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Karl Lagerfeld, Revelation

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"Karl Lagerfeld, Revelation": que nous apprend la série documentaire dédiée à Karl Lagerfeld?

Dans la série documentaire en quatre épisodes intitulée "Karl Lagerfeld" diffusée le 10 et 17 janvier, les réalisateurs Guillaume Perez et Anne Solen Douguet nous offrent un accès inédit aux archives des proches et des collaborateurs du créateur. Alors, que nous réserve la série Karl Lagerfeld: Revelation?

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Grâce à des témoignages d'anciens collaborateurs, de mannequins, d'amis et de journalistes, la série baptisée Karl Lagerfeld: Revelation nous plonge dans la vie captivante du créateur de génie. Voici ce qu'il faut savoir sur ce documentaire 100% mode, diffusé ce mercredi et le 17 janvier sur Canal +.

L'enfance du Kaiser Karl

Si Karl Lagerfeld a toujours suscité une admiration particulière et que de nombreux ouvrages ont été publiés à son sujet (on vous conseille notamment Beautiuful People d'Alicia Drake), c'est désormais une série documentaire inédite qui lui est consacrée.

CANAL+, KARL LAGERFELD, REVELATION.
CANAL+, KARL LAGERFELD, REVELATION. © CANAL+

Ce biopic signé Canal + nous plonge dans l'univers du créateur en explorant sa relation avec le luxe, l'extravagance, le pouvoir et l'autorité. Grâce à des témoignages exclusifs et de nombreuses images d'archives, on est immergé au cœur d'une vie trépidante, entre mystère et ambition.

Dans le premier épisode, on explore l'enfance de Karl Lagerfeld. De sa naissance à Hambourg en Allemagne, dont la date précise restera un mystère (Karl Lagerfeld déclarera que personne ne sait réellement s'il est né en 1933 ou en 1935 ou en 1938), à sa relation avec ses parents, Otto et Elisabeth Lagerfeld, dans une Allemagne nazie tout juste sortie de la guerre, tous les pans sont ici évoqués.

CANAL+, KARL LAGERFELD, REVELATION.
CANAL+, KARL LAGERFELD, REVELATION. © CANAL+

De sa mère, Karl Lagerfeld a gardé la sophistication et le sens de l'autodérision. Très proches et en même temps très pudiques, Karl Lagerfeld et sa mère se ressemblaient beaucoup physiquement, si bien que celle-ci déclara un jour: "Tu me ressembles, mais en moins bien!" Un amour vache, mais qui a profondément fondé la personnalité du créateur. Il dira d'ailleurs:

"Je ne serais pas qui je suis si je n'avais pas eu quelqu'un comme ça, qui me mettait à la fois le nez dans le caca, mais qui m'apprenait aussi à savoir rire de moi-même. Elle était parfaite pour moi".

Paris: entre splendeur et décadence

Depuis sa plus tendre enfance, Karl Lagerfeld se sait différent. Comme il explique dans le documentaire: "à l'âge de six ans, je savais déjà parler trois langues ". Plus cérébral, plus discret et timide que les autres, il n'a alors que peu d'amis et la découverte de son homosexualité n'arrangera pas les choses. Il est créatif, curieux et en quête d'épanouissement personnel; la capitale parisienne s'impose alors comme LA destination pour Karl Lagerfeld.

De 1955 à 1962, Karl Lagerfeld va alors travailler comme modéliste dans les ateliers de Pierre Balmain, mais hélas, il s'y ennuie. En effet, à cette époque, Balmain habille les "jolies madames", loin des croquis audacieux qui faisaient rêver Lagerfeld. Il décide alors de rejoindre la maison de couture Patou, où ses collections connaîtront un franc succès, et il deviendra même le directeur artistique de la maison en 1959.

Karl Lagerfeld, Revelation
Karl Lagerfeld, Revelation © Canal +

Si le travail de couturier de Karl Lagerfeld est évidemment décortiqué, ce documentaire met également en lumière le côté intime du couturier star. Aspect plutôt rare de sa personnalité, on découvre alors, dans le second épisode, les coulisses de son amitié avec Yves Saint Laurent et leur relation complexe, marquée par des rivalités professionnelles et amoureuses (comme ses déboires avec Pierre Bergé ou encore son grand amour, Jacques de Bascher). C'est aussi l'époque des soirées parisiennes, du Palace à La Main bleue, entre frasques, sexualité débridée et entre-soi revendiqué.

À noter que le documentaire évoque aussi la rencontre de Karl Lagerfeld avec Andy Warhol, soulignant ainsi l'importance du couturier dans le contexte de la création artistique internationale.

