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Education nationale: les grands chantiers du nouveau ministre, Jean-Michel Blanquer

Jean-Michel Blanquer a été recteur dans les académies de Guyane et de Créteil.

Jean-Michel Blanquer a été recteur dans les académies de Guyane et de Créteil. - Stéphane de Sakutin - AFP

Le nouveau ministre de l'Education nationale aura à mettre en place les réformes souhaitées par Emmanuel Macron, dont certaines avant septembre. Classes bilangues au collège, douze élèves par classe en CP et CE1 en ZEP ou autonomie des établissements, le monde de l'éducation va être vigilant.

En lisant son dernier livre, L'Ecole de demain, la question se pose quant à savoir si Jean-Michel Blanquer n'est pas l'un des instigateurs du programme pour l'éducation d'Emmanuel Macron. Après sa nomination mercredi ministre de l'Education nationale, l'arrivée de l'ancien directeur de l'Essec, dont l'"expérience" et la connaissance des sujets sont mises en avant, est saluée autant qu'elle inquiète le monde de l'éducation.

Numéro deux de la rue de Grenelle sous la présidence Sarkozy, Jean-Michel Blanquer est, pour les enseignants, celui qui a mis en œuvre la politique éducative de l'ancien Président, conduisant à des coupes budgétaires et à la baisse du nombre de professeurs. "Je crains qu'il y ait des gens qui n’abandonnent pas de sitôt leurs habits de droite", a réagi Najat-Vallaud-Belkacem, l'ancienne ministre. 

> 1. L'accent sur le primaire

"La réussite de l'enfant se joue dès la maternelle", estimait Jean-Michel Blanquer sur France Info en novembre dernier. Lors de la passation de pouvoirs avec Najat Vallaud-Belkacem, le nouveau ministre a affiché la volonté qu'"il n'y ait pas d'enfant qui sorte du cours préparatoire avec des retards importants en lecture, écriture". Une priorité mise en avant dans le programme présidentiel.

A peine arrivé au ministère de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer va également devoir gérer le dossier sur la mise en place de classes de CP et de CE1 avec un effectif réduit de 12 élèves dans l'intégralité des REP+ (Réseaux d'éducation prioritaire renforcée) et dans une partie des REP. Pour mettre en place cette réforme, le projet présidentiel prévoit la "réorientation" de postes. Au total, entre 4.000 et 5.000 postes devraient être créés en cinq ans.

Ces chiffres font craindre aux syndicats d'enseignants la fin de la mesure "plus de maîtres que de classes", expérimentée depuis quatre ans. Alors que les organisations syndicales ont demandé à rencontrer le nouveau ministre, une pétition pour la "pérennisation" du dispositif, qui avait été la feuille de route de la politique éducative de François Hollande, a été mise en ligne. Le supprimer, "ce ne serait pas un bon signal", prévient dans L'Express Francette Popineau, secrétaire générale du syndicat d'enseignants SNUipp.

> 2. Les classes bilangues au collège

"A partir de septembre prochain, les classes bilangues rouvriront." Lors de son premier déplacement à l'étranger, le président de la République a ainsi livré sa première mesure en matière d'éducation. L'enseignement de deux langues vivantes dès la sixième avait été taxé d'élitiste par l'ancien gouvernement, car réservé à 16% de collégiens.

Après plusieurs polémiques, le ministère de l'Education nationale avait maintenu ces classes au nom de la continuité primaire-collège. Là où une seconde langue étrangère était enseignée à l'école primaire, elle était enseignée dès la sixième. Jean-Michel Blanquer pourrait seulement abandonner ce conditionnement, avance Le Monde

> 3. Défenseur de l'autonomie

C'est peut-être ce que redoutent le plus les enseignants. Jean-Michel Blanquer ne s'en est jamais caché: il est pour l'autonomie des établissements scolaires. Ainsi, les directions pourraient gérer elles-mêmes l'annualisation des rythmes scolaires ou le recrutement des professeurs. "On voit bien à travers ses écrits qu’il est sur l’idée d’une école méritante. Nous, les évaluations par établissement nous semblent mortifères… ça favorise le bachotage, l’esprit de compétition mais pas la véritable réussite", déplore dans Slate Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp. 

Emmanuel Macron, lui, a d'ores et déjà annoncé qu'il allait donner carte blanche aux mairies concernant les rythmes scolaires. Semaines de 4 ou 5 jours? Les municipalités pourront choisir, et ce dès cet été. 

> 4. Partisan d'une "troisième voie"

"Il n'y aura pas une énième loi ou une énième réforme", a promis mercredi le nouveau ministre de l'Education nationale. "Il y aura tout simplement la volonté de s'attacher aux problèmes concrets." Présenté comme libéral, Jean-Michel Blanquer se dit, lui, partisan d'une "troisième voie". Dans une tribune au Point, publiée au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron, il s'en prend aux "traditionalistes", qui pensent que l'école d'avant est mieux que celle d'aujourd'hui, et aux "pédagogistes", qui mettent au cœur de l'enseignement l'épanouissement de l'enfant.

"C’est la première fois qu’on va chercher quelqu’un qui n’a pas un passé politique ou un passé syndical rue de Grenelle mais qui a un passé de terrain", saluait jeudi matin Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne. Ancien recteur des académies de Guyane et de Créteil, Jean-Michel Blanquer lance des ballons d'essai: "Il fait chanter la Marseillaise aux écoliers, invente des stages de 'tenue de classe' pour les professeurs, crée un 'internat d'excellence' à Sourdun qui accueille des élèves méritants issus de milieux défavorisés dans une ancienne caserne militaire", rappelle Le Figaro

Justine Chevalier