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Guerre en Ukraine: Kiev annonce se retirer d'Avdiïvka "pour économiser du personnel"

L'armée ukrainienne a annoncé, ce vendredi 16 février, s'être retirée d'Avdiïvka, ville de l'est de l'Ukraine où les assauts russes se sont démultipliés ces derniers jours. Kiev justifie ce désengagement par des questions logistique.

L'armée ukrainienne a annoncé ce vendredi 17 novembre s'être retirée "avec des pertes mineures" d'une position qu'elle tenait au sud d'Avdiïvka, ville de l'est de l'Ukraine où la situation s'est considérablement dégradée ces derniers jours face à la multiplication des assauts russes.

L'Ukraine risque de devoir abandonner cette localité, aujourd'hui largement détruite, confrontée à un manque de moyens croissant, l'aide militaire américaine étant bloquée, alors que la Russie, qui a plus d'hommes et de munitions, peut espérer une conquête, à quelques jours du deuxième anniversaire du début de l'invasion le 24 février.

Il s'agirait dans ce cas de la plus grande victoire symbolique de la Russie après l'échec de la contre-offensive de Kiev l'été dernier.

"Nous avons occupé cette position aussi longtemps qu'elle nous permettait de dissuader et de détruire efficacement l'ennemi. La décision de se retirer a été prise pour économiser du personnel et améliorer la situation opérationnelle", a écrit sur Telegram Oleksandre Tarnavsky, le général ukrainien qui commande cette zone

Le retrait de cette position fortifiée s'est déroulé "avec des pertes mineures", a-t-il assuré. "Dans d'autres zones menacées, si nécessaire, les troupes manœuvrent également vers de nouvelles positions préparées pour continuer à (...) tenir la ville".

Peu après, Oleksandre Tarnavsky a fait état de "combats acharnés" dans la ville où "l'ennemi continue d'attaquer depuis plusieurs directions simultanément". Il a toutefois assuré que l'envoi de renforts et de munitions supplémentaires aux troupes ukrainiennes sur place se poursuivait.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Oleksandre Tarnavsky avait déjà annoncé l'envoi de renforts à Avdiïvka et la préparation de nouvelles positions défensives, en cas de retrait.

Situation "critique"

Selon Kiev, l'armée russe multiplie les vagues d'assaut depuis octobre pour prendre cette cité industrielle, malgré des pertes humaines très importantes, une situation rappelant la bataille de Bakhmout, ville que Moscou a conquise en mai 2023 après 10 mois de combats au prix de dizaines de milliers de morts ou de blessés.

"La situation est critique", a déclaré vendredi à la télévision le porte-parole de la 3e brigade d'assaut Oleksandre Borodine, une unité ukrainienne envoyée ces derniers jours en renfort pour défendre la ville, et qui avait déjà combattu à Bakhmout.

"Là-bas (à Bakhmout, NDLR), c'était difficile, maintenant c'est extrêmement difficile" à Avdiïvka, a-t-il estimé. Jeudi, la 3e brigade avait même qualifié sur place la situation d'"enfer".

La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait promis de faire "tout ce qui est possible" pour sauver ses troupes à la peine sur le front oriental, en particulier à Avdiïvka.

Après l'échec de la contre-offensive estivale ukrainienne, ce sont les Russes qui sont passés à l'assaut, face à une armée ukrainienne qui peine à regarnir ses rangs et en manque de munitions.

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La Maison Blanche a de son côté relevé que "Avdiïvka risque de tomber sous contrôle russe", et cela alors que l'aide militaire promise par les Etats-Unis est bloquée depuis des mois par les rivaux républicains du président Joe Biden, au risque de faire le jeu de Vladimir Poutine.

Cette cité a une valeur symbolique importante. Elle était brièvement tombée en juillet 2014 aux mains de séparatistes pilotés par Moscou, avant de revenir sous contrôle ukrainien et de le rester malgré l'invasion du 24 février 2022 et sa proximité avec Donetsk, bastion des partisans de la Russie depuis 10 ans

Elle est aujourd'hui en grande partie détruite, mais quelque 900 civils y demeurent selon les autorités locales. Moscou espère que sa capture rendra plus difficiles les bombardements ukrainiens visant Donetsk.

Zelensky en quête d'aide

A quelques jours du deuxième anniversaire de l'invasion russe, l'Ukraine est face à de multiples défis: les forces russes à l'offensive, l'aide militaire américaine bloquée, manque d'hommes, d'armes et de munitions.

Dans ce contexte tendu, Volodymyr Zelensky a commencé vendredi une tournée européenne pour obtenir la poursuite de l'aide occidentale. Il a signé à Berlin avec Olaf Scholz un accord de sécurité qualifié d'"historique" par le chancelier allemand qui a assuré sa détermination à soutenir l'Ukraine "aussi longtemps que nécessaire".

Volodymyr Zelensky doit se rendre à Paris plus tard dans la journée pour un autre accord de sécurité bilatéral et plaider en faveur d'un accroissement du soutien militaire, avant de participer samedi à la Conférence de sécurité à Munich et y rencontrer la vice-présidente américaine Kamala Harris.

T.K. avec AFP