Le couturier star

En 1959, Karl Lagerfeld est donc nommé directeur artistique de la maison Patou. À cette époque, la haute couture tombe en désuétude, jugée bien souvent trop conventionnelle et trop sage. C'est alors que Karl Lagerfeld sent le vent tourner et choisit de miser sur le prêt-à-porter, plus accessible, plus vivant. Il rejoint la maison Chloé et développe des accessoires, des pièces légères et invente la technique du "flou". C'est un grand succès et les ventes ne cessent d'augmenter.

"Yves Saint Laurent aimait regarder le passé, Karl était beaucoup plus en prise avec son temps", déclare Carlos Munoz, filleul de Karl Lagerfeld, dans le documentaire.

Véritable touche à tout, et plus à l'aise à travailler pour d'autres que sous son propre nom (à l'instar de Saint-Laurent), Karl Lagerfeld rejoint la maison Fendi en 1965. De cette période, le documentaire montre l'ascension créative de ce dernier, capable de redorer le blason de belles endormies en insufflant son énergie rare et son talent indéniable.

Karl Lagerfeld, Fendi
Karl Lagerfeld, Fendi © Olivier MORIN

Pour Fendi, il développe notamment les fourrures, qu'il imagine légères et en mouvement, loin de leur image figée et ringarde. On découvre un Karl Lagerfeld plus brillant que jamais, créant des croquis en quelques secondes sous les yeux ébahis de son équipe, alors que certains l'appelaient "le magicien de la mode". La drogue de Karl Lagerfeld? Le travail. Dessiner et encore dessiner.

Karl Lagerfeld: A Line of Beauty
Karl Lagerfeld: A Line of Beauty © TIMOTHY A. CLARY

Les années Chanel

En 1983, Karl Lagerfeld rejoint l'iconique maison Chanel. À cette époque, la marque n'est pas le mastodonte qu'elle est aujourd'hui et Karl Lagerfeld dira d'ailleurs: "Si tout le monde pense que je suis un vampire, ils se trompent, car il n'y avait plus rien à sucer chez Chanel à cette époque".

En effet, Il ne restait plus que les anciennes clientes, un brin "démodées" et la maison charriait avec elle un côté très "mémère" qui ne séduisait pas, peu ou plus. Karl Lagerfeld demande qu'on lui laisse carte blanche. En effet, il ne s'occupe pas que de la couture chez Chanel, il est directeur artistique de la haute couture, du prêt-à-porter et des accessoires. Le voilà donc héritier d'un titre novateur, mais aussi de la capacité à développer comme bon lui semble cette maison iconique.

Karl Lagerfeld, Chanel
Karl Lagerfeld, Chanel © GERARD JULIEN

Très audacieux, il a pour ambition de faire vivre la griffe Chanel avec son temps et de ne pas se reposer sur les gloires passées. On assiste alors à la naissance des mythiques égéries Chanel, à l'image d'Anna Mouglalis ou encore Inès de la Fressage, avec laquelle il va même signer un contrat d'exclusivité totale afin qu'elle ne travaille que pour Chanel.

Inès de la Fressange
Inès de la Fressange © VALERY HACHE

En 1984, Karl Lagerfeld change son fusil d'épaule et crée sa propre maison de mode, sobrement appelée "Karl Lagerfeld". Il défend, avec cette marque contemporaine, architecturale et structurée, son côté "allemand", presque rigide et pourtant toujours aussi talentueux.

Outre la carrière exceptionnelle du couturier Karl Lagerfeld, cette série signée Canal + met aussi en exergue le rapport à l'argent, à la gloire, à l'amour et aussi à la mort du kaiser Karl. On y découvre un homme dépensier, achetant des maisons à tour de bras, mais aussi particulièrement généreux avec ses proches, notamment avec Jacques de Bascher qu'il couvrira de cadeaux.

Karl Lagerfeld, Chanel
Karl Lagerfeld, Chanel © TORU YAMANAKA

Un personnage insaisissable, avec un profond besoin d'amour, mais dont la part sombre égalait le génie. Tout au long de sa vie, Karl Lagerfeld a consciemment dissimulé ses origines et l'histoire de sa famille, ajoutant ainsi une dimension mystérieuse à sa légende. Ce documentaire intimiste nous offre un regard privilégié sur la vie et la carrière de ce styliste hors normes. Une façon de mieux connaître cette figure emblématique de la mode mais surtout de mieux comprendre l'homme derrière le catogan et de plonger, la tête la première, dans l'univers fascinant de Karl Lagerfeld.

Juliette Weiss