semaine prochaine reste donc incertaine. Tout dépendra du nom du nouveau ou de la nouvelle secrétaire général(e) qui sera connu vendredi.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